Les personnes en situation de handicap physique ou mental sont de plus en plus nombreuses à se frayer un chemin jusqu’au marché du travail régulier. Aujourd’hui, c’est le cas de 1 travailleur sur 369 (0,27%), soit une hausse de 14,8% par rapport à un an auparavant. Par ailleurs, Bruxelles et la Wallonie occupent proportionnellement bien plus de personnes atteintes d’un handicap que la Flandre. En outre, les PME de plus petite taille obtiennent en moyenne de meilleurs résultats que les grandes entreprises en la matière.
C’est ce qu’il ressort d’une enquête de l’entreprise de services RH Acerta sur la base des données de plus de 40 000 entreprises privées. « Pour sortir gagnantes de la guerre des talents et atteindre un taux d’emploi de 80%, les entreprises misent de plus en plus sur la diversité. Elles ne peuvent plus se permettre de laisser des talents inexploités sur le carreau », selon Acerta.
Les personnes en situation de handicap physique ou mental n’ont jamais été aussi nombreuses qu’aujourd’hui sur le marché de l’emploi régulier. À la fin de l’année 2023, 1 travailleur sur 369 (soit 0,27%) était concerné dans les entreprises belges (à l’exclusion des entreprises de travail adapté). En 2022, ce pourcentage s’élevait à 0,24%, soit une augmentation de près de 15% en l’espace d’un an.
Donatienne Knipping, experte juridique: « En ces temps de pénurie persistante de main-d’œuvre, la logique veut que les entreprises abordent le marché de l’emploi avec un regard encore plus inclusif. Si nous souhaitons, en tant que société, atteindre un taux d’emploi de 80 %, nous ne pourrons exclure personne. Les entreprises ne peuvent donc tout simplement plus se permettre de laisser des talents inexploités sur le carreau. Par ailleurs, un handicap n’entrave en aucun cas l’intégration sur le lieu de travail. En prenant quelques mesures simples, les employeurs peuvent permettre aux personnes atteintes d’un handicap physique d’effectuer les mêmes tâches que les travailleurs qui ne présentent pas de handicap. En outre, les entreprises qui embauchent une personne handicapée peuvent bénéficier de plusieurs aides. Les derniers chiffres indiquent donc une tendance positive en matière d’opportunités d’emploi pour les personnes en situation de handicap. C’est cette évolution que nous devons maintenir et, mieux encore, accélérer. »
Bruxelles et la Wallonie, de meilleurs élèves que la Flandre
Le taux d’occupation des personnes en situation de handicap diffère également en fonction de la région. En Wallonie, ce taux s’élève à 0,38%, ce qui représente une légère baisse par rapport à l’année précédente (-3,16%). Dans les entreprises bruxelloises, ce pourcentage atteint 0,51%, soit une augmentation de pas moins de 45,96% en un an. Les entreprises wallonnes et bruxelloises emploient proportionnellement beaucoup plus de personnes handicapées que les entreprises flamandes. Le taux y est en effet de 0,20%, ce qui représente également une hausse de 8,65% par rapport à l’année précédente.
Différences par secteur
Non seulement les différences régionales sont importantes, mais les chiffres varient également en fonction du secteur. Les secteurs chimique, pharmaceutique et de l’énergie sont ceux qui occupent le plus de travailleurs avec un handicap. En 2023, le taux d’emploi des personnes handicapées y était en effet de 0,68%. Ces trois secteurs sont également ceux qui ont connu l’augmentation la plus importante (+ 781%). Avec 0,31%, l’horeca se situe quant à elle au-dessus de la moyenne nationale. Dans le secteur des services et de la finance, le taux (0,28%) dépasse tout juste la moyenne nationale, bien que l’occupation des personnes en situation de handicap semble y stagner. Avec une hausse de 26,66%, l’industrie métallurgique et manufacturière s’est nettement améliorée en la matière l’année dernière. Le taux d’emploi des personnes handicapées dans le non marchand, la construction, la logistique et le transport est toutefois inférieur à la moyenne. Et enfin, on retrouve le commerce de gros et de détail (0,18%) en bas du classement.
Donatienne Knipping explique : « Dans certains secteurs, les difficultés liées à l’embauche d’une personne souffrant d’un handicap physique ou mental peuvent être plus importantes que dans d’autres. Par ailleurs, nous constatons que dans certains secteurs, les employeurs ignorent encore trop souvent comment accueillir sereinement ces personnes. Aujourd’hui, les personnes qui présentent un handicap sont souvent écartées au cours du processus de sélection parce que l’employeur estime que l’effort financier est trop important. Or, en pratique, ce n’est souvent pas le cas. Et pour les investissements spécifiques plus importants, des subsides sont également prévus afin d’éliminer le surcoût que cela représente pour l’entreprise. »
Un taux plus élevé de personnes en situation de handicap dans les (plus) petites entreprises
Autre constat : les (plus) petites entreprises embauchent proportionnellement plus de personnes handicapées que les grandes. En 2023, les entreprises de moins de 20 travailleurs comptaient en effet, en termes de pourcentages, beaucoup plus de personnes atteintes d’un handicap que les grandes entreprises. Le taux le plus élevé se trouve dans les plus grandes PME, qui comptent entre 50 et 100 travailleurs. 0,6 % des travailleurs y sont des personnes en situation de handicap.
Donatienne Knipping conclut : « Dans les plus petites organisations, les interactions avec les collaborateurs et entre eux sont sans doute un peu plus personnelles, ce qui permet un accompagnement plus individuel des personnes qui souffrent d’un handicap. Les fonctions y sont généralement moins strictement définies et les tâches peuvent donc être plus facilement réparties de manière différente si cela s’avère nécessaire. L’accès des personnes handicapées au travail régulier devrait être une évidence. Les employeurs ne doivent pas hésiter à se montrer plus ouverts à cet égard. Les subsides pour les adaptations éventuelles peuvent aider, bien sûr, mais il doit avant tout s’agir d’un changement de mentalité, tant chez les employeurs que chez les travailleurs. Nous devrions davantage nous concentrer sur la recherche de talents, et le handicap d’une personne ne devrait pas être un obstacle à l’embauche de ces talents. »
Source: les données recueillies et anonymisées se basent sur les données réelles d’un ensemble de 260 000 travailleurs occupés auprès de plus de 40.000 employeurs du secteur privé auquel appartiennent aussi bien des PME que des grandes entreprises, entreprises de travail adapté exclues. L’analyse décrit l’évolution du taux d’occupation des personnes atteintes d’un handicap physique ou mental sur la base de mesures effectuées le 31 décembre entre 2018 et 2023 et se rapporte aux contrats à durée déterminée et indéterminée. Au vu de la diversité des secteurs, des régions, des sexes, des âges et autres caractéristiques, nous pouvons considérer que l’ensemble des données étudiées est représentatif du marché belge du travail.