La transition vers la neutralité carbone va remodeler le marché du travail.

Les pays de l’OCDE mettent en place des programmes d’action ambitieux de lutte contre le changement climatique, dans l’objectif d’amener à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2050. La transition vers la neutralité carbone transformera en profondeur le marché du travail et l’emploi exercé par des millions de personnes.

Les effets sur l’emploi agrégé seront dans l’ensemble limités à court terme, d’après les estimations, néanmoins de nombreux emplois seront détruits avec le déclin des secteurs d’activité à forte intensité d’émissions, tandis que beaucoup d’autres seront créés avec l’essor des secteurs à faibles émissions.

Quantité d’autres, encore, seront transformés car les tâches à exécuter et méthodes de travail deviendront plus respectueuses de l’environnement. Le changement climatique aura aussi une incidence sur la demande de main-d’œuvre et les conditions de travail, principalement en raison de la hausse des températures et de la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes.

Environ 20% des actifs occupent un emploi appelé à se développer à la faveur de la transition vers la neutralité carbone

Dans la zone OCDE, 20% environ des actifs exercent une profession portée par la transition verte – autrement dit une profession qui profitera probablement de cette transition. Entrent également dans cette catégorie des emplois qui, sans contribuer directement à la réduction des émissions, assurent toutefois la fourniture de biens et de services intermédiaires indispensables à la durabilité environnementale d’autres activités. Les professions portées par la transition verte rassemblent des emplois très variés. Les nouvelles professions vertes qui émergent correspondent généralement à des emplois hautement qualifiés (directeurs, cadres de direction et gérants, professions intellectuelles et scientifiques, professions
intermédiaires) occupés par des travailleurs très qualifiés dans des zones urbaines. Les autres professions vertes sont le plus souvent exercées par des travailleurs peu qualifiés habitant en zone rurale. Les emplois les mieux qualifiés portés par la transition écologique offrent généralement une rémunération supérieure à la moyenne, tandis que les emplois les moins qualifiés sont souvent de moindre qualité en comparaison d’autres emplois de niveau équivalent et, de ce fait, manquent probablement d’attrait aujourd’hui aux yeux des travailleurs susceptibles de les occuper.

Les pertes d’emploi dans un secteur fortement émetteur sont coûteuses.

Dans les secteurs à forte intensité d’émissions, actuellement en déclin – qui représentent 80% des émissions de GES, mais seulement 7% des emplois –, les travailleurs accusent sur une période de six ans suivant leur licenciement des pertes de revenus supérieures de 24% à celles de travailleurs ayant perdu leur emploi dans un autre secteur. Cela tient à la composition des entreprises et de la main-d’œuvre dans ces secteurs : en effet, une bonne partie des tâches y sont manuelles et répétitives, et les entreprises assurent aux travailleurs une rémunération supérieure à celle que qu’ils pourraient se voir offrir ailleurs.

Les écarts entre pays dans le coût de la perte d’emploi tiennent principalement à des différences structurelles influençant à la facilité à retrouver un emploi et au fonctionnement du marché du travail. Ces différences dépendent de la présence (ou absence) de politiques du marché du travail efficaces et cohérentes destinées à faciliter les transitions professionnelles.

Les compétences exigées par les professions portées par la transition écologique sont les mêmes que celles nécessaires pour exercer un métier à forte intensité d’émissions, mais les travailleurs peu qualifiés auront davantage besoin de formation.

Les compétences les plus recherchées dans le cadre des professions portées par la transition verte sont celles liées à l’économie de la connaissance, comme l’esprit critique, la capacité de suivi, l’apprentissage actif, la résolution de problèmes complexes et la prise de décision. Qui plus est, les plus récents des emplois qui se développent du fait de la transition verte exigent des compétences encore plus élevées, et ce dans tous les domaines. Si la plupart des emplois très qualifiés dans les secteurs à forte intensité d’émissions présentent des profils de compétences très similaires à ceux d’autres professions appartenant à des secteurs à faible émissions, il n’en va pas de même des emplois peu qualifiés. Les travailleurs qui occupent ces derniers auront besoin, par conséquent, d’un effort de reconversion relativement plus
important.

Il est essentiel de prendre des mesures pour faciliter les transitions professionnelles et accompagner les travailleurs

Les responsables des politiques publiques ont à leur disposition différents moyens susceptibles de faciliter les transitions professionnelles, d’ouvrir de nouvelles perspectives et de venir en aide aux travailleurs privés de leur emploi. Outre la mise en place de dispositifs de soutien du revenu en cas de chômage, des interventions précoces auprès des travailleurs menacés de licenciement sont de nature à limiter l’incidence et les conséquences des suppressions d’emplois. Des programmes de formation appropriés doivent être mis en place pour permettre aux travailleurs de quitter une profession à forte intensité d’émissions ou d’en exercer une qui est portée par la transition verte. De tels programmes sont également nécessaires pour relever le niveau de compétences de ceux qui se voient confier des tâches nouvelles au fur et à mesure que les entreprises adoptent des processus de production durables. Les pouvoirs publics devront toutefois veiller tout particulièrement à ce que les besoins de formation soient pris en compte dans toute leur diversité. Les prestations ciblées liées à l’exercice d’un emploi, comme l’assurance salaire, peuvent venir en complément lorsque les travailleurs se voient proposer un salaire inférieur à celui qu’ils percevaient avant leur licenciement.

Les travailleurs et les ménages seront également touchés en tant que consommateurs.

Les ménages modestes et les ménages ruraux consacrent souvent une part relativement importante de leurs dépenses à l’acquisition de biens et de services dont l’empreinte carbone est plutôt élevée, car il s’agit généralement de biens et de services de première nécessité. Aussi les mesures d’atténuation du changement climatique, en augmentant le prix de ces produits, auront tendance à frapper ces ménages de manière disproportionnée, avec de fortes conséquences sur la valeur réelle de leurs revenus et salaires.

Les réformes de la tarification du carbone mises en place récemment ont d’ailleurs eu un effet régressif dans de nombreux pays. Mais réutiliser le produit de la taxe carbone sous forme de transferts aux ménages pourrait donner à ces réformes un effet progressif. Le ciblage de tels transferts en fonction des besoins des ménages est cependant crucial pour l’efficience économique du dispositif.

Source: OCDE

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