« Il n’est pas interdit de faire grève, mais cela a des conséquences », explique Marc Lambotte, CEO d’Agoria. « C’est le client qui décide s’il va se tourner vers nos magasins et nos entreprises pour ses achats. À l’heure actuelle, nous perdons des clients tant en Belgique qu’à l’étranger en raison de notre problème de compétitivité, ce qui se traduit par des pertes d’emploi. Travailleurs et employeurs feraient mieux désormais d’unir leurs forces pour résoudre ce problème de compétitivité, convaincre à nouveau les clients et créer de nouveaux emplois. »
L’an dernier, rien que dans l’industrie technologique, les différentes fermetures d’entreprises et restructurations ont coûté l’emploi de 6 100 personnes. Et lors du premier semestre de cette année, pas moins de 3 000 travailleurs supplémentaires se sont retrouvés sur le carreau. Comme le souligne la fédération, « il est de notoriété publique que notre pays est le champion des charges salariales. Mais on avance souvent que ces coûts élevés sont compensés par notre meilleure productivité. Malheureusement, nos concurrents nous rattrapent sur ce terrain. Afin de pouvoir séduire de nouveaux clients, il est donc impératif d’aborder le problème des coûts élevés et de réduire le fossé entre salaire brut et salaire net. Notre handicap historique en matière de charges salariales vis-à-vis de nos trois pays voisins et principaux partenaires commerciaux s’élève à 16,5 pour cent. Et ce, sans parler de la différence avec des pays d’Europe du sud, comme l’Espagne, qui attirent de plus en plus de clients en dehors de nos frontières. Il semble peu réaliste de parvenir à éradiquer notre handicap salarial uniquement au cours de cette législature. Toutefois, si ce gouvernement arrivait à le réduire ne serait-ce que de cinq à sept pour cent, cela constituerait une différence majeure. Un tel signal remettrait en effet notre pays sur la carte des investisseurs internationaux, engendrant ainsi de nouveaux investissements de la part des entreprises et la création d’emplois. »
Qui sont les victimes des grèves ?
Les grèves ne semblent pas être une solution constructive, compte tenu de l’importance de l’exportation dans les performances de nos entreprises. Agoria prétend au contraire: « Elles entraînent un retard dans les livraisons, ce qui ternit notre réputation auprès des clients. Résultat, en plus de pratiquer des prix supérieurs, nous véhiculons l’image d’entreprises peu fiables. N’oublions pas non plus que les grèves coûtent énormément d’argent. La facture des actions syndicales menées en novembre et décembre pourrait ainsi atteindre plus de 2 milliards d’euros. Cela équivaut à 400 millions d’euros de revenus en moins pour notre sécurité sociale. Signalons enfin que la perte économique et l’impact sur la croissance frapperont surtout de plein fouet les personnes les moins qualifiées. Les premières victimes du manque de croissance sont en effet les ouvriers qui travaillent dans l’industrie manufacturière orientée vers l’exportation. Si nous voulons protéger ces emplois, nous devons surtout améliorer la position concurrentielle de nos entreprises à l’échelle internationale. »
Par le biais de sa campagne « Pourquoi la grève? », Agoria entend attirer l’attention sur la situation épineuse dans laquelle notre pays se retrouve piégé. « Nous devons briser ce cercle vicieux et avancer ensemble, main dans la main. Certes, cela peut impliquer que nous devions tous fournir des efforts avant de pouvoir à nouveau renouer avec la croissance. Mais c’est nécessaire. Nous invitons les partenaires sociaux à collaborer et à privilégier le redressement de notre économie. Nous devons bien cela à nos 275 000 collaborateurs et aux générations futures », conclut Marc Lambotte.