Comment expliquer cette apparente contradiction? Par la croissance de la population active que le marché du travail n’arrive à absorber complètement. Au final, malgré une légère hausse du nombre de chercheurs d’emploi inscrits chez Actiris, le taux d’emploi augmente pour la deuxième année consécutive et a atteint un niveau historique en 2023.

En 2023, il y avait en moyenne 88.979 chercheurs d’emploi inscrits chez Actiris, une augmentation de +2.730 personnes (+3,2%) au total. Sur une plus longue période ce nombre diminue sensiblement : -20.450 personnes (-18,7%) depuis 2013. ​ Le taux d’emploi augmente pour les 3 premiers trimestres de l’année, pour atteindre son plus haut niveau jamais atteint de 66,5%.

Sur base des chiffres disponibles pour les trois premiers trimestres de 2023, Actiris observe une tendance positive pour le taux d’emploi à Bruxelles : 66,5% des personnes âgées de 20 à 64 ans étaient à l’emploi en 2023, 65,2% pour les 3 premiers trimestres de 2022. C’est le taux d’emploi le plus haut jamais observé depuis la création de la Région Bruxelles-Capitale, en 1989.

Le taux de chômage atteint quant à lui 14,7%, une augmentation de +0,5% par rapport à 2022. Pour rappel, le taux de chômage est le pourcentage des personnes faisant partie de la population active qui sont au chômage. La population active est la population en âge de travailler et qui travaille ou est en recherche d’emploi. Les inactifs, qui ne sont donc pas repris dans le calcul du taux de chômage, sont les personnes âgées de 15 ans ou plus qui ne sont ni en emploi ni au chômage (étudiants, retraités, entre autres).

Cette situation d’augmentation simultanée de l’emploi et du chômage en 2023 peut sembler paradoxale. Elle s’explique par une croissance importante de la population active (les personnes qui sont soit à l’emploi soit à la recherche d’un emploi). Il y a plus de personnes sur le marché du travail et donc plus de chômeurs, malgré l’augmentation du nombre de personnes à l’emploi. En d’autres mots, l’augmentation du nombre de personnes à l’emploi n’a pas réussi à compenser l’augmentation du nombre de chercheurs d’emploi en 2023.

« La situation du marché de l’emploi bruxellois a été très paradoxale en 2023. Il y a du positif avec un taux d’emploi qui augmente ce qui reflète tout le travail effectué par les équipes d’Actiris au quotidien. Mais il nous faut aussi redoubler d’efforts pour continuer à mettre à l’emploi, de façon durable, un maximum de personnes notamment au niveau des publics plus fragilisés que sont les jeunes et les chômeurs de longue durée. » explique Cristina Amboldi, directrice générale d’Actiris.

« Le taux d’emploi continue sa progression ! Et ce, malgré le ralentissement conjoncturel qui nous frappe. Mais en même temps, le nombre de Bruxellois en recherche d’emploi et qui s’adressent à Actiris augmente, notamment les jeunes. Pour eux, et pour tous les Bruxellois en quête d’emploi, nous déployons le bilan de compétences linguistiques et numériques, nous les accompagnons et nous leur donnons accès gratuitement à des formations. Il n’y a pas de recette miracle mais disposer de compétences reste indispensable pour s’insérer durablement dans l’emploi », insiste Bernard Clerfayt, Ministre bruxellois de l’Emploi.

Evolution du nombre de chercheurs d’emploi en moyenne de 2010 à 2023

Après une longue période de diminution du chômage entre 2014 et 2020, les différentes crises successives survenues (crise sanitaire, crise énergétique et la forte inflation) ont impacté défavorablement l’évolution des chiffres du chômage. Toutefois, l’évolution du nombre de chercheurs d’emploi en 2023 reste positive par rapport à la situation d’il y a 5 ou 10 ans.

