Les fédérations patronales prédisent un début d’année 2024 sombre pour l’emploi: les entreprises peinent à digérer l’augmentation des coûts salariaux.

Deux fois par an, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) interroge ses fédérations sectorielles pour mesurer la température économique. Sur la base de cette enquête (réalisée en novembre), elle fait le point sur la situation économique belge. Les chiffres macroéconomiques des trois premiers trimestres de 2023 montrent que l’économie belge a mieux résisté que ce que l’on aurait pu attendre à la suite de la plus forte poussée inflationniste depuis les années 1970. Durant cette période, les investissements des entreprises ont également connu une croissance étonnamment forte de 8,5% par rapport à l’année précédente. L’enquête de novembre révèle toutefois une situation moins favorable.

En effet, les secteurs ayant connu un recul de leurs activités au cours des six derniers mois sont nettement plus nombreux que ceux ayant enregistré une évolution inverse. Et il en va de même pour les prévisions pour les six prochains mois. Si on examine ces résultats de plus près, on constate que l’économie belge évolue actuellement à deux vitesses : un secteur des services qui continue à surfer sur une forte vague de rattrapage post-COVID-19 et un secteur industriel (fortement représenté dans notre enquête) qui voit la production et l’emploi décliner en raison d’une détérioration de la compétitivité due à une forte augmentation des coûts salariaux et énergétiques.

Un secteur des services en pleine forme masque une récession industrielle

Au troisième trimestre, l’économie belge a connu une croissance plus rapide que prévu, soit +0,5% par rapport au deuxième trimestre. Par conséquent, la croissance du PIB belge s’est encore légèrement renforcée pour atteindre 1,5% au troisième trimestre.

Cette performance meilleure que prévu est principalement due à la forte croissance de la consommation des ménages. Ceux-ci ont pu bénéficier d’une solide augmentation de leur revenu réel disponible grâce à l’indexation automatique des salaires et à une situation toujours favorable sur le marché du travail. En outre, il était encore question d’une demande de rattrapage post-COVID-19 qui a permis à un certain nombre de secteurs des services, tels que l’horeca, le tourisme et l’événementiel, d’enregistrer de très bons résultats. Ces secteurs auraient progressé de plus de 2,5% en 2023.

À l’opposé de ces bons résultats, on trouve un secteur industriel très en difficulté dans certains segments à forte intensité énergétique (chimie, papier, verre, textile), un secteur de la construction neuve sévèrement touché par la hausse des taux d’intérêt et un secteur du commerce encore mal armé pour faire face à la concurrence du commerce électronique et des achats transfrontaliers.

Depuis septembre, les mauvaises nouvelles pour la construction, l’industrie et le commerce se multiplient : fermetures d’entreprises, faillites en forte augmentation et nette détérioration de l’indicateur conjoncturel de la BNB dans ces secteurs.

Les résultats de l’enquête de novembre auprès de nos fédérations sectorielles confirment cette récente tendance défavorable. 60% de nos secteurs indiquent que l’activité est plus faible aujourd’hui qu’il y a six mois, et ils sont également plus nombreux (28%) à prévoir une nouvelle baisse pour les six prochains mois qu’une amélioration (11%).

Le fait qu’aucun secteur industriel ne s’attende à une amélioration et qu’aucun secteur des services ne s’attende à une détérioration est caractéristique de l’évolution conjoncturelle ambivalente de notre économie.

« Nous constatons que les industries belges et européennes sont confrontées à une détérioration structurelle de leur compétitivité. En effet, l’ensemble de l’industrie européenne souffre des prix du gaz et de l’électricité qui, malgré la baisse récente, sont encore 4 à 5 fois plus élevés qu’aux États-Unis ou en Asie. En ce qui concerne spécifiquement l’industrie belge, vient s’y ajouter une aggravation du handicap des coûts salariaux par rapport aux trois pays voisins de 4 à 5 points de pourcentage au cours des deux dernières années », souligne Edward Roosens, Chief Economist à la FEB.

De sombres perspectives pour l’emploi

Dans notre enquête, le changement le plus important concerne l’emploi. Alors qu’en mai, on dénombrait à peu près autant de secteurs prévoyant une augmentation de l’emploi que de secteurs prévoyant une diminution (respectivement 22% et 28%), en novembre, la tendance est nettement à la baisse (respectivement 6% et 41%).

Certaines réponses sont en outre singulières. Au cours des six derniers mois par exemple, le secteur des TIC a connu une baisse de l’emploi pour la première fois en dix ans, ce qui n’est pas surprenant après une indexation des salaires de 11,08% au sein de la CP 200 en janvier 2023. Cet assombrissement des perspectives d’emploi suggère que le ralentissement de l’économie et la forte augmentation des coûts salariaux incitent peu à peu les entreprises à réduire leurs effectifs, par exemple en ne remplaçant plus toutes les personnes qui partent.

Les entreprises investissent dans leur résilience pour l’avenir

En 2023, les investissements des entreprises ont enregistré une croissance étonnamment forte (+ 8,5%). L’enquête montre que vu la forte augmentation des coûts salariaux, des entreprises investissent à nouveau davantage dans l’automatisation, pour réaliser des économies sur les frais de main-d’œuvre. Cependant, la dynamique d’investissement a été principalement portée par des investissements dans l’innovation, l’écologisation et la digitalisation.

Recommandations politiques

Comme l’année 2024 sera marquée par des élections, la FEB formule quelques recommandations politiques à l’adresse de la nouvelle équipe qui sera mise en place. Un « pacte visant à rétablir la compétitivité de la Belgique » devra en effet être mis en œuvre durant la nouvelle législature. Ses principales composantes seront les suivantes :

  1. poursuite de l’application correcte de la loi sur la norme salariale et réforme du mécanisme d’indexation (ou idéalement suppression de l’une et de l’autre) ;
  2. réduction substantielle et structurelle des charges pesant sur le travail ;
  3. maintien des incitants fiscaux pour la R&D et l’innovation ;
  4. réduction des charges administratives pour les entreprises ;
  5. politique vraiment encourageante en matière d’apprentissage tout au long de la carrière ;
  6. assouplissement de la législation sur le travail (notamment en ce qui concerne le travail du soir).

« Le prochain gouvernement aura trois missions difficiles à remplir : assainir les finances publiques dans le rouge, sortir l’industrie belge du marasme et empêcher l’emploi de régresser. Il s’agira de remplir avec succès ces trois missions, étroitement liées, si nous voulons continuer à évoluer vers un déficit budgétaire inférieur à 3%, un taux d’emploi de 80% et un tissu économique durable. Attelons-nous donc rapidement à l’élaboration d’un pacte de relance décisif et efficace qui renforcera la compétitivité de nos entreprises et la prospérité dans notre pays », conclut Pieter Timmermans, CEO de la FEB.

 

Source: FEB

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