Un nouveau billet d’humeur à lire dans votre Peoplesphere n°209. Invitation à l’humilité? Plaidoyer supplémentaire en faveur du collectif? Déception récurrente quant à l’exercice du leadership? A vous de voir…
La somme de nos contradictions est impressionnante. Nous voulons une démocratie participative. Et nous voulons qu’elle soit ‘menée’ par des dirigeants puissants. Bref, le peuple révolté veut que son indépendance soit garantie par des monarques visionnaires. Et c’est cela qui rend la position du leader à la fois enivrante mais aussi, pour le dire en peu de mots, insupportable.
Car il serait temps que nous intégrions le fait que les hommes / femmes providentiel(le)s n’existent pas. Dans tous les cas, le phénomène ne résiste pas à une analyse dans le temps.
Tous les top managers plébiscités au moment où ils ont été choisis pour relever le prochain grand défi sont condamnés à disparaître un jour en se voyant accablés de reproches.
Bien sûr, l’état de grâce existe. Et sa durée maximale doit tourner autour d’une centaine de jours, c’est connu. Mieux vaut que cela soit dès l’entrée dans une nouvelle fonction (si on se révèle avec un retard important à l’allumage, c’est embêtant…).
Nous avons tous des passages, des périodes, des moments pendant lesquels tout nous réussit. Avec l’impression littéralement de marcher sur l’eau… Rarement une expression n’aura-t-elle été aussi appropriée tant la sensation de glisse sur les événements et possibles contrariétés est réelle…
Cependant, même si certains sont passés experts dans l’art du storytelling et n’ont aucune peine à magnifier leurs parcours personnels pour prolonger ce fameux état de grâce, cela ne tient pas dans la durée. Sans cynisme mais au contraire avec énormement de bienveillance, le meilleur conseil que nous puissions donner à un manager consiste à se préparer à gérer le basculement. Car mieux vaut se préparer à avoir été le roi / la reine du monde pour un temps avant de devenir, quelques mois plus tard seulement, le dernier des tocards.
Evidemment, la prise de conscience invite à l’humilité mais pas seulement…
Elle doit également nous pousser résolument à l’action. Cette limite dans le temps qui nous est imparti devrait en effet nous inciter à saisir le momentum initial, à être dans le présent et non dans la projection d’une fin programmée. Elle est de nature à nous encourager à prendre des risques importants. La disruption et le progrès sont à ce prix.
Par ailleurs, lorsque nous avons ressenti le caractère inéluctable de notre prochaine obsolescence en tant que manager, il devient évidemment que l’une des priorités essentielles consiste à toujours préparer la succession. Dans une fonction managériale, voilà sans doute la partie du job la plus compliquée mais aussi la plus réjouissante à terme.
Et enfin, cette évolution certaine doit nous amener à refuser les jeux politiques ainsi que les injonctions stupides qui viennent verticalement (d’en haut, comme d’en bas – on appelle cela la dictature du prolétariat qui n’a sans doute jamais été aussi forte que maintenant), pour privilégier l’horizontalité… Regarder à côté de soi afin d’essayer d’avancer ensemble, dans une relation d’égal à égal, au lieu de consacrer la majeure partie de notre temps à lorgner vers les sommets et à mépriser la base. Principe simple à adopter, n’est-ce pas ?
Jean-Paul ERHARD
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