Accueil des migrants: seul le travail permet aux citoyens de porter un regard positif sur la migration!

Les habitants de ce pays voient la migration d’un œil plutôt négatif. Ils déclarent avoir eu davantage de mauvaises que de bonnes expériences personnelles en matière de migration et qualifient de négatives les conséquences globales qui en découlent. Ils se montrent nettement plus positifs lorsque la migration est motivée par le travail. Seuls 12% n’envisagent pas la migration comme une réponse à la pénurie sur le marché du travail. 60% sont en faveur de la migration légale pour raisons professionnelles.

Le principe du regroupement familial bénéficie lui aussi d’un très large consensus. Mais les conditions doivent être durcies. L’asile jouit également d’un relatif consensus, mais il est fragile. L’usage abusif de l’asile et l’échec de la politique de retour des demandeurs d’asile dont la demande a été refusée prêtent le flanc aux critiques. C’est la migration illégale qui a droit aux critiques les plus vives des citoyens. Le soutien témoigné à une approche plus sévère de cette problématique est très large. À peine 15% se prononcent pour la fermeture des frontières, 16% se disent en faveur de leur ouverture. Les écarts entre les divers électorats de partis politiques sont importants. Certains électorats sont même très divisés en interne sur la façon dont il faudrait gérer la migration. Telles sont les conclusions de l’étude “A la recherche d’un consensus social sur la migration” menée par Randstad Research auprès de plus de 3.000 répondants.

Un jugement global plutôt négatif sur la migration.

Le jugement global porté sur la migration est plutôt négatif. 60% des interrogés estiment que les migrants coûtent plus qu’ils ne rapportent. Seuls 12% ne partagent pas cet avis. 18% seulement estiment qu’en conséquence de la migration, l’économie se porte mieux dans notre pays. Et 64% pensent que la qualité de l’enseignement a reculé du fait de la migration.

Les expériences personnelles vécues face à la migration sont elles aussi perçues plutôt négativement par les répondants. 58% se sentent moins en sécurité du fait de la migration, 53% se sentent moins chez eux. En moyenne, les proportions de la population faisant part d’expériences négatives sont deux fois plus importantes que celles qui témoignent d’expériences positives.

Il n’est donc pas étonnant de constater qu’aux yeux de 27% des répondants seulement, la migration a été avantageuse pour le pays au cours des 50 dernières années. 39% s’inscrivent explicitement en faux contre ce point de vue. Il y a aussi un large groupe d’indécis. Une communication claire sur ce thème reste utile.

Un jugement positif sur la migration pour cause de travail.

La migration motivée par le travail suscite une opinion nettement plus positive. Si les migrants occupent un emploi et font dès lors moins appel à la sécurité sociale ou à l’aide sociale, les ressentiments et inquiétudes s’estompent fortement. La migration pour répondre aux pénuries sur le marché du travail est approuvée par 60% des répondants. À peine 12% n’y sont pas favorables, soit à peu près le pourcentage qui plaide pour la fermeture des frontières (15%). Les défenseurs sont cinq fois plus nombreux que les détracteurs.

Un large consensus pour le regroupement familial mais sous des conditions plus strictes.

Seul un taux de 16% rejette la migration pour cause de regroupement familial. Ce chiffre correspond à la proportion de personnes désireuses de fermer les frontières aux migrants (15%). Pour le plus large groupe et de loin, le regroupement familial devrait être soumis à des conditions (parfois relativement strictes) (72%). De solides majorités préconisent un parcours d’intégration obligatoire et une meilleure connaissance de la langue. Le migrant doit également avoir travaillé au moins quatre ans avant de pouvoir faire venir d’autres membres de sa famille.

Consensus relatif mais fragile en faveur de l’asile.

51% partagent l’opinion selon laquelle toute personne qui demande l’asile en Belgique et y a droit doit pouvoir rester ici et être protégée. Seuls 17% ne sont pas de cet avis. Ce qui dénote un consensus encore relativement solide.

Le tableau s’assombrit lorsqu’on s’enquiert de la capacité d’accueil des demandeurs d’asile. La proportion qui s’oppose à tout plafond en matière de demandeurs d’asile reconnus ne s’élève plus qu’à 23%, soit moins de la moitié. Cette question révèle en outre que 21% ne veulent reconnaître aucun demandeur d’asile. Pour les demandeurs d’asile européens, cette part atteint 14%, soit une différence nette, sans être énorme pour autant. « L’Europe d’abord » ne semble avoir qu’un écho limité.

