Se former dans son canapé, le rêve de tous les étudiants, non? Les MOOCs (Massive Open Online Classe) se multiplient désormais, y compris dans le cadre universitaire. L’UCL a entamé depuis quelques mois une recherche sur les MOOCs histoire de vérifier si ces cours en ligne sont pertinents en matière d’enseignement et s’ils atteignent les objectifs de qualité des cours.
Les premiers résultats sont positifs : tant les professeurs que les étudiants plébiscitent les MOOCs… et n’imagineraient même plus faire marche arrière ! A la barre de cette recherche financée par la Chaire Treetop (Fondation Louvain), Sophie Dandache, diplômée en psychologie et statistiques, docteur en sciences de l’éducation, multilingue et ravie d’entamer ce travail de fond, inédit en Europe et même à l’international: « Nous sommes la première université à s’attaquer à ces questions, de manière empirique, en analysant tant les chiffres que les retours des étudiants et professeurs ».
A la clé, plusieurs objectifs : évaluer la qualité des MOOCs ; préciser ce que ces Massive Open Online Classes apportent aux étudiants… et aux enseignants qui les construisent ; enfin, évaluer l’apport de cette aventure pour l’université.
En termes de méthodologie, Sophie Dandache a interrogé, via des questionnaires scientifiques des étudiants tant belges qu’internationaux ; ainsi que tous les professeurs de l’université qui donnent des MOOCs, via des questionnaires et des entretiens en face à face. L’idée était de savoir si ces cours en ligne ont modifié leur perception de la façon de donner cours. Côté étudiants, l’objectif était de connaître leur avis sur le système des classes inversées (la matière est apprise par l’étudiant via le MOOC, chez lui et le temps de cours est utilisé pour des Q/R avec le professeur) et de les comparer avec les autres cours.
« Nous en sommes aux prémices de la recherche et déjà, les premiers constats fusent », s’enthousiasme la chercheuse. Certains détracteurs prédisaient la fin de l’université avec l’arrivée des MOOCs ? « La question ne se pose même plus. A cause du besoin, clairement établi, qu’ont les étudiants d’être en contact avec les enseignants ». Des professeurs qui sont, eux aussi, ravis : « cela a changé leur perception de l’enseignement, les étudiants sont plus motivés et ils peuvent utiliser leur présence en auditoire pour de l’interactif, organiser des débats, faire vivre leur matière ». Quant aux étudiants internationaux ? « Cela leur a permis de découvrir une université qu’ils ne connaissaient pas nécessairement auparavant et d’apprécier la qualité de notre formation, unanimement mise en avant dans les questionnaires de satisfaction ! »
99 % des professeurs interrogés déclarent ne plus vouloir changer leur manière de donner cours, soit autrement que par le biais des MOOCs. Les avantages pour eux sont multiples : la motivation, le fait de pouvoir revisionner le contenu du cours lorsqu’un point de la matière n’a pas été bien compris, ou encore l’occasion pour les profs de se remettre en question et d’améliorer leur cours. Parmi les points négatifs, seule la charge de travail considérable lors de l’élaboration du MOOC est mise en avant.
Autres constats de cette recherche, le public qui suit les MOOCs : davantage un public éduqué, ayant déjà un diplôme, hétérogène (classes sociales diverses) mais par contre très homogène au sein d’un même MOOC (« International Law » est principalement suivi par des juristes). Les MOOCs permettent aussi à certaines franges de la population d’avoir accès à l’enseignement (le MOOC « ressources naturelles et développement durable » est très suivi en Afrique) ou de reprendre des études (le MOOC « découvrir le marketing » ou « finance » sont essentiellement suivis par des personnes à la recherche d’un emploi).