Les conséquences du cas d’école Volkswagen ne sont pas encore toutes connues. Cependant, nous allons assez rapidement pouvoir mesurer la sincérité des affirmations du groupe en matière de People Management. Et si le personnel est amené à payer un lourd tribut à la crise dans laquelle VW est rentré, il sera très difficile pour le constructeur automobile de rester crédible sur le plan humain. Oui, ceci peut sonner comme un avertissement…
Le nouveau patron de Volkswagen, Matthias Müller, vient de livrer dans une interview au quotidien allemand « Frankfurter Allgemeine Zeitung » (FAZ) une première liste des impacts négatifs des révélations sur les systèmes de trucage des tests pollutions installés sur ses véhicules. Impossible de chiffrer dès aujourd’hui les conséquences financières du scandale même si certaines banques énoncent une fourchette allant de 23 à 78 milliards d’euros.
L’hebdomadaire français L’Obs synthétise les items relevés par le nouveau CEO.
1. Les voitures rappelées en janvier. La procédure de rappel des véhicules équipés de moteurs diesel truqués devrait commencer en janvier pour s’étaler jusqu’à fin 2016. Toutes les interventions légères (modification du logiciel moteur) et les réparations lourdes seront gratuites pour les clients. Dont coût estimé : 10 milliards d’euros;
2. L’impact commercial du scandale : le chiffre d’affaires pourrait baisser de 3% à 5%, selon les estimations à prendre avec précaution;
3. Les investissements dans les partenariats football revus à la baisse. Le groupe soutient au total 17 clubs professionnels de diverses manières en ce via des prises de participation;
et enfin, les menaces sur l’emploi… Le CEO Matthias Müller explique ainsi au grand quotidien allemand « qu’un programme d’économies va être lancé : des investissements d’infrastructures et de machines-outils seront reportés, plusieurs projets vont être réexaminés, comme le modèle haut de gamme ou la marque de luxe Bugatti. La direction explique en effet que le scandale des moteurs truqués coûtera très cher au mastodonte automobile et des effets sur l’emploi ne sont pas à exclure. « Les charges seront importantes, potentiellement très importantes », a expliqué Müller devant 20.000 salariés rassemblés pour l’écouter au siège de Wolfsburg. »
Quel sera donc l’impact concret de la crise sur les 600.000 salariés qui bénéficient d’un emploi au sein du groupe? Car quel que soit le coût des sanctions, quelle que soit la hauteur des provisions financières à intégrer dans les résultats, quel que soit le cours de bourse de l’action Volkswagen, quelle que soit l’indulgence dont nous pourrions faire preuve lorsque tous les éléments du dossier seront connus,… un plan de restructuration quelconque constituera une erreur* plus grave encore que la fraude qui vient d’être révélée.
Jean-Paul ERHARD
* lire à ce sujet notre éditorial dans l’édition n°198 de Peoplesphere