Les salaires des travailleurs belges ne pourront pas augmenter au-delà de l’indice, ni cette année, ni en 2026. Le Conseil central de l’économie (CCE) a communiqué lundi aux partenaires sociaux une marge salariale nulle pour les deux prochaines années. Comme pour les deux années écoulées d’ailleurs. Les entreprises enregistrant de bons résultats pouvaient toutefois accorder à leurs travailleurs une prime de pouvoir d’achat.
Le handicap salarial – la différence entre les coûts salariaux horaires en Belgique et dans les pays voisins – est estimé à 1% par le CCE.
Le rapport sur la marge salariale marque le début des négociations salariales. Les syndicats négocient ensuite avec les employeurs non seulement les salaires, mais aussi, par exemple, le régime de chômage avec complément d’entreprise (l’ancienne prépension) ou les réductions de travail en fin de carrière.
Les salaires pourront toutefois toujours augmenter en fonction de l’inflation. L’indexation automatique garantit en Belgique que les salaires augmentent au fur et à mesure que la vie devient de plus en plus chère. Le nouveau gouvernement De Wever a garanti ce principe dans son accord de coalition.
Les organisations syndicales ont réagi d’emblée, dénonçant des marges bénéficiaires élevées pour les entreprises, et… rien pour les travailleuses et travailleurs.
« En vertu de la loi sur la norme salariale, le secrétariat du Conseil central de l’Economie (CCE) fixe une marge salariale de 0% pour 2025-2026. Après quatre ans de gel salarial, la loi sur la norme salariale empêche les travailleurs et travailleuses de récolter les fruits de la croissance économique pour deux années supplémentaires. Pourtant, la rentabilité des entreprises reste supérieure à sa moyenne historique après avoir atteint un sommet en 2022. Cette moyenne élevée montre qu’il existe une marge d’augmentation salariale dans de nombreux secteurs. La loi empêche toutefois les secteurs de négocier des augmentations salariales qui suivent l’augmentation de la productivité. »
Les syndicats contestent le calcul de l’écart salarial entre la Belgique et les pays voisins et avancent que ce chiffre est manipulé.
« Dans la fixation du fameux « handicap du coût salarial », le CCE ne tient pas compte des mesures qui réduisent les coûts salariaux des employeurs : les réductions de cotisations patronales et les subventions salariales ne sont pas prises en compte. Si le calcul était effectué correctement, on verrait que la Belgique présentait, en 2023, un avantage salarial de 2,4% par rapport à ses voisins. Une réalité qui contraste avec le tableau biaisé que la loi sur la norme salariale tente d’imposer ! Depuis 1996, les salaires belges ont suivi une croissance de 2,4% inférieure à l’évolution des salaires dans les pays voisins. »
Une latitude pour négocier
Et de poursuivre: « Pouvoir négocier une réelle marge permettrait d’apporter une bouffée d’oxygène aux travailleurs et travailleuses, en particulier celles et ceux aux revenus les plus modestes. Ce sont eux qui sont les plus affectés par l’augmentation des coûts, étant donné que les produits dont les prix ont le plus augmenté, comme l’énergie, la nourriture et le logement, représentent une part plus importante de leurs dépenses. Le fait que la loi sur la norme salariale ne laisse aucune latitude pour des négociations salariales est regrettable car le marché du travail reste tendu. Normalement, cette tension devrait au minimum conduire à une amélioration des salaires pour les profils rares. »
Source: Belga – Front commun syndical CSC-FGTB-SGSLB