Malgré la conjoncture plutôt défavorable, le nombre de chômeurs temporaires dans notre pays est resté relativement stable au cours de l’année dernière. C’est ce que révèlent l’analyse de données réelles de plus de 250.000 ouvriers en service auprès de plus de 40.000 entreprises privées. Le chômage temporaire est particulièrement élevé dans le secteur de la construction : 4,73%, soit le niveau le plus élevé de ces trois dernières années.
Dans l’industrie métallurgique et manufacturière, ce sont près de 4,5 % des heures de 2024 qui n’ont pas été prestées pour cause de chômage temporaire.
Le chômage temporaire reste stable dans tous les secteurs
En 2024, un nombre record d’emplois ont été supprimés à la suite de licenciements collectifs dans notre pays, un symptôme patent de notre économie chancelante. Or, selon une étude menée par Acerta, la conjoncture économique ne semble pas entraîner d’augmentation du chômage temporaire. Le nombre de chômeurs temporaires, tous secteurs confondus, s’est en effet stabilisé pour atteindre son niveau d’avant la pandémie de coronavirus. Certains secteurs font toutefois exception à la règle. C’est le cas, par exemple, du secteur de la construction, où 4,73% des heures ouvrables n’ont pas été prestées en 2024 pour cause de chômage temporaire. Cela représente une hausse de 5,5% par rapport à l’année précédente et d’environ 20% par rapport à 2022. Le nombre de chômeurs temporaires dans la construction n’a donc jamais été aussi élevé depuis trois ans.
Cependant, ce n’est pas le seul secteur concerné par cette recrudescence du chômage temporaire ces dernières années : l’industrie métallurgique et manufacturière est également touchée. Dans ce secteur, 4,46% des heures ouvrables n’ont pas été prestées pour cause de chômage temporaire, soit une augmentation de 36,8% par rapport à 2023. L’horeca, qui avait été le plus violemment ébranlé par le coronavirus, compte aujourd’hui parmi les meilleurs élèves. En 2024, le niveau y est redescendu à 0,52%. Il est donc légèrement inférieur à celui d’avant la crise de 2019 (0,54%). Le secteur de la logistique et du transport, quant à lui, n’est toujours pas revenu à son niveau de 2019. Néanmoins, le chômage temporaire y est relativement limité (1,28%) et s’avère plutôt stable depuis trois ans.
Laura Couchard, experte juridique chez Acerta, explique : « Le chômage temporaire est un système conçu pour faire face à une baisse temporaire du volume de travail et éviter ainsi de multiples licenciements et embauches successifs, car force est de constater qu’il s’agit d’une situation coûteuse et incertaine pour les employeurs comme pour les travailleurs. Nous pouvons nous réjouir qu’un tel système existe, mais il est important que son utilisation demeure exceptionnelle. Les chiffres de la construction, ainsi que ceux de l’industrie métallurgique et manufacturière, sont à surveiller de près. Plus tôt, la fédération de la construction Embuild avait d’ailleurs indiqué que les carnets de commande du secteur étaient moins remplis que d’habitude et que les perspectives s’assombrissaient. Nous constatons également que le secteur de la construction est bien représenté dans le type de chômage temporaire “intempéries”. En effet, les ouvriers du secteur sont souvent amenés à interrompre leur travail par temps froid ou humide. Cette particularité peut expliquer en partie le taux élevé de chômage temporaire dans ce secteur. Le secteur manufacturier a également connu de nombreux licenciements collectifs dans notre pays l’année dernière. Il sera intéressant de voir comment le nouveau gouvernement envisage de stimuler l’emploi dans ces secteurs. »
Source: Acerta – ette enquête est basée sur les données réelles de quelque 250.000 ouvriers sous contrat à durée indéterminée en service auprès d’environ 44.000 employeurs du secteur privé. L’échantillon reflète le marché du travail du secteur privé en Belgique en ce qui concerne le statut, le genre, l’âge, le régime de travail, la région et la taille des entreprises.