Comme bon nombre d’entre nous certainement, j’ai passé cette funeste journée du 22 mars 2016 connecté sans interruption à la fois sur les ondes et sur les réseaux sociaux. A force d’osciller entre l’effondrement et l’incrédulité, je n’ai pas pu m’empêcher de ressentir une terrible angoisse.

Ce n’est pas de celle d’être victime un jour ou l’autre de cette violence aveugle qu’il s’agit. Non. Si cela doit arriver, soit! Nous partirons avec autant d’élégance et de discrétion que possible.

En fait, je n’ai pas pu m’empêcher de trembler face au simple constat que nos enfants doivent vivre avec ça. Je pense évidemment à ma fille qui montre toujours un bel aplomb et qui au fond redoute de traverser une rue où ‘traînent’ des gens ‘différents’. Je pense aux enfants qui étaient simplement à l’école ce mardi et à qui il faut expliquer la situation. Je pense à nos enfants qui doivent donc vivre avec ça…

Quelle est la probabilité qu’ils évoluent demain dans un monde qui aura effectivement répondu à la barbarie par davantage d’humanité, de solidarité et d’amour? Comment allons-nous les aider à comprendre qu’il n’y a pas de meilleur moyen que d’être ensemble si nous voulons éviter d’alimenter la spirale de la peur? Comment pourront-ils croire que c’est dans la curiosité, la découverte et le plaisir à partager avec les autres que l’on peut devenir meilleur?

« Restez chez vous! Evitez de prendre la route! Ne téléphonez pas! Reportez vos déplacements à l’étranger! Ne traversez pas les frontières… » Toutes les recommandations sécuritaires d’usage nous invitent au repli sur soi… et nous rappellent que nous avons le monde virtuel et les réseaux sociaux pour rester en relation avec ceux que nous aimons. Allons…

Notre rôle, en tant qu’experts affirmés ou en devenir en matière de relations humaines, consistera demain à expliquer à nos pairs – en commençant par nos enfants évidemment – que rien n’est possible si nous ne sommes pas ensemble, les uns avec les autres, unis et différents… Une compétence-clé, requise pour toutes celles et tous ceux qui décident de vivre en société et de participer à celle-ci, est en danger aujourd’hui. A nous la charge de ré-apprendre au plus grand nombre à faire le premier pas, celui qui ouvre la voie de la conversation. Faute de quoi, nos enfants vivront dans un profond silence qui ne sera dérangé qu’une fois par trimestre par l’enchaînement meurtrier de quelques explosions assassines… Courage donc !

Jean-Paul Erhard