Comment se sent le Belge sur son lieu de travail? Pouvons-nous librement afficher notre humeur et défendre notre opinion? Plus de 8 Belges sur 10 affirment que oui, mais il y a un « mais ». En général, personne ne peut par exemple être lui-même lorsque le patron est dans les parages et 60% des gens font toujours attention à la manière dont ils s’expriment. Cela pourrait toutefois changer, car près de la moitié prédit un avenir sans « filtre professionnel ».
81,8% des Belges ont le sentiment de pouvoir être eux-mêmes au travail. Bien que nous affirmions pouvoir être nous-mêmes, il y a des limites. Pour près de 6 Belges sur 10, le professionnalisme prime sur le confort personnel, et près de 65% trouvent tout à fait acceptable que leur entreprise impose un code de conduite.
Plus de la moitié des Belges trouve que personne ne peut être lui-même lorsque le chef est dans les parages.
Près de la moitié des Belges (46,9%) pense que nous évoluerons vers une société où plus personne n’acceptera de devoir se comporter autrement.
Pour 45,5% des Belges, « être soi-même au travail » est surtout une question de flexibilité en ce qui concerne l’organisation de la journée de travail, allant de la planification de rendez-vous au fait de travailler lorsqu’on se sent inspiré, en passant par la prise de pauses. « Être soi-même » est également associé au fait d’exprimer notre humeur (34,2%), qu’elle soit positive ou négative, et notre opinion (25,5%), sans trop mâcher ses mots.
La grande majorité des Belges (86,9%) trouve positif de pouvoir être soi-même au travail et y voit beaucoup d’avantages. Ceux qui peuvent réellement être eux-mêmes sur leur lieu de travail s’y sentent mieux (39,3%). Ils remarquent aussi que cela se traduit par de meilleurs résultats (36,4%). Environ un tiers se sent par ailleurs plus créatif.
Il y a toutefois un revers à la médaille : un tiers des gens pense que ce qu’ils partagent avec leurs collègues ou leur patron peut aussi être utilisé contre eux et un cinquième voit augmenter le risque que leurs collègues parlent sur leur dos.
Evi Baeten, Marketing & Communication Manager d’ASAP.be : « Dans notre métier, nous sommes au quotidien en contact tant avec des candidats qu’avec des entreprises. L’expérience nous a appris qu’il est important de découvrir la vraie personnalité d’un collaborateur potentiel. Nous prenons dès lors le temps et ne ménageons pas nos efforts pour mettre au jour les motivations et les talents de nos candidats. Et cela porte ses fruits, car il n’y a qu’ainsi que nous pouvons leur trouver un lieu de travail qui leur convient parfaitement et où ils se sentent bien, avec à la clé une expérience professionnelle positive. »
Être tout à fait soi-même ou pas ?
La grande majorité des Belges (81,8%) affirme pouvoir être soi-même au travail. Les Flamands se sentent clairement plus à l’aise sur leur lieu de travail que les Wallons (86% contre 76%). Il y a toutefois également des limites. Ainsi, pour 58,4% des Belges, le professionnalisme prime sur le confort personnel. 6 sur 10 affirment également toujours formuler leur avis avec diplomatie au travail. Plus de 60% des Belges trouvent qu’il est important de montrer sa vraie personnalité, mais qu’il vaut mieux garder certaines choses pour soi. 46% parlent de choses et d’autres au travail, mais évitent les sujets plus personnels. Les femmes sont un peu plus enclines que leurs collègues masculins à partager des choses importantes de leur vie privée au travail (hommes : 36%, femmes : 48%).
Nous estimons aussi que notre employeur a le droit de définir certaines règles. Près de 65% trouvent ainsi normal que leur entreprise impose un code de conduite ou un code vestimentaire. Plus de la moitié des Belges (53%) adapte dès lors son style vestimentaire pour aller travailler. Environ un quart des hommes indique avoir une garde-robe avec des vêtements plus décontractés et une autre avec des vêtements plus habillés pour aller travailler, contre 16% des femmes. Cependant, 17,5% des Belges refusent de faire la moindre concession quant à leur style.
Le filtre professionnel entrave la créativité et l’innovation.
Près de 1 Belge sur 5 affirme toutefois ne pas avoir le sentiment de pouvoir être lui-même sur son lieu de travail. Et plus de 40% trouvent aussi tout à fait normal de se comporter autrement au travail. Les raisons sont diverses. 38,7% de ces gens ne trouvent pas convenable de tout partager ainsi au travail et 33% n’ont simplement pas envie de dévoiler des informations sur leur vie privée à leur patron et à leurs collègues. D’autre part, nombre de gens (36,3%) ne se sentent pas à l’aise de s’ouvrir aux autres dans un contexte professionnel parce que ce dernier ne s’y prête pas.
Ce filtre professionnel semble surtout entraver la créativité et l’innovation. Les personnes ne pouvant pas être elles-mêmes gardent souvent leurs idées pour elles. 1 personne sur 5 affirme ainsi ne pas oser donner son opinion concernant des améliorations éventuelles devant un groupe et un peu moins de 20 % n’osent pas exprimer leurs idées créatives.
