La Région Bruxelloise inquiète face à la prochaine limitation de la durée des allocations de chômage.

L’impact de la réforme Arizona sur le marché de l’emploi bruxellois impose une concertation urgente des Régions selon le Cabinet du Ministre B. Clerfayt en charge de l’emploi. L’Arizona prévoit en effet de limiter la durée des allocations de chômage à deux ans dès 2025. « Une telle mesure, appliquée sans concertation et sans alternative claire, est inadaptée à la réalité du marché de l’emploi bruxellois. Plutôt que de favoriser l’emploi, elle risque d’aggraver la précarité et de désorganiser les services d’accompagnement et de formation des chercheurs d’emploi. »

Le gouvernement fédéral affiche un objectif de 80% de taux d’emploi d’ici à 2030, mais cet objectif ne peut être uniforme pour toutes les Régions. Le Conseil supérieur de l’Emploi (2022) estime que si la Belgique atteint un taux d’emploi de 80%, Bruxelles atteindra 73,4% en 2030, en tenant compte de ses spécificités régionales. Si une progression plus forte dans une région peut compenser une augmentation plus faible ailleurs, les régions en retard, comme Bruxelles, doivent fournir un effort plus important. Or, la réforme Arizona ne prévoit aucune mesure permettant de créer les emplois nécessaires à cette progression.

Former avant de sanctionner : un équilibre nécessaire

Le principal enjeu à Bruxelles est l’inadéquation entre l’offre et la demande de travail : de nombreux chercheurs d’emploi sont peu qualifiés (près de 60%), alors que les postes vacants nécessitent des compétences spécifiques. Selon Statbel (2024), Bruxelles compte 22.000 postes vacants, principalement dans des secteurs qualifiés. Pourtant, ces emplois restent inaccessibles à la majorité des chercheurs d’emploi bruxellois sans une formation adéquate, qui prend généralement entre deux et trois ans. Dans le même temps, les mesures d’incitation au travail par le rehaussement de l’écart entre le revenu du travail et les revenus de remplacement d’au moins 500€ ne sont annoncés que pour 2028 ou 2029.

C’est dans cette perspective que l’OCDE, dans sa dernière étude commandée en 2023 par le cabinet du Ministre, formule des recommandations visant à renforcer l’accès à l’emploi et à adapter les compétences des Bruxellois aux besoins du marché du travail.

Toute politique d’activation efficace doit donc articuler obligations et incitants, en garantissant un accompagnement et une formation renforcés. Prendre une mesure de sanction immédiate (qui pourrait concerner jusqu’à 44.000 chercheurs d’emplois bruxellois), sans offrir simultanément les outils nécessaires à l’insertion, est contre-productif. Cette mesure n’aura pas d’effet de hausse du taux d’emploi, mais bien du taux de pauvreté.

Des conséquences lourdes pour Bruxelles

Outre son impact direct sur les chercheurs d’emploi, cette réforme risque d’alourdir la charge des services publics régionaux. Particulièrement, le service public de l’emploi bruxellois, Actiris devra adapter ses dispositifs d’accompagnement et de contrôle, tandis que les CPAS pourraient être confrontés à un afflux de nouveaux bénéficiaires du revenu d’intégration sociale qu’on estime environ à 13.000 (soit une hausse de 28 %). Sans coordination préalable, l’effet sera inévitablement un transfert de charge vers les communes, sans amélioration significative du taux d’emploi.

Bernard Clerfayt appelle donc à une concertation immédiate avec les Régions : « La réforme Arizona doit s’adapter à la réalité bruxelloise et non l’inverse. Sans une approche coordonnée et un cadre garantissant formation et création d’emploi, elle ne fera qu’aggraver les inégalités. Il est impératif que le gouvernement fédéral engage un dialogue avec les Régions pour assurer une mise en œuvre équilibrée. »

Des réformes nécessaires à tous les niveaux

Pour assurer une activation efficace des chercheurs d’emploi, le Ministre sortant propose les mesures concrètes suivantes :

Au niveau du futur gouvernement régional :

  • Accélérer le suivi des chercheurs d’emploi en réformant le contrôle de leur disponibilité.
  • Rendre obligatoire le bilan de compétences à tout chercheur d’emploi dès son inscription chez Actiris
  • Mettre en œuvre l’obligation de formation au plus tard après un an de chômage.

Au niveau fédéral :

  • Organiser une concertation immédiate avec les Régions.
  • Assurer une mise en œuvre concomitante de la sanction (limitation allocations de chômage dans le temps) et de l’incitant (augmentation du salaire net de 500 euros)

Une activation efficace ne peut se limiter à une logique de sanction. Il est essentiel de combiner exigences et accompagnement, pour garantir à chaque chercheur d’emploi une véritable chance de retrouver une activité. Une réforme précipitée, sans coordination avec les Régions, ne résoudra pas les défis de l’emploi à Bruxelles et ne fera qu’aggraver l’appauvrissement des finances communales et des citoyens.

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