Les professionnels des pays occidentaux sont moins ambitieux et moins intéressés par le travail que leurs homologues du ‘Sud’, révèle une nouvelle étude mondiale réalisée par Amrop, une société de conseil en leadership et en recherche de cadres de premier plan à l’échelle mondiale.
« Le dynamisme et l’ambition de l’Inde, du Brésil et de la Chine contrastent avec le vieillissement des sociétés occidentales. Les pays occidentaux étant également confrontés à une pénurie de professionnels qualifiés, l’ambition de leur main-d’œuvre devient un facteur décisif pour la croissance, la réussite économique et la préservation des richesses », déclare Annika Farin, titulaire de la chaire mondiale d’Amrop. « Les parties prenantes devraient encourager l’esprit d’entreprise et favoriser l’intérêt pour le développement professionnel et personnel des travailleurs. »
Notamment, 92% des Indiens et 87% des Brésiliens déclarent aimer travailler, alors que ce sentiment est moins fort en Allemagne (71%), aux États-Unis (69%) et au Royaume-Uni (68%), ainsi que dans d’autres pays européens. Des variations significatives apparaissent dans la manière dont les répondants établissent les priorités de leur carrière : En Inde, 84% des personnes interrogées affirment qu’une carrière réussie est essentielle pour mener une vie agréable, ce qui est également le cas en Chine (71%) et au Brésil (70%). À l’inverse, seuls 43% des Allemands, 40% des Français et 37% des Polonais partagent ce point de vue. Dans d’autres pays occidentaux tels que les États-Unis et le Royaume-Uni, plus de la moitié des personnes interrogées considèrent que leur carrière est essentielle pour mener une vie agréable.
L’Inde est en tête avec une éthique du travail et un équilibre entre vie professionnelle et vie privée impressionnants
Toutefois, des divergences d’éthique professionnelle sont également apparues dans les pays occidentaux, 70% des Américains donnant la priorité au travail acharné, ce qui contraste fortement avec les 35% de Français partageant la même opinion. Dans ce contexte, l’Inde arrive en tête avec 75%, dépassant le Brésil (55%) et la Chine (63%). Les professionnels chinois privilégient également leur carrière par rapport à leur vie privée. Les heures de travail révèlent des distinctions : 46% des Chinois et 42% des Indiens sont prêts à travailler plus de 40 heures, tandis que 29% des Britanniques, 27% des Allemands et seulement 16% des Français sont ouverts à un allongement de la durée du travail. Dans le même temps, 73% des Indiens et 59% des Chinois affirment avoir un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée, contre 45% en France et 49% en Allemagne.
« Cette observation est intrigante. Travailler moins d’heures n’améliore pas nécessairement la perception de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. S’il existe un lien, il semble que ce soit dans l’autre sens : les professionnels disposés à travailler plus longtemps semblent également avoir un meilleur sens de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. En Europe, en particulier, nous avons besoin d’études de suivi pour déterminer l’origine de ces sentiments, afin de savoir comment raviver la passion du travail », déclare M. Farin.
Le manque d’ambition des dirigeants s’étend à la politique
D’autres résultats de l’enquête montrent que les pays du Sud aspirent davantage à occuper des postes de direction et à entreprendre. En particulier, 76% des Indiens expriment le souhait de diriger ou de gérer une entreprise, suivis par 66% des Brésiliens et 54% des Chinois. En revanche, le Royaume-Uni (52%), les États-Unis (49%), la France (37%) et l’Allemagne (36%) sont à la traîne en ce qui concerne ces aspirations. Le manque global d’ambition en matière de leadership s’étend à la politique, les personnes interrogées estimant qu’il s’agit de la carrière la moins souhaitable dans la plupart des pays. Seuls 19% expriment une motivation pour avoir un impact positif, 51% donnant la priorité à la stabilité financière et 39% visant un style de vie spécifique.
Au vu de ces résultats, M. Farin souligne une autre préoccupation : « En interrogeant des personnes titulaires d’au moins une licence dans différents pays, nos résultats soulèvent une question cruciale : Si la plupart des professionnels n’ont pas l’ambition de devenir des dirigeants de haut niveau, qui façonnera l’avenir des économies et des sociétés? Nos sociétés s’appuient sur les personnes, leur expertise et leur motivation. Nous approchons-nous d’un avenir où nous remettrons en question non seulement le leadership des entreprises, mais aussi le leadership national? »
Source: une enquête en ligne a été menée et a permis de recueillir des informations auprès de 8.000 participants, dont 1.000 pour chacun des pays suivants : Brésil, Chine, France, Allemagne, Inde, Pologne, États-Unis et Royaume-Uni. L’enquête s’est efforcée d’être représentative de ces diverses nations, en recueillant les points de vue d’individus âgés de 20 à 60 ans (Génération Z): 20-26, jeunes milléniaux: 27-34 ans, anciens milléniaux: 35-42, Génération X: 43-60), tous possédant au moins une licence. Le cas échéant, les résultats rapportés représentent les deux premiers ensembles de réponses (tout à fait d’accord/d’accord).