La présentation du rapport annuel 2018 de la Banque Nationale a permis à son nouveau gouverneur, Pierre Wunsch, de délivrer ses louanges au gouvernement en affaires courantes et à rappeler que malgré l’excellente santé du processus de création d’emplois, il n’y a pas de gains de productivité suffisants pour que nous soyons en mesure d’offrir la croissance salariale que revendiquent les syndicats.
L’info de l’année en quelque sorte, c’est la dynamique de création d’emplois, comme le rappelle Pierre Wunsch auprès de la RTBF : « Pour moi, dit-il, c’est effectivement l’élément le plus important de ce rapport. L’économie a belge a créé à peu près 200.000 emplois ces dernières années, environ 60.000 l’année passée. C’est donc » la « bonne nouvelle de 2018. C’est important parce que la Belgique a connu pendant de nombreuses années un taux de chômage élevé et nous revenons maintenant à un niveau de chômage qu’on n’avait plus connu depuis les années ’70. C’est une très belle réalisation. La politique qui a été menée par le gouvernement ces dernières années a contribué à augmenter, à améliorer l’intensité de la création d’emplois. On parvient à ramener sur le marché du travail des gens qui en avaient été longuement exclus. Le gouvernement a joué à la fois sur le côté offre et le côté de la demande, en revalorisant les bas salaires au travers du ‘tax shift’ et en réduisant les coûts pour les employeurs. Il est difficile d’estimer exactement quel est l’impact de cette politique sur la création d’emplois, mais elle a certainement contribué aux bonnes nouvelles sur le front de l’emploi. »
Des gains de productivité relativement faibles.
Il faut toutefois modérer cet optimisme comme le rappelle le nouveau gouverneur de la BNB. « Mais à terme, cette dynamique de l’emploi risque aussi de peser – à la baisse – sur les gains de productivité… Ces dernières années, les gains de productivité ont été relativement faibles. Or, sans gains de productivité, il n’y a pas de place pour les augmentations de salaires, il devient plus difficile de payer les pensions, d’assurer le service de la dette publique. »
La rédaction de la RTBF contextualise la situation: « Contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, la baisse du chômage n’a pas eu d’impact sensible sur la consommation globale des ménages. Elle a continué à s’essouffler en 2018 alors qu’effectivement, la situation générale de l’économie et de l’emploi s’améliorait. Certes, la consommation des ménages a augmenté + 0,8% mais le revenu disponible des ménages a lui augmenté de 3,1%. »
Mais le paradoxe n’est qu’apparent selon Pierre Wunsch : « Pendant la crise et un petit peu après, rappelle-t-il, quand les développements salariaux étaient réduits, les gens ont consommé plus que l’augmentation de leurs revenus en utilisant une partie de leur épargne pour financer leurs dépenses de consommation. Le taux d’épargne des ménages a donc baissé. Mais maintenant, on voit l’inverse : les gens reconstituent leur épargne. En soi, le fait que les gens recommencent à épargner n’est pas un phénomène préoccupant même s’il est vrai que les nouvelles économiques en provenance de l’étranger ont été mauvaises au cours des derniers mois (incertitudes autour du Brexit, la situation en Italie, les tensions commerciales avec l’administration Trump…) et ces nouvelles ont eu un impact négatif sur la confiance des ménages. »
Source : RTBF