Éditorial – ‘Jamais sans mon compagnon Intelligent et Artificiel’, le (probable) futur mot d’ordre des travailleurs.

De la transformation numérique à l’invasion programmée de l’Intelligence Artificielle (IA), une partie du rôle des People Managers consiste à penser (et parfois… à panser) notre relation aux outils digitaux. De quelle manière la technologie va-t-elle transformer nos habitudes de travail ? Toutes les fonctions et tous les secteurs sont concernés par la révolution en cours.
Alors que certains d’entre nous s’interrogent encore quant à l’impact de l’IA sur le volume de l’emploi, nous sommes déjà en train de changer d’ère. Il est (déjà) passé le temps des plateformes numériques déployant la puissance de l’Intelligence Artificielle. Nous entrons dans l’ère des compagnons digitaux personnels qui s’installent dans le quotidien des travailleurs, sur les plans professionnel et privé évidemment.

A l’origine, il y avait la gestion de l’angoisse. Les travailleurs se demandent simplement si leurs jobs vont disparaître sous l’effet de la numérisation? Nous en sommes encore à essayer de répondre à l’inquiétude affichée par nos collaborateurs. Sans réel impact ni rassurance au fond… Nous ne voulons pas éluder la question mais reconnaissons que non seulement, nous n’avons aucune certitude sur ce sujet et que par ailleurs, le choix de maintenir telle ou telle fonction au lieu de la confier à un logiciel ou un automate nous appartient. Aujourd’hui, le véritable enjeu consiste à définir le mode de coexistence qui va s’imposer entre l’humain et le digital. Essayons pour voir…

Fini le modèle de délégation des tâches récurrentes aux outils digitaux !

Nous avons vécu longtemps sur l’idée consistant à sous-traiter les tâches automatisables aux plateformes et assistants numériques. Cela va beaucoup plus loin désormais. L’IA nous donne un accès facile et prémâché à toutes les connaissances répertoriées, à n’importe quel endroit et n’importe quel instant. Elle est aussi une aide à la création particulièrement efficace. A nous dès lors d’intégrer ces outils dans nos pratiques avec des motivations qui peuvent être diverses : gain de temps et de productivité, rigueur et validité des données, amélioration de la qualité de nos prestations…

Une maîtrise certaine du potentiel de l’IA, par exemple, peut à coup sûr nous aider à accroître le niveau de performance et de réactivité de nos organisations. Elle participe aussi à la quête du mieux-être au travail. Qui pourrait encore prétendre le contraire ?

Compenser notre déficit d’attention

Les compagnons IA permettent également de résoudre une problématique à laquelle nous sommes toutes et tous confrontées, clairement entretenue par la transformation numérique. Notre capacité de concentration diminue de jour en jour. Les effets ne sont pas forcément négatifs. Sur-sollicités et désormais habitués à consommer les infos sous forme de punchlines qui se succèdent, nous sommes en train de développer une capacité à enchaîner des micro-tâches à grande vitesse. Mais nous devenons aussi progressivement incapables de maintenir un niveau d’attention soutenu pendant plus de quelques minutes. C’est le constat récurrent que nous devons faire à l’issue de nos conversations, réunions et autres formats d’échange. C’est grave, docteur ? Pas vraiment.

Avec l’assistance de l’IA, nous pouvons connecter les données éparses que nous traitons et les organiser de façon logique dans nos agendas et autres to-do-listes… Il nous reste à décider de l’ordre de priorité des tâches à accomplir. Et si nous n’y arrivons pas, nos compagnons peuvent s’en charger pour nous.

Au risque de devenir dépendants et… idiots.

Malheureusement, tout n’est pas si rose. Lorsque notre compagnon IA prend ses quartiers dans notre smartphone, la probabilité est grande que nous cédions à un phénomène hyper addictif… Risquons-nous d’y perdre notre capacité à réfléchir ? Ce n’est pas impossible. A force de confier notre ‘destinée’ à nos assistants digitaux, nous augmentons notre niveau de dépendance aux données qui organisent notre vie quotidienne. Et ce que nous perdons à coup sûr, c’est la mémoire – mais à quoi cela peut-il bien servir encore? (ironie) – et surtout notre aptitude à établir des liens entre des sujets qui viennent d’univers différents.

Ce sont les raisons pour lesquelles nous sommes invités à revoir jour après jour la relation de pouvoir qui nous lie à ces nouveaux compagnons virtuels : restons-nous capables de gérer notre addiction et de préserver ainsi notre capacité à nous en affranchir dès que nécessaire ?

Nous sommes entrés dans une nouvelle dimension en ce qui concerne l’interaction entre l’humain et la ‘machine’. Celle-ci, placée sous le signe de l’accompagnement personnel, peut contribuer à une véritable amélioration de notre bien-être. Pourquoi s’en priver alors ? Il nous reste à définir, au-travers de la technologie elle-même, de la régulation et des usages, comment cette interaction va modifier notre approche du travail ainsi que notre sphère privée.

Puisque notre rapport au monde, ainsi que notre relation à nos semblables, ne transite pas seulement par des écrans ni par des corrélations logiques, à nous de décider la place que nos compagnons IA occuperont à nos côtés.

Jean-Paul Erhard

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