Jamais autant de jeunes n’ont dit adieu à leur emploi que cette année. Le nombre de contrats de travail de jeunes de moins de 25 ans ayant été rompus en 2023 est 40 % plus élevé qu’à la même période l’an dernier. Et à l’époque, il s’agissait déjà d’une énorme augmentation (+135 %) par rapport aux années précédentes. Les résiliations de contrats de jeunes se font principalement de commun accord entre le travailleur et l’employeur.
Autre fait frappant : au moment de leur départ, les jeunes sont en moyenne en service depuis plus longtemps qu’il y a quelques années. C’est ce qui ressort d’une analyse réalisée par le prestataire de services RH Acerta sur la base des données de plus de 12.000 jeunes (moins de 25 ans) actifs dans plus de 5000 entreprises belges.
« Pour les entreprises, dans un marché du travail compétitif, il n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui de répondre aux besoins des jeunes travailleurs », a déclaré Acerta.
On ne peut pas vraiment parler d’une Great Resignation – la grande vague de licenciements aux États-Unis ces dernières années – dans notre pays. Mais les chiffres de licenciement chez les jeunes battent bel et bien des records. Depuis le début de cette année, 40,8% en plus de travailleurs de moins de 25 ans ont déjà quitté leur emploi par rapport à la même période l’an dernier. Et à l’époque, il s’agissait déjà d’une hausse record (+135% par rapport à 2021).
Départ de commun accord
Les chiffres montrent que ce sont surtout les jeunes qui remettent leur préavis d’eux-mêmes. Dans 43,5% des cas, l’initiative émane du travailleur. Il s’agit toutefois d’une légère baisse par rapport à l’année dernière (-12,3%). Dans 38,5% des cas, le contrat a été résilié de commun accord (+13,4% par rapport à l’année dernière). Dans environ 18% des cas, c’est l’employeur qui a procédé au licenciement.
Laura Couchard, experte juridique chez Acerta Consult, explique : « Plus encore qu’auparavant, les moins de 25 ans sont une génération critique, désireuse d’être aux commandes de sa carrière. Plusieurs d’entre eux ont commencé un nouvel emploi pendant ou après la pandémie de coronavirus. Ils ont dû apprendre le télétravail directement, acquérant ainsi l’expérience nécessaire, sans être physiquement présents sur le lieu de travail. Il n’est donc pas surprenant que beaucoup décident à présent d’aller voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. En outre, le marché du travail reste tendu et les entreprises sont pleinement à la recherche de jeunes talents. Les jeunes ont conscience des nombreuses opportunités qu’ils auront. Nous constatons donc aussi que l’initiative de la résiliation d’un contrat émane beaucoup plus du travailleur lui-même, par rapport à la période avant et pendant la crise de coronavirus. »
Des jeunes plus longtemps en service
Enfin, autre constat frappant : au moment de leur départ, les jeunes sont bien plus longtemps en service auprès de leur employeur qu’auparavant. Les travailleurs ayant remis leur préavis au cours des derniers mois étaient en service depuis 1,27 an en moyenne. C’est remarquablement plus long qu’en 2021 ou en 2020 (0,8 an). À Bruxelles, les jeunes de moins de 25 ans sont nettement plus longtemps en service avant la résiliation de leur contrat (1,4 an) par rapport à la Flandre (1,27 an) et à la Wallonie (1,17 an).
Laura Couchard poursuit : « De nombreux jeunes passent d’un emploi présentant des avantages pratiques à court terme à une carrière durable à long terme, offrant davantage de possibilités de carrière et de flexibilité. Les entreprises qui veulent remporter la guerre des talents ont donc tout intérêt à miser sur des carrières durables offrant des perspectives à long terme, des formations et des possibilités d’évolution. D’autres points auxquels les jeunes accordent énormément d’attention sont la durabilité de leur employeur dans ses activités, l’attention que celui-ci porte à leur bien-être (mental) et les mesures prises par l’entreprise pour assurer un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Enfin, une partie des jeunes quittent leur entreprise parce qu’ils reprennent malgré tout leurs études. Par exemple, ils entament des études qui, par la suite, ne s’avèrent pas tout à fait leur correspondre, arrêtent et vont travailler le reste de cette année scolaire, puis entament de nouvelles études à la rentrée. La transition n’est donc pas uniquement travail-travail, mais aussi travail-études. »
Source: Acerta – les données recueillies sont basées sur les données réelles d’un ensemble de 12.000 jeunes en service auprès d’environ 5.000 entreprises belges issues du secteur privé, dont relèvent aussi bien des PME que des grandes entreprises. Cette analyse a été effectuée sur le même groupe d’employeurs au cours des cinq dernières années, ce qui donne une idée précise de l’évolution concernant le départ des jeunes.