Bon nombre de résultats le démontrent : ce n’est pas tant le principe de l’asile qui est contesté que la forme concrète que prennent certaines mesures. Ainsi, 55% des interrogés pensent que la procédure d’asile est utilisée abusivement par des personnes qui n’y ont pas droit. Seuls 12% rejettent ce point de vue. 55% estiment également que le caractère temporaire de l’asile devrait être renforcé. Et à nouveau, 12% seulement ne partagent pas cette opinion. La protection doit être accordée jusqu’à ce que la situation se rétablisse dans le pays d’origine. 61% estiment que les pays qui ne veulent pas reprendre les demandeurs d’asile déboutés doivent être sanctionnés. Et 43% pensent que l’asile devrait être aboli parce que l’expulsion des demandeurs d’asile dont la demande a été refusée, échoue.

Un large consensus pour une approche plus sévère de la migration illégale.

L’ouverture des frontières – une situation dans laquelle la migration illégale n’existe pas – n’est plébiscitée que par 16% des répondants. Pour 56% des interrogés, le séjour illégal dans le pays est punissable. Seuls 15% désapprouvent cette opinion. Pour 52%, les personnes qui sont entrées illégalement dans le pays ne doivent jamais être régularisées ; seuls 18% rejettent cet avis. Pour 49%, les migrants illégaux doivent être maintenus en centres fermés jusqu’à leur expulsion. 67% sont en faveur d’une surveillance plus étroite des frontières extérieures. Il y a un large consensus en faveur d’une approche plus sévère de la migration illégale. 56% sont même favorables à un renforcement des contrôles aux frontières intérieures de l’Europe.

Différences entre catégories.

Les femmes, les diplômés du supérieur, les jeunes et les francophones sont globalement plus positifs ou moins négatifs à l’égard de la migration. Ceux qui portent un regard plus pessimiste sur le monde et n’entrevoient pas d’évolution positive dans leur avenir ni celui de la société, considèrent la migration d’un œil plus négatif. C’est en fonction des préférences politiques que se dégagent les plus gros écarts. Les avis sont très partagés entre les différents électorats. L’opinion publique à propos de la migration est fortement politisée, avec une concentration des défenseurs et des détracteurs d’une approche ferme dans un nombre limité de partis. Dans d’autres partis, nous observons souvent de grosses divergences d’opinion au sein d’un même électorat.

Grosses divergences d’opinion d’un électorat à l’autre.

Globalement, la famille politique des Verts (Ecolo et Groen) est la plus positive/la moins négative à l’égard de la migration en général, et des différentes formes de migration en particulier. Près de la moitié de l’électorat vert estime que la migration a été avantageuse pour le pays au cours des 50 dernières années, soit nettement plus que la moyenne de 27%. La seule exception est la migration motivée par le travail, un point sur lequel l’électorat vert ne s’écarte pas de la moyenne. Ce sont le CD&V, les Engagés et l’Open VLD qui émettent l’avis le plus favorable à ce sujet. Le Vlaams Belang est le moins positif/le plus négatif sur toute la ligne. En termes de migration motivée par le travail, la part de l’électorat du VB qui la rejette est néanmoins plus ou moins équivalente à celle des électorats du PVDA et du PS. L’électorat de la N-VA se positionne parfois dans les parages de celui du Vlaams Belang mais s’en distancie parfois aussi très fort. Ainsi, 69% de l’électorat de la N-VA approuve la migration pour cause de travail, un taux bien supérieur à la moyenne globale.

Grosses divergences d’opinion au sein d’électorats du même parti.

Les grosses différences de point de vue ne se manifestent pas toujours entre partis mais aussi au sein d’un même parti. Par exemple, si 30% de l’électorat d’Ecolo est en faveur de l’ouverture des frontières, 35% s’y oppose ; chez Groen, ces taux sont respectivement de 29 et 27%. Au sein du Vlaams Belang, seuls 30% plaident pour la fermeture des frontières (un point officiel du programme) mais 35% sont contre. Au PTB, 21% aimerait voir les frontières fermées (nettement plus que la moyenne) et 28% les garderait ouvertes.

« En termes de politique, deux grandes leçons sont à tirer. Il y a un consensus évident sur l’adoption d’une approche plus sévère de la migration. D’autre part, le lien avec le travail devrait être considérablement renforcé, et ce tant dans le cadre de l’asile que du regroupement familial. Les partis politiques trouveront dans cette étude de l’inspiration pour clarifier et affiner leur propre point de vue sur la migration », conclut Sébastien Cosentino, expert du marché du travail et porte-parole de Randstad.

 

Source: Randstad Research

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