Augmentation du nombre d’accidents sur le chemin du travail: de nouveaux dangers liés à la mobilité douce.

En l’espace de cinq ans, le nombre d’accidents sur le chemin du travail dans le cadre desquels le travailleur faisait usage de formes de mobilité douce a augmenté de 14%. De plus en plus de personnes se rendent régulièrement au travail à vélo ou en trottinette, ce qui est une tendance très positive. Davantage de sensibilisation est toutefois nécessaire pour éviter les accidents en cours de route.

C’est la raison pour laquelle les assureurs organisent, pendant la Semaine de la mobilité, une campagne afin d’encourager le réflexe de prévention chez les travailleurs et les employeurs. Le ministre de l’Emploi, David Clarinval, souligne également l’importance d’une sensibilisation suffisante.

Assuralia, la fédération des entreprises d’assurances, a examiné les accidents sur le chemin du travail survenus ces six dernières années dans le cadre desquels la victime faisait usage d’une forme de mobilité douce : vélo, vélo électrique, speed pedelec, trottinette électrique ou autre (monowheel, etc.).

Quelques chiffres marquants de l’étude d’Assuralia

  • 43% des accidents sur le chemin du travail sont liés à la mobilité douce (34% en 2019).
  • Une trottinette électrique est impliquée dans 5,3% des accidents sur le chemin du travail (0,8% en 2019).
  • 79% des accidents sur le chemin du travail impliquant une trottinette électrique entraînent une incapacité de travail temporaire.
  • 12% des accidents sur le chemin du travail impliquant un speed pedelec entraînent une incapacité permanente.
  • Le coût moyen d’un accident sur le chemin du travail pour l’assureur s’élève à 2.611 euros en cas d’incapacité temporaire et à 99.046 euros en cas d’incapacité permanente.

Davantage d’accidents sur le chemin du travail

Sur la base des données de ses membres assureurs accidents du travail, Assuralia estime le nombre d’accidents du travail en 2024 à 119.335, dont 95.343 accidents sur le lieu du travail et 23.991 accidents sur le chemin du travail. Au cours de ces dix dernières années, on observe une diminution de 20,8 % dans la première catégorie et une augmentation de 13,3 % dans la deuxième catégorie.

Pendant la crise sanitaire (coronavirus), une baisse remarquable du nombre d’accidents sur le chemin du travail a été constatée en 2020 et 2021, tandis qu’une courbe ascendante est observée après la crise. Les assureurs constatent toutefois un grand changement : les comportements en matière de déplacement et les moyens de transport choisis ont changé, ce qui se traduit par une hausse des accidents liés à la mobilité douce. Assuralia estime la part de la mobilité douce dans l’ensemble des accidents sur le chemin du travail à 43 % en 2024 (contre 34 % en 2019).

Dans une nouvelle étude, Assuralia examine à la loupe les accidents sur le chemin du travail liés à la mobilité douce, à savoir les accidents corporels survenus lors des déplacements à vélo ou en trottinette électrique sur le chemin du travail.

Le succès des trottinettes électriques suscite des inquiétudes

En chiffres absolus, le nombre d’accidents sur le chemin du travail impliquant des moyens de transport que nous qualifions de « mobilité douce » ne paraît pas si spectaculaire (10.019 en 2024). Selon Assuralia, la popularité croissante de « nouvelles formes de mobilité douce » (trottinette électrique, vélo électrique, speed pedelec) engendre cependant une accélération significative des statistiques en matière d’accidents.

Ainsi, le nombre d’accidents sur le chemin du travail impliquant une trottinette électrique est passé de 208 en 2019 à 1.254 en 2024, soit une multiplication par 6. Les accidents sur le chemin du travail impliquant un vélo électrique sont passés de 273 à 496 et ceux impliquant un speed pedelec de 113 à 371.

Pour une bonne compréhension, précisons que, pour qu’un accident soit reconnu comme un accident sur le chemin du travail, il doit avoir occasionné des blessures et l’accident doit s’être produit sur le trajet habituel entre le lieu de travail et le domicile.

Quand surviennent les accidents sur le chemin du travail liés à la mobilité douce ?

Les assureurs reçoivent la plupart des déclarations durant les mois d’automne et d’hiver, avec un pic en janvier (12,8 % de l’ensemble des accidents sur le chemin du travail liés à la mobilité douce sur une base annuelle). Le mois de juin constitue également un pic relatif (8,9 %) : le beau temps encourage alors la mobilité douce et ce mois compte également davantage de jours ouvrables que, par exemple, le mois de mai.

Il y a moins d’accidents le mercredi et le vendredi (17 à 18 %) que les autres jours ouvrables (20 à 21 %), ce qui n’est pas tellement surprenant. Le mercredi et le vendredi sont des jours fréquemment choisis pour le travail à temps partiel ou pour le télétravail.

Les conséquences légères et lourdes d’un accident sur le chemin du travail

Dans le cadre de la gestion des accidents du travail, l’assureur opère une distinction entre cinq catégories de conséquences entraînées par ces accidents : sans suite (pas d’incapacité et pas de frais), frais médicaux, incapacité temporaire, incapacité permanente et décès.

C’est dans la catégorie « vélo » que l’on observe la plus grande part d’accidents avec des conséquences légères (22 %), c’est-à-dire sans suite (3 %) ou entraînant uniquement des frais médicaux sans arrêt de travail (19 %).

La grande majorité des victimes d’accidents sur le chemin du travail, à savoir environ trois quarts d’entre elles, sont en incapacité de travail temporaire. Des différences sont toutefois constatées en fonction du moyen de transport. Un accident sur le chemin du travail impliquant une trottinette électrique entraîne une incapacité temporaire de travail, à savoir un congé de maladie, dans pas moins de 79 % des cas.

En ce qui concerne les accidents très graves, qui entraînent une incapacité permanente, Assuralia constate proportionnellement davantage d’accidents avec une trottinette électrique (10 %) et avec un speed pedelec (12 %). Autrement dit : 1 victime sur 10 d’un accident sur le chemin du travail impliquant une trottinette électrique en subit les conséquences à vie (un taux d’incapacité permanente).

Au niveau des accidents qui donnent lieu à une absence de longue durée, les trottinettes électriques et les speed pedelecs obtiennent les plus mauvais résultats. 12 % des victimes d’un accident sur le chemin du travail impliquant une trottinette électrique ou un speed pedelec restent en incapacité de travail pendant plus de trois mois. Pour les cyclistes ordinaires, ce chiffre n’est que de 7 %. ​

Focus particulier sur la trottinette électrique : mille accidents de plus qu’il y a cinq ans

Ces cinq dernières années, la trottinette électrique est devenue très populaire et cela a des conséquences au niveau des statistiques d’accidents.

En 2019, les assureurs accidents du travail dénombraient seulement 208 accidents sur le chemin du travail impliquant une trottinette électrique. Cinq ans plus tard, en 2024, mille accidents de plus sont enregistrés : 1.254 (estimation provisoire). Deux accidents mortels sur le chemin du travail avec une trottinette électrique sont à déplorer.

À titre de comparaison : le nombre d’accidents sur le chemin du travail impliquant un vélo (électrique et autre) est resté stable ces dernières années. Il fluctue entre 8.606 (en 2019) et 8.380 (en 2024).

Renforcer l’attention pour la sécurité routière chez les travailleurs et les employeurs

Assuralia lance une campagne via les médias sociaux qui vise un large public, mais la fédération espère que de nombreux employeurs, conseillers en prévention et autres acteurs du domaine de la sécurité et du bien-être au travail soutiendront la campagne voire mettront sur pied leurs propres actions de sensibilisation au cours des prochains mois.

David Clarinval, vice-premier ministre et également ministre de l’Emploi, salue déjà l’initiative des assureurs: « Depuis la crise du Covid, nos habitudes de déplacement ont profondément évolué : le télétravail s’est imposé et la mobilité douce gagne du terrain. C’est une évolution positive, mais elle implique aussi de nouveaux défis en matière de sécurité. Employeurs et travailleurs doivent veiller ensemble à ce que les trajets domicile-travail se fassent dans les meilleures conditions de sécurité. Les recommandations formulées par Assuralia sont à cet égard un outil précieux.
​Les autorités publiques ont également un rôle essentiel à jouer. Il est primordial que les moyens de transport électriques utilisés par les travailleurs – en particulier les trottinettes électriques – soient sûrs et conformes aux normes. C’est pourquoi mes services au sein du SPF Économie mèneront, entre septembre et décembre, des contrôles ciblés dans les magasins physiques et en ligne afin d’interdire la vente de trottinettes non conformes. Nous ne pouvons accepter que la sécurité de nos concitoyens soit compromise par des produits dangereux. »

Afin de sensibiliser les employeurs, les assureurs accidents du travail ont développé ces dernières années de nombreux outils (fiches d’information, check-lists, tests et quiz…) qu’ils mettent à la disposition de leurs clients, à savoir les entreprises. Ils peuvent être facilement réutilisés et intégrés dans la politique de prévention de l’entreprise. En outre, les assureurs proposent également des formations, une aide à la rédaction d’un plan de prévention, etc. Les assureurs recommandent également une collaboration avec des agences fédérales et régionales comme VIAS, l’AWSR (l’Agence wallonne pour la Sécurité routière), la VSV (Vlaamse Stichting Verkeerskunde) et des organisations de prévention comme Prebes pour compléter l’offre.

Un obstacle important reste toutefois l’absence d’autorité de l’employeur, qui ne peut pas obliger les travailleurs à suivre des formations relatives à la sécurité sur le chemin du travail, étant donné que cela relève de la sphère privée. Et ce, contrairement à la sécurité sur le lieu de travail, pour laquelle l’employeur est bien responsable.

Hein Lannoy, CEO d’Assuralia, souhaite sensibiliser le plus grand nombre possible d’employeurs à la thématique de la sécurité sur le chemin du travail : « Les statistiques des assureurs relatives aux accidents sur le chemin du travail liés à la mobilité douce présentent une courbe significativement en hausse. Nous ne souhaitons pour autant déconseiller à personne de se rendre à vélo ou en trottinette au travail, que du contraire. Une plus grande attention peut toutefois être accordée à la sécurité sur la route. Si non seulement les assureurs mais aussi l’ensemble des employeurs partagent régulièrement des conseils en matière de prévention, les collaborateurs pourront à l’avenir être encore plus nombreux à parcourir leur trajet en toute sécurité. »

La campagne de sensibilisation d’Assuralia sera lancée pendant la Semaine de la mobilité. ​ Plusieurs entreprises d’assurances relaieront également la campagne, afin d’impliquer le plus grand nombre possible de personnes, consommateurs, travailleurs et entrepreneurs. ​ Le matériel de la campagne sera également mis à la disposition de toutes les organisations d’employeurs et de travailleurs afin qu’elles contribuent à sa diffusion. ​

 

Source : Assuralia
Note concernant les chiffres : en ce qui concerne les conséquences de ces accidents, la fédération ne tire des conclusions que pour la période 2019-2023. L’année 2024 n’est pas prise en considération, parce que les données ne sont pas encore suffisamment définitives ; cela prend souvent longtemps avant que les conséquences pour une victime soient définitivement établies. Pour les nombreuses victimes en incapacité de travail en raison de lésions graves, il n’est pas possible d’établir rapidement si elles souffriront d’une incapacité temporaire ou permanente.

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