Plus de la moitié des employeurs européens (55%) s’engagent à intégrer la durabilité dans leur stratégie RH ; en Belgique, cela descend à 47%. Près des trois quarts des employeurs belges (70%) estiment également que leur image vis-à-vis de la durabilité est crédible. Les travailleurs sont, quant à eux, davantage critiques : seuls 58% jugent crédibles les messages de leur employeur sur la durabilité.
La pression pour présenter des résultats crédibles augmente, alors que la Europese Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) impose à de nombreuses entreprises de rendre compte publiquement de leur politique de durabilité. SD Worx examine notamment dans quelle mesure la durabilité figure à l’agenda RH. Plus de la moitié des employeurs européens (55%) s’engagent pour une stratégie RH durable. Le sujet est particulièrement prioritaire au Royaume-Uni (68%), en Irlande (68%) et en Roumanie (65%). Dans des pays comme l’Allemagne et la Belgique (tous deux à 47%), ce n’est (pour l’instant) pas encore le cas.
Visibilité de l’engagement des employeurs en matière de durabilité
Les employeurs affichent de plus en plus publiquement leurs ambitions durables. Près des trois quarts (74%) des employeurs européens se présentent publiquement comme durables dans la manière dont ils traitent leurs collaborateurs. En Roumanie (92%), en Norvège (85%) et en Irlande (81%), cela se remarque le plus, tandis que la Finlande (46%) ferme la marche. La Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne se situent entre les deux, avec deux employeurs sur trois (64%).
De leur côté, les travailleurs perçoivent moins clairement cette communication externe. En effet, seuls 57% des travailleurs belges estiment que leur employeur adopte également une posture durable à l’extérieur. Des pays comme la France, l’Italie (51%) et l’Allemagne (54%) obtiennent des scores encore plus bas.
Outre la visibilité, le reporting joue également un rôle : 38% des employeurs belges déclarent que leur organisation évalue et rend compte activement de ses efforts de durabilité et de son impact éthique sur l’environnement, la société et la gouvernance (ESG). Environ 36 % se sentent aujourd’hui suffisamment préparés à la directive européenne CSRD. Cette législation oblige, depuis janvier 2023, les grandes entreprises à rendre compte des thèmes ESG. Cela représente un léger retard par rapport aux moyennes européennes (respectivement 46% et 43%).
« La législation CSRD fixe des critères clairs », explique Kelly Lespinoy, Chief Legal & Compliance Officer chez SD Worx. « Les grandes entreprises sont soumises aux règles dès qu’elles remplissent au moins deux des trois conditions suivantes : plus de 250 employés, un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros ou un total du bilan supérieur à 25 millions d’euros. Les PME cotées en bourse doivent répondre à deux des trois seuils adaptés : 50 à 250 employés, un chiffre d’affaires de 10 à 50 millions d’euros ou un total du bilan de 5 à 25 millions d’euros. La nouvelle directive dite “suspensive” accorde un report temporaire : les grandes entreprises qui devaient normalement rendre compte à partir de 2026 bénéficient d’un report jusqu’en 2028. Les PME cotées en bourse passent de 2027 à 2029. Mais un report n’est pas une annulation. Ceux qui attendent risquent de perdre en crédibilité », ajoute-t-elle.
Un fossé de crédibilité entre travailleurs et employeurs
Sept employeurs belges et européens sur dix (respectivement 70% et 71%) estiment que leur image de durabilité est crédible, mais les employés sont d’un autre avis. Seuls 58% croient aux efforts de durabilité de leur organisation. Cela crée un écart moyen d’environ 13 points de pourcentage. Cet écart est le plus important en France (22 points), au Royaume-Uni (17 points) et en Italie (16 points), et le plus faible en Croatie (10 points), aux Pays-Bas (10 points) et en Finlande (11 points). En Belgique, l’écart reste limité à 12%.
« Les employeurs croient souvent fortement à leur discours sur la durabilité, mais les travailleurs le ressentent moins. Cela crée une tension entre ce que les organisations veulent dire et la façon dont les travailleurs le vivent », commente Laura De Boom, chercheuse doctorante à l’Université d’Anvers. « De beaux mots ou de fortes campagnes touchent parfois la corde sensible, mais ne correspondent pas toujours à la pratique quotidienne. Parfois, les travailleurs ressentent les valeurs derrière le message mais ceux-ci manquent de crédibilité car les paroles ne sont pas suivies d’actes. Pour les RH et la communication, le défi est là : il ne s’agit pas seulement d’afficher ce que l’on défend, mais aussi de le rendre tangible dans le travail et la culture d’entreprise. Ce n’est que lorsque les employés retrouvent la promesse dans leur propre expérience qu’un discours sur la durabilité acquiert une véritable crédibilité. », indique-t-elle.
Pourquoi la crédibilité compte-t-elle ?
Cette crédibilité pèse lourd dans la guerre des talents. Les employés qui considèrent les messages de leur organisation sur la durabilité comme authentiques, précis et crédibles trouvent leur employeur jusqu’à 12% plus attractif. Leur satisfaction au travail est de 8 à 10% plus élevée et ils montrent également 8 à 10% plus de motivation et de passion, à mesure qu’ils évaluent la crédibilité plus haut. En même temps, la volonté de quitter l’organisation est de 2 à 2,5% plus faible si les employés jugent leur employeur crédible sur ce plan.
« Une communication crédible sur la durabilité rend un employeur plus attractif, augmente la satisfaction et la motivation et réduit le risque de départ. Cela vaut pour tout le monde mais chez les travailleurs plus âgés, l’effet sur la satisfaction et la motivation est le plus fort », conclut Laura De Boom de l’Université d’Anvers. « Pour les RH et la communication, la clé d’une communication crédible sur la durabilité réside dans trois éléments : la précision, l’authenticité et la cohérence. Partagez des faits et des chiffres, montrez de vraies histoires de dirigeants et d’employés, et veillez à ce que les paroles et les actes se renforcent mutuellement. La véritable force de conviction n’apparaît que lorsque la durabilité est également empreinte de sincérité – ce qu’attendent non seulement les employés, mais aussi de plus en plus les clients, les fournisseurs et les investisseurs. »
Source: SD Worx – conclusions d’une récente étude internationale menée par le prestataire européen de services RH SD Worx auprès de 5 625 responsables RH et 16.000 travailleurs dans seize pays européens, dont 1.000 Belges.

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