Le « task masking », un nouveau phénomène sur les lieux de travail?

Faire semblant d’être très occupé par une tâche professionnelle, tout en étant – en réalité – en train de scroller sur les médias sociaux ou d’envoyer des messages : voilà ce qu’on appelle le « task masking », un phénomène devenu courant sur les lieux de travail. Surtout chez les jeunes. La moitié des travailleurs belges font parfois semblant d’être très occupés et chez les jeunes, ce chiffre atteint même 63,1 %. « Un conseil aux employeurs : encouragez vos collaborateurs à travailler de manière axée sur les résultats plutôt que de simplement surveiller l’horloge », explique Evy Sadicaris de Liantis.

Tendance sur les médias sociaux

Les vidéos sur TikTok avec des conseils pour réussir à faire semblant de travailler ne mentent pas : le #taskmasking est une nouvelle « tendance ». Surtout chez les jeunes, mais aussi chez les travailleurs plus âgés, selon une enquête menée par le groupe de services RH Liantis auprès de 521 Belges actifs. Pas moins de 63,1 % des travailleurs de moins de 35 ans déclarent le faire de temps en temps. Chez les 35-54 ans, le chiffre est de 48,9 %. En moyenne, la moitié des travailleurs belges font donc occasionnellement du « task masking ».

« Cela n’a pas grand-chose à voir avec l’âge, mais surtout avec un manque de motivation », déclare Evy Sadicaris, psychologue du travail. « Souvent, c’est parce que les gens ne trouvent pas leurs tâches suffisamment utiles ou porteuses de sens, parce que les collaborateurs ne sont pas en phase avec les normes et les valeurs de l’entreprise, ou parce qu’ils ont l’impression d’avoir trop peu d’autonomie. « Une autre raison est peut-être aussi qu’ils ne se sentent pas suffisamment compétents pour mener certaines tâches à bien. »

Mais que font ces collaborateurs pendant qu’ils sont soi-disant « au travail » ? L’enquête révèle plusieurs choses : faire défiler les médias sociaux, appeler ou envoyer des messages à des amis, faire des achats en ligne ou écouter de la musique. Autre fait marquant : 27 % des répondants affirment travailler effectivement, mais beaucoup plus lentement. « En fin de compte, les gens commencent très souvent par les tâches faciles avant de passer aux plus difficiles. Pourtant, ce sont souvent ces dernières qui ont le plus d’impact », explique Evy Sadicaris.

Réunions plus longues

Une personne sur dix admet qu’il lui arrive de faire chaque jour semblant de travailler, alors qu’il n’en est rien. Un quart le fait au moins une fois par semaine. Plus étonnant encore : un cinquième le fait également pendant plus d’une demi-heure à chaque fois

Un collaborateur sur dix fait du « task masking », par exemple en inscrivant dans son agenda des réunions plus longues que leur durée réelle ou, pire encore, en inscrivant dans son agenda des réunions qui n’existent pas.

Les collaborateurs le font principalement pour être un peu plus détendus sans être jugés comme paresseux par exemple par leur supérieur ou leurs collègues (26,5%), pour éviter d’avoir encore plus de tâches à accomplir (18%) ou pour se relaxer entre deux tâches (17,8%). Faire une petite pause occasionnelle dans une journée de travail, c’est bien sûr possible, mais ceux qui le font régulièrement risquent de se retrouver en situation de « bore-out » », avertit Evy Sadicaris. « De toute façon, il est impossible de rester concentré pendant huit heures d’affilée. Mon conseil est donc : travaillez environ 50 minutes avec une concentration maximale, puis essayez de vous changer les idées pendant 10 minutes, par exemple en faisant une petite promenade ou simplement en vous levant pour vous dégourdir les jambes. Cela dit, c’est évidemment très personnel, et il faut voir ce qui fonctionne le mieux pour vous – et donc aussi pour votre employeur – afin d’être aussi productif que possible. »

Difficile à cacher aux collègues

Bien que ces « task maskers » partent du principe qu’ils peuvent réussir à cacher ce comportement à leurs collègues et à leurs supérieurs, cela ne passe pas inaperçu. Pas moins de 71,3% déclarent avoir déjà surpris des collègues. Ils le remarquent principalement parce que ces personnes sont plus souvent absentes de leur poste de travail (44%), parce qu’elles déclarent ne pas avoir accompli des tâches qui ne devraient pas prendre tellement de temps (35,2%) et parce qu’elles ne se concentrent que lorsque leur supérieur est présent (32,9%).

Pourtant, il s’avère qu’il n’est pas facile de demander des comptes à un collègue à ce sujet. Près de six personnes sur dix déclarent ignorer ce type de comportement pour éviter tout conflit. 15,1% essaient de compenser le comportement de leur collègue en travaillant eux-mêmes plus dur. 26% essaient de faire des allusions subtiles pour indiquer qu’une tâche ne devrait pas prendre autant de temps. 11,8 % le signalent à leur supérieur. « Le mieux est de demander directement à votre collègue ce qui se passe. Si cela ne donne rien, vous pouvez vous adresser à votre supérieur. Faites-le en toute discrétion. Dites-lui que la collaboration ne se passe pas bien, mais n’en évoquez pas la raison », conseille Evy Sadicaris.

Fixer des priorités

Que pouvez-vous faire en tant que travailleur et employeur pour remédier à ce phénomène ? « Si vous remarquez que vous faites trop du « task masking » , n’hésitez pas à signaler que certaines tâches vous motivent trop peu. Vous pourrez ainsi voir avec votre supérieur comment aborder le problème. Si le problème persiste, il est important qu’en tant que collaborateur vous osiez voir vous-même si la fonction et/ou l’employeur vous conviennent. »

« Un conseil aux employeurs : encouragez vos collaborateurs à travailler de manière axée sur les résultats plutôt que de simplement surveiller l’horloge », explique Evy Sadicaris de Liantis. « En tant que supérieur, il est judicieux d’établir des priorités avec le collaborateur. Ne vous substituez pas à lui dans cet exercice de réflexion. Faites une liste ensemble. Il est important que votre travailleur fixe lui-même à terme les priorités. Donnez-lui également son mot à dire sur cette liste et demandez-lui si une fois ce bilan établi, les choses lui semblent faisables. »

 

Source: Liantis

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