Coûts salariaux et compétitivité: la part salariale a diminué par rapport à son niveau d’il y a dix ans en Belgique.

La Belgique se distingue par des coûts salariaux relativement élevés et par le système d’indexation automatique, qui vise à protéger les salaires des effets de l’inflation. Pourtant, la « part salariale », c’est-à-dire la part de la valeur ajoutée de l’économie consacrée à la rémunération des travailleurs, s’affiche en recul en Belgique depuis 2013, alors qu’elle est restée stable dans la zone euro au cours de la même période. Cette baisse a été généralisée à travers les branches d’activité.

La valeur ajoutée est souvent comparée à un « gâteau économique » que l’on répartit entre le travail et le capital. La « part salariale » est le morceau du gâteau qui revient au travail. Il est important de noter que ce concept reflète plutôt le coût salarial pour l’employeur que le montant net finalement perçu par le travailleur.

Politique de modération salariale et réduction des cotisations patronales

La contraction de la part salariale depuis 2013 tient tout d’abord à une augmentation de la productivité qui n’a pas été suivie d’un relèvement équivalent de la rémunération horaire réelle. Cela peut s’expliquer, entre autres, par la politique de modération salariale (par exemple, le saut d’index en 2015) et par la réduction des cotisations patronales depuis 2013. Le gouvernement a en effet introduit diverses mesures afin de comprimer la croissance des coûts salariaux des entreprises. En outre, le système de norme salariale en Belgique limite la marge pour des hausses de salaires au-delà de l’indexation.

Glissements économiques entre les secteurs

La part salariale peut également être analysée au niveau des branches d’activité. Cette analyse révèle qu’environ un tiers de la diminution de la part salariale observée en Belgique entre 2013 et 2023 est due au fait que le poids de certains secteurs s’est modifié ; c’est ce que l’on appelle les effets composition. L’industrie pharmaceutique a par exemple gagné en importance ces dernières années. Ce secteur, qui se caractérise en général par une plus grande intensité en capital et par une part salariale plus faible, a vu celle-ci reculer encore davantage. En raison de la valeur ajoutée élevée de ce secteur, cette part salariale plus faible prend un poids relativement plus important pour l’ensemble de l’économie.

Toutefois, la majeure partie (deux tiers) du recul de la part salariale est attribuable à son tassement au sein de chaque secteur (c’est-à-dire indépendamment des effets de composition), et en particulier dans les services marchands.

Rôle accru des entreprises présentant une faible part salariale

Au niveau des entreprises, nous constatons que la production s’est en partie déplacée vers les firmes qui présentent une part salariale plus faible: celles situées dans les centiles inférieurs en la matière représentaient une part plus importante de la valeur ajoutée en 2022 qu’en 2013.

L’analyse au niveau des entreprises est aussi révélatrice de l’hétérogénéité. Si la part salariale s’est repliée par rapport à 2013, seule un peu moins de la moitié des entreprises en ont enregistré une diminution au cours de cette période. En effet, l’évolution de ce paramètre est largement déterminée par les plus grandes firmes, qui ont non seulement fait état d’une baisse relativement importante de leur part salariale depuis 2013, mais ont également gagné en importance dans la valeur ajoutée totale.

Incidence potentielle sur le PIB et sur le financement public

Le revenu du travail est un déterminant important de la consommation des ménages. Une érosion de la part salariale peut donc entraîner des conséquences sur la composition du PIB, pénalisant la consommation des ménages. En revanche, elle tend à stimuler les investissements des entreprises.

Une régression de la part salariale est aussi associée dans la littérature à une plus grande inégalité, bien que cette hypothèse ne se vérifie pas dans le cas de la Belgique. Au contraire, les indicateurs de l’inégalité des revenus en Belgique suggèrent que l’inégalité a diminué au cours de la dernière décennie, malgré l’affaiblissement de la part salariale. La réduction du taux de chômage y a vraisemblablement contribué.

Enfin, la baisse de la part salariale influe également sur les recettes publiques. En effet, une moindre part du « gâteau économique » revient alors au travail, alors que les revenus du travail constituent la base fiscale la plus lourdement imposée.

 

Source: Banque Nationale de Belgique

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