Besoin de Paradox Managers

Au fil des saisons, les nouvelles fonctions RH poussent comme des champignons dans un sous-bois. Avec plus ou moins de pertinence. Certaines s’installent dans la durée. D’autres pas, dès lors que nous nous apercevons qu’elles sont parfaitement inutiles…

Au-delà des appellations qui répondent souvent à des tendances d’évolution de nos organisations, les fonctions émergentes doivent désormais adresser des enjeux dits transversaux. Il s’agit de sortir du petit périmètre stratégique traditionnellement dévolu aux équipes RH pour impliquer tantôt d’autres départements de l’entreprise, tantôt des partenaires externes importants. Comment nous organiser pour cela ? Voici donc notre contribution à l’inflation des nouveaux jobs dans le domaine du People Management : nous avons besoin de Paradox Managers.

Gérer les contradictions. Tel est l’enjeu. C’est la faute à la complexité du monde et à l’accélération des mutations que nous « subissons » la plupart du temps, il faut bien le dire. Notre biotope, notre environnement, notre société, nos collaborateurs sont autant de paradoxes vivants. Quelques évidences ?

Cette « foutue » génération Y, collaborative par nature grâce à son imprégnation dans les média sociaux dès la naissance, mais aussi terriblement individualiste (c’est la formule bienveillante de l’égoïsme) et pénible lorsqu’il s’agit d’entrer dans une dynamique collective… Les générations qui s’installent progressivement dans les entreprises sont en quête de propositions de sens et de valeurs… à condition que ces propositions soient en lien direct avec leurs centres d’intérêt personnel. Paradoxal, n’est-il pas ?

Reparlons-nous aussi du télétravail ici ? La réorganisation profonde de l’espace/temps consacré à l’entreprise veut répondre dans un premier temps à un souci d’amélioration de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Mais elle doit aussi représenter une solution en matière d’amélioration de la performance générale tenant compte des problématiques de mobilité et de restrictions budgétaires entre autres. Nos collaborateurs doivent donc veiller à performer davantage tout en privilégiant leur qualité de vie et leur bien-être. Paradoxal, peut-être ?

Le marché de l’emploi enfin! Nous vivons avec un taux de chômage détestable et un nombre d’emploi vacants tout aussi incompréhensible, faute de compétences adaptées nous dit-on (je n’y crois pas !). Paradoxal, non ?

Plongés dans le milieu professionnel, nous sommes programmés pour gérer l’opérationnel en privilégiant la raison. Il n’était pas prévu à l’origine que nous ayons à arbitrer en permanence les contradictions et complexités du monde qui nous entoure. Il suffisait d’être binaire.

La gestion de ces paradoxes devient une discipline à part entière. Cela commence par la compréhension de nos sociétés et le décodage des phénomènes qui impactent l’entreprise. Anticiper. Cela passe ensuite par la construction des arguments et des réponses originales que nous pouvons donner pour composer avec ces oppositions d’idées. Inventer. Cela dépend enfin de la capacité à partager avec l’ensemble de nos collègues une vision du futur qui intègre la complexité environnante et développe les esprits critiques et constructifs. Communiquer.

Au diable donc les fonctions réparatrices que nous imaginons pour réparer les dégâts causés par l’incompréhension et la perte de repères ainsi que les conflits qu’elles génèrent. Place aux paradox managers.

Jean-Paul ERHARD

Humeur – p66 – Peoplesphere n°195 – Fin mai 2015. Pour rejoindre la communauté des lecteurs réguliers de Peoplesphere, abonnez-vous ici : https://peoplesphere.be/fr/abo

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