Plus sournois et coûteux que l’absentéisme, le présentéisme semble être le nouveau fléau des bureaux. Ce terme, apparu en Amérique du Nord, évoque des salariés très-trop- présents physiquement, mais pas productifs pour autant. Champions des heures supplémentaires, au bureau même malades, les présentéistes ne permettent pourtant pas à l’entreprise d’évoluer positivement.

Qui sont-ils ?

Considéré parfois comme l’inverse de l’absentéisme, le présentéisme recouvre une réalité plus subtile et plus diverse. Selon l’Association nationale française pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), trois définitions coexistent. D’abord, ce terme évoque une présence « paradoxale » sur le lieu de travail, sans engagement et sans être complètement en possession de ses moyens. On parle alors de démission intérieure. Ce terme s’applique aussi aux personnes présentes de manière excessive au travail qui, à force de dépasser les horaires ou de travailler les soirs et week-ends, n’ont plus de frontière entre vie privée et professionnelle. Enfin, le présentéisme fait aussi allusion aux personnes en mauvaise santé qui continuent de venir travailler par peur de perdre leur emploi ou par solidarité avec leurs collègues qui pourraient se retrouver avec une surcharge de travail.

Conséquences sur la productivité

Dans nos sociétés, où la culture de la présence excessive est forte, les entreprises se focalisent souvent sur les absences comme indicateur de santé et de qualité de vie au travail. Pourtant, Thierry Rousseau, chargé de mission du département Changements technologiques et organisationnels de l’Anact, précise : « Dans des organisations caractérisées par de forts contenus technologiques, l’automatisation et les rapports de service, la performance ne repose que partiellement sur la présence effective des personnes. Un salarié faisant preuve de présentéisme serait même moins productif »

Quel coût pour l’entreprise ?

L’étude menée en France et conduite par le chercheur Matthieu Poirot, expert en qualité de vie, montre que si le taux d’absentéisme en France était de 4,53% en 2012, le taux théorique de présentéisme était lui compris entre 6,34% et 9% de la masse salariale. En coût caché, le présentéisme représenterait donc entre 2,67% et 4,86% de la masse salariale, soit entre 13,7 et 24,95 milliards d’euros par an.