La détérioration des chiffres du chômage en 2023 par rapport à 2022 s’explique principalement par la conjonction des 4 éléments suivants :

1. La détérioration de la conjoncture économique qui entraîne une diminution de la demande de main d’œuvre. Actiris observe une diminution des offres d’emploi directement reçues par ses services (hors intérim) de -13,5% en 2023.

2. Plus de jeunes sont venus s’inscrire en 2023 après leurs études : Actiris observe une hausse de 7,7% par rapport à 2022, de 24,8% par rapport à 2021 (durant la crise sanitaire) et de 15,9% par rapport à 2019 (situation pré-covid). Cette augmentation des inscriptions des jeunes en 2023 s’explique en partie par le fait que de nombreux jeunes qui auraient dû finir leurs études en 2020 ou en 2021 ont décidé de les prolonger à cause de la crise sanitaire et se sont inscrits pour la première fois soit en 2022 ou encore en 2023 auprès d’Actiris. Cette hausse des jeunes venus s’inscrire après leurs études explique en partie la hausse annuelle des jeunes inscrits en stage d’insertion professionnelle (+14,2%).

3. Un nombre d’inscriptions marquée d’Ukrainiens en 2023. Actiris enregistre en moyenne annuelle 1.951 Ukrainiens inscrits comme chercheurs d’emploi en 2023 alors que ce chiffre était de 849 personnes en 2022 et de 94 personnes en 2021. Actiris note ainsi une hausse annuelle de 1.102 chercheurs d’emploi de nationalité ukrainienne par rapport à 2022 (+130%). Cette hausse représente environ 40% de la hausse des chercheurs d’emploi observée en 2023. ​ Sans compter les chercheurs d’emploi de nationalité ukrainienne, Actiris aurait enregistré une hausse des chiffres du chômage de 1,9% (à la place de +3,2%).

​4. Une modification de la durée de validité d’inscription des chercheurs d’emploi bénéficiaires du CPAS. Depuis février 2023, suite à une modification de la procédure d’inscription de ces chercheurs d’emploi, la durée moyenne de validité d’inscription de ces derniers est passée de 3 mois à 6 mois. Cette modification dans la procédure d’inscription a engendré une hausse très marquée des chercheurs d’emploi inscrits dans cette catégorie, soit une hausse annuelle de 42% tandis que les chercheurs d’emploi bénéficiant d’une allocation de chômage connaissent toujours une baisse de 3,6%. Sans cette modification concernant la durée de validité d’inscription, la hausse annuelle des chiffres du chômage est estimée à 1,1% à la place de 3,2%.

Caractéristiques des chercheurs d’emploi bruxellois

Actiris constate une diminution de -3,6% (-1.900 personnes) du nombre de chercheurs d’emploi bénéficiaires d’une allocation et une augmentation du nombre de jeunes en stage d’insertion professionnelle (+774 personnes, +14,2%). Le nombre des autres chercheurs d’emploi a augmenté de +13,9% (+3.856 personnes).

Le nombre de chercheurs d’emploi depuis moins d’un an est en augmentation de +10,0% (+3.166 personnes). Les personnes en recherche d’emploi depuis 1 à 2 ans sont en augmentation de +0,6% (+73 personnes). Les chercheurs d’emploi de longue durée (+2 ans) sont en diminution de -1,2%, soit -510 personnes.

Le nombre de chercheurs d’emploi de moins de 25 ans est en augmentation de +9,7% (+839 personnes). La catégorie des 25-49 ans augmente également de +3,9% soit +2.089 personnes. Une diminution de la catégorie des 50 ans + est à noter : -0,8% soit -199 personnes personnes.

Concernant le niveau d’études, toutes les catégories augmentent : +3,4% (+1.796 personnes) pour les chercheurs d’emploi faiblement qualifiés, +1,5% (+268 personnes) pour les personnes moyennement qualifiées et +4,5% ​ (+666 personnes) pour la catégorie hautement qualifiée. ​

Source : Actiris – viewstat.actiris.brussels.