Alors que 67 % des Belges utilisent régulièrement les transports en commun, les préoccupations en matière de confidentialité ne cessent de croître (source : enquête BeMob). Une nouvelle étude menée par l’entreprise de cybersécurité Kaspersky suggère que les risques de confidentialité lors des déplacements sont largement sous-estimés.
L’enquête, menée auprès de 1000 navetteurs belges, révèle que pas moins de 77% d’entre eux se sont déjà inquiétés pour leur vie privée lors de leurs trajets domicile-travail.
Conversations confidentielles
Malgré ces préoccupations concernant la confidentialité, de nombreux navetteurs continuent de mener des tâches sensibles pendant leurs déplacements. L’étude montre que