La situation budgétaire de la sécurité sociale est très préoccupante. Le déficit continue de se creuser de manière insoutenable. D’ici à la fin de 2024, le système de sécurité sociale pour les travailleurs devrait afficher un déficit d’environ 6,2 milliards EUR. C’est un milliard de plus qu’en 2023.
Malheureusement, cette situation budgétaire continuera à se détériorer, avec un déficit estimé à plus de 7,6 milliards EUR l’année prochaine. À politique inchangée, ce chiffre atteindra même plus de 14 milliards EUR en 2029. « Une situation inédite et intenable », selon la FEB.
Les prévisions pour la période 2025-2029 sont inquiétantes, montrant à nouveau que les dépenses augmentent plus vite que les recettes provenant des cotisations. Ces dernières ne suffisent plus à couvrir les dépenses croissantes, principalement dans les postes des pensions, des soins de santé, de l’incapacité de travail et de l’invalidité. Cet écart entre les recettes et les dépenses aggrave le déficit existant et met en péril la viabilité financière de notre système de sécurité sociale, aujourd’hui et pour les générations à venir.
L’augmentation des coûts des pensions et des soins de santé n’est pas tenable
Avec le vieillissement démographique, la population en âge de travailler augmente moins vite que le nombre de personnes pensionnées. Alors que dans les années 70, un peu moins de trois personnes en emploi soutenaient une personne pensionnée, ce rapport tombera, à politique inchangée, à un peu moins de 1,7 d’ici à 2070. Concrètement, cela signifie qu’il y a de moins en moins de personnes pour financer les pensions.
Par ailleurs, le nombre de malades de longue durée continue d’augmenter de façon préoccupante. Ils étaient plus de 500.000 en 2022. Par conséquent, les coûts de l’invalidité devraient atteindre plus de 9,5 milliards EUR en 2024.
Des réformes sont nécessaires pour assurer la soutenabilité financière
Afin d’assurer la soutenabilité financière du système de sécurité sociale, la FEB tient à rappeler l’importance de (ré)introduire un mécanisme de responsabilisation dans l’octroi de la dotation d’équilibre, afin de rendre les partenaires sociaux, en tant que gestionnaires de la sécurité sociale, conjointement responsables de sa situation budgétaire.
En outre, l’activation des inactifs et des demandeurs d’emploi reste un axe primordial pour atteindre l’objectif d’un taux d’emploi de 80%. Cela passe également par le fait de rendre effectivement le travail rémunérateur par rapport aux situations de non-emploi. Le budget des soins de santé doit aussi faire l’objet d’un suivi plus strict, afin de pouvoir utiliser plus efficacement les ressources limitées. Enfin, une réforme des pensions ne doit pas conduire à une augmentation des dépenses de pension, mais plutôt à une croissance de celles-ci qui deviendra plus supportable.
« Les bases de la sécurité sociale belge sont ébranlées, et nous regardons sans bouger. Nous dépensons de plus en plus sans réfléchir à qui va payer en bout de course, alors que le coût du vieillissement ne cesse d’augmenter, tant pour les pensions que pour les soins de santé, et que le taux d’emploi visé de 80% n’a jamais été aussi éloigné. Nous appelons donc les négociateurs de la coalition Arizona à entamer dès aujourd’hui la rénovation de notre sécurité sociale, en concertation avec les partenaires sociaux. Sans quoi le système risque la faillite d’ici à 2030 », déclarent Pieter Timmermans, CEO de la FEB, et Monica De Jonghe, directeur général et Executive Manager du centre de compétence Emploi & Sécurité sociale de la FEB.