Elke Van Hoof, professeur à la VUB : « Les résultats de l’enquête confirment une nouvelle fois que l’autonomie et l’authenticité – le sentiment de pouvoir décider par soi-même de la manière de mener une tâche à bien ainsi que le jour sous lequel nous nous montrons lorsque nous accomplissons cette tâche – restent deux éléments importants pour nos travailleurs. À côté de la recherche de sens et de l’implication, l’autonomie est toujours considérée comme un ingrédient magique pour un bien-être accru au travail pour les collaborateurs et un meilleur RSI pour les entreprises. Pour nous épanouir sur notre lieu de travail, il est crucial de continuer à miser sur ces éléments. La communication est à cet égard centrale. Nous voulons pouvoir montrer qui nous sommes au travail et cela implique aussi de pouvoir dire ce qui ne va pas. Créer une culture du feed-back ouverte facilitera davantage ce sentiment d’appartenance et favorisera au final la créativité et la productivité. »
Culture et hiérarchie
Il n’est pas surprenant que la grande majorité des gens (82,7%) trouve que la culture d’entreprise est un élément déterminant pour l’authenticité dont font preuve les collaborateurs. Mais qu’en est-il de l’influence du patron? Et dans quelle mesure sa manière de diriger est-elle authentique ? Plus de la moitié des Belges (52,5%) affirme que personne ne peut être soi-même lorsque le patron est dans les parages. Un sentiment surtout ressenti par les travailleurs wallons (65%). 17% des Belges pèsent leurs mots lorsque leur patron est là. 1 Belge sur 3 pense aussi que le chef n’aime pas quand on se livre trop. Une idée bien plus présente chez les travailleurs âgés de 35 à 54 ans (40%) que parmi la génération d’en dessous (25% des 18-34 ans).
Lorsqu’il est question du comportement du patron lui-même, près de 40% des Belges ne trouvent pas acceptable que ce dernier dévoile des éléments de sa vie privée.
Les choses sont différentes quand le patron n’est pas là. 9 Belges sur 10 trouvent qu’on doit pouvoir être soi-même entre collègues. Mieux encore, 75% ne supportent pas quand leurs collègues se comportent différemment au travail.
Elke Van Hoof : « Les résultats en lien avec l’expérience des collaborateurs à l’égard de leurs supérieurs sont révélateurs des défis auxquels les employeurs sont confrontés. Près de 4 Belges sur 10 trouvent que le manager ne peut pas être lui-même! Et la majorité des collaborateurs se comportera différemment en présence de ses supérieurs. Nous sommes à une époque où nous voyons toujours plus les dirigeants comme des figures clé du bien-être au travail… Comment peuvent-ils intervenir à temps lorsqu’un travailleur cesse peu à peu d’aimer son métier mais n’ose pas le dire en leur présence? À cet égard, tant les supérieurs que les collaborateurs ont besoin d’être encadrés. »
Un avenir sans filtre ?
1 Belge sur 8 (13%) affirme qu’il envisage actuellement de changer de travail afin de pouvoir être davantage lui-même. Parmi les collaborateurs qui disent ne pas pouvoir être eux-mêmes sur leur lieu de travail, pas moins de 30% envisagent de changer de boulot.
Les collaborateurs plus jeunes voient surtout les avantages de l’authenticité au travail (≤ 34 ans : 93%, 35-54 ans : 84%, 55 ans et + : 84%), ce qui ne manquera pas d’avoir une influence sur la culture d’entreprise de demain. Près de la moitié des Belges (46,9%) pense que nous évoluerons vers une société où plus personne n’acceptera de devoir se comporter autrement.
Evi Baeten : « Nous remarquons aujourd’hui un mouvement « back to basics » dans la société de consommation, où tout doit être pur et authentique. Nous sommes convaincus que cette tendance se manifestera également sur le marché du travail. Surtout quand on sait que les groupes cibles plus jeunes constitueront une part toujours plus importante de la population active. Ils tiennent à être acceptés et appréciés pour ce qu’ils sont vraiment. C’est là que réside en grande partie leur motivation. Pour « innover » sur le marché du travail, il convient donc d’opérer un retour à l’authenticité et ASAP.be mise déjà pleinement là-dessus aujourd’hui. »
Elke Van Hoof : « Nous nous trouvons manifestement dans une phase de transition, passant d’organisations dirigeantes à des écosystèmes qui sont flexibles à l’égard du client tout en bâtissant une communauté axée sur les collaborateurs. De plus en plus d’entreprises redéfinissent l’offre à leurs collaborateurs en réponse à la pénurie de talents sur le marché du travail. Et nous le faisons toujours plus en dialoguant. Sous la pression des plus jeunes générations, qui ont d’autres aspirations et une voix claire. Celles-ci choisissent de plus en plus souvent une entreprise avec une vision qui est tournée vers le bien-être au travail et non le profit. »
Source : ASAP.be – Enquête en ligne indépendante menée par le bureau d’études iVOX auprès de 1000 Belges.