Les Big Data au service de la formation des demandeurs d’emploi: un gain potentiel de 20% sur la durée de la mise à l’emploi.

Dans le dernier numéro de la revue universitaire Regards économiques, la question de la formation des demandeurs d’emploi en Belgique est évoquée, du côté néerlandophone en particulier. Ces formations sont-elles efficaces pour améliorer l’insertion professionnelle des chômeurs et si oui, pour quels demandeurs d’emploi en particulier? Pour mener cette étude, Bart Cockx, spécialiste des questions du marché de l’emploi, a travaillé en collaboration avec le VDAB (le service public de l’emploi flamand) et le professeur Michael Lechner (Université de Saint-Gall en Suisse). Ils ont utilisé les techniques d’analyse statistique des Big Data.

Ils les ont appliqués à un grand ensemble de données administratives anonymisées sur des demandeurs d’emploi résidant en Flandre et renseignant quelques-unes de leurs caractéristiques personnelles, leur parcours dans le chômage et en emploi, ainsi que leur participation à des programmes de formation. Cette étude montre que si le VDAB attribuait les formations aux demandeurs d’emploi selon l’algorithme informatique développé par les chercheurs, on obtiendrait une augmentation de 20 % de la durée passée en emploi grâce aux formations.

L’efficacité de trois mesures de formation a été étudiée :
1. Des formations professionnelles courtes, c’est-à-dire d’une durée de moins de 6 mois;
2. Des formations professionnelles de durée moyenne, allant de 6 à 10 mois;
3. Des sessions d’orientation professionnelle.

Les chercheurs concluent que, sur un horizon de temps de deux années et demi après le début de la formation, les bénéficiaires des formations professionnelles courtes passent en moyenne 19,5 mois en emploi. Pour les formations de durée moyenne et le sessions d’orientation, cette durée est respectivement de 17 et 15 mois. En l’absence de participation à l’une de ces formations, ces mêmes personnes auraient en moyenne passé 16 mois en emploi.

Les formations professionnelles courtes sont donc les plus efficaces : elles augmentent en moyenne la durée passée en emploi de 3,5 mois (soit une augmentation de 21%). La participation à une formation professionnelle de durée moyenne entraine un gain d’1,1 mois (+7%) tandis qu’une session d’orientation raccourcit la durée d’emploi de 1,3 mois (-8%). Selon les chercheurs, cet effet négatif doit être attribué à l’horizon temporel limité de l’étude. Pendant un laps de temps initial, l’effet sur l’accès à l’emploi des trois types de formations est négatif car durant leur participation au programme, les personnes ne recherchent pas de l’emploi ou le font moins intensément. Dans le cas des participants aux sessions d’orientation professionnelle, cet effet négatif se prolonge davantage car il est fréquent que ces personnes participent ensuite à une formation plus complète.

Une efficacité augmentée pour les immigrés récents.

L’adéquation entre le programme de formation et la personne sans emploi a de l’importance. D’un chômeur à l’autre, les chercheurs obtiennent en effet de grandes différences d’efficacité d’un dispositif donné. Ils établissent ainsi que les formations ont le plus d’impact sur le retour à l’emploi des immigrés récents dont la connaissance du néerlandais est limitée. Ceci s’explique sans doute par la plus grande ampleur des obstacles rencontrés par ces personnes sur le marché du travail : le gain de la formation en matière d’employabilité est par conséquent supérieur pour ce groupe.

Un gain potentiel de 20%

L’outil de programmation et d’analyse statistique développé par les chercheurs permet de prévoir le gain d’emploi qu’un chômeur quelconque donné peut tirer de sa participation à un dispositif de formation déterminé. Si ces prévisions étaient utilisées pour orienter les demandeurs d’emploi vers les programmes de formation qui ont été évalués par les chercheurs, la durée passée en emploi augmenterait de quasi 20 % en moyenne. Ceci provient de ce que l’objectif, fréquent, d’un taux de placement élevé à l’issue d’une formation ne correspond pas toujours à un haut gain en matière de mise à l’emploi. Un conseiller du service public peut obtenir un haut taux de placement en sélectionnant les personnes au profil favorable qui ont déjà une chance élevée de trouver un emploi sans participer à une formation. A l’opposé, les chercheurs se sont intéressés au gain produit par la formation. Si le chômeur n’a guère de chance de trouver un emploi sans la formation, un gain d’emploi élevé peut découler d’un dispositif et ce, même s’il y correspond à un taux de placement modeste.

Recourir à des outils informatiques pour attribuer les formations aux demandeurs d’emploi présente l’inconvénient de ne pas fournir la raison pour laquelle telle formation convient mieux qu’une autre à tel demandeur d’emploi. Sur base des caractéristiques disponibles sur le demandeur d’emploi, le programme informatique «prédit», telle une boîte noire, le type de programme de formation auquel devrait participer le demandeur d’emploi. Pour remédier à ce problème de manque de transparence dans un mode d’attribution qui dépendrait d’un seul programme informatique, les chercheurs ont développé un autre algorithme dans le but de trouver un mode d’attribution simple et transparent approchant au mieux celui décrit précédemment. Ce mode d’attribution s’appuie sur seulement trois caractéristiques du demandeur d’emploi : son âge, son pays de naissance et son degré de connaissance du néerlandais. Ce mode d’attribution simplifié aboutit à presque 80 % des gains d’emploi engendrés par le mode d’attribution recourant à toutes les informations disponibles sur la personne. Ceci signifie qu’en réallouant les demandeurs d’emploi selon ce mode d’attribution reposant sur trois caractéristiques seulement, le gain moyen en durée d’emploi par rapport à l’affectation actuelle des chômeurs dans les formations est de 15 %.

Cette recherche démontre comment des outils informatiques et statistiques peuvent apporter un soutien au VDAB lors de l’attribution des politiques d’aide à l’emploi pour les chômeurs. Elle démontre que les gains d’emploi peuvent être conséquents et que pour les obtenir il n’y a pas lieu de recourir à des règles opaques qui sont susceptibles de cacher un traitement inéquitable des demandeurs d’emploi. Le VDAB a l’intention d’étudier davantage dans quelle mesure ce nouvel instrument peut être mis en œuvre.

Source : Regards économiques

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