Les travailleuses indépendantes et aidantes à titre principal gagnent en moyenne 7700 euros de moins par an que leurs collègues masculins. C’est ce qui ressort des derniers chiffres de l’Institut national d’assurances sociales pour les travailleurs indépendants (INASTI), analysés par l’expert en RH Acerta. Une bonne nouvelle est toutefois marquante : l’écart salarial entre les hommes et les femmes indépendants à titre principal a diminué de 30% au cours des 20 dernières années dans notre pays.

Ce rattrapage est dû à une plus forte augmentation du revenu moyen des femmes indépendantes par rapport à celui de leurs collègues masculins. « Ces dernières années, de plus en plus de femmes se sont lancées comme indépendantes dans les professions les mieux rémunérées, y compris, par exemple, les professions libérales. Dans le même temps, les femmes travaillent davantage et restent plus longtemps à leur compte, tandis que les hommes sont aujourd’hui plus enclins à assumer des tâches non professionnelles », expliquent les experts d’Acerta.

Dans notre pays, les hommes indépendants à titre principal gagnent en moyenne 7670 euros de plus par an que leurs collègues féminines. C’est ce qui ressort d’une analyse réalisée par Acerta sur la base des données de l’INASTI. Bien que cette différence semble importante, il s’agit en fait d’une bonne nouvelle, puisque l’écart de revenu entre les travailleurs indépendants masculins et féminins a diminué de 30% au cours des 20 dernières années dans notre pays. En 2001, la différence de revenu entre les travailleurs indépendants masculins et féminins s’élevait encore à 10 953 euros.

La diminution de l’écart salarial est visible dans plusieurs secteurs d’activité, même si tous ne pèsent pas le même poids. Si l’on examine de plus près la diminution de l’écart, on remarque en particulier l’effet des professions libérales. Dans ce secteur, l’écart salarial a diminué de 48,7%, passant de 19.781 (fin 2001) à 10.157 (fin 2021). Selon l’INASTI, les revenus les plus élevés sont également enregistrés dans ce secteur, et c’est précisément là que la proportion de femmes indépendantes a fortement augmenté ces dernières années.

Ronan Kermer, expert starters et indépendants chez Acerta, explique : « Les hommes indépendants à titre principal ont un revenu moyen de 32.012 euros, tandis que les femmes ont un revenu moyen de 24.342 euros, soit une différence de plus de 7.700 euros. La moyenne pour l’ensemble des travailleurs indépendants à titre principal est de 29.462 euros. Il existe toutefois de grandes différences entre les secteurs : les personnes qui exercent une profession libérale ont tendance à gagner plus que les travailleurs indépendants du commerce ou de l’horeca. Le rôle au sein de l’entreprise joue également un rôle : les indépendants qui sont directeurs d’une société ont en moyenne des revenus plus élevés que ceux qui ne le sont pas. »

Ronan Kermer ajoute : « Dans un magasin ou un café, les prix ne diffèrent pas selon le fait qu’il y ait un homme ou une femme derrière le comptoir. Il en va de même pour le médecin généraliste, par exemple : une consultation coûte le même prix, que votre médecin soit un homme ou une femme. Pour rappel, ce ne sont pas les biens ou les services eux-mêmes qui expliquent l’écart salarial entre les hommes et les femmes parmi les travailleurs indépendants. Quoi qu’il en soit, les salaires varient d’une profession à l’autre. Si un médecin perçoit un salaire plus élevé qu’un propriétaire de café, par exemple, et que davantage de femmes deviennent médecins, l’écart salarial entre les hommes et les femmes se réduira. C’est donc le cas. Dans les professions libérales les mieux rémunérées, c’est-à-dire les médecins, avocats, architectes…, les femmes ont été de mieux en mieux représentées au cours des 20 dernières années. Près de la moitié des femmes indépendantes exercent une profession libérale : 45% en 2024 contre 24,8% en 2004. Le fait que la proportion de femmes ait continué à augmenter davantage que celle des hommes au cours des trois dernières années suggère que l’écart s’est encore réduit au cours de cette période. »

Plus d’hommes actifs en plus de leur profession

Il existe également une deuxième explication importante à la réduction de l’écart salarial entre les travailleurs indépendants masculins et féminins. Au cours des deux dernières décennies, le revenu moyen des travailleurs indépendants masculins a augmenté nettement moins (+19%) que celui des travailleuses indépendantes (+52,5%).

Ronan Kermer continue : « L’explication de l’évolution des revenus professionnels entre les hommes et les femmes ? Un changement de mentalité. L’époque où le « cabinet du médecin » était ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 est révolue. Médecins, avocats, architectes… non seulement les femmes sont plus nombreuses, mais les hommes exerçant une profession libérale recherchent plus que jamais un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ils assument également d’autres tâches, en partie au détriment du temps consacré aux activités professionnelles. Et donc aussi en partie au détriment de leurs revenus professionnels. Pour les femmes, c’est l’inverse qui est vrai : alors qu’auparavant elles auraient été plus susceptibles de réduire leur carrière professionnelle, voire de l’abandonner, elles sont aujourd’hui plus nombreuses à travailler davantage et le revenu moyen des femmes indépendantes a donc augmenté. Dans l’ensemble, cela signifie que l’écart salarial se réduit. »

Source: Acerta a analysé les chiffres récemment publiés par l’Institut national d’assurances sociales pour les travailleurs indépendants (INASTI) concernant les revenus professionnels nets imposables. Ces revenus constituent la base de calcul des cotisations sociales des travailleurs indépendants. Les chiffres de l’INASTI se réfèrent à toutes les personnes soumises au statut social des travailleurs indépendants : les travailleurs indépendants à titre principal et complémentaire, les aidants, ainsi que les gérants et administrateurs de sociétés. Pour cette analyse, Acerta s’est limité aux travailleurs indépendants et aidants en activité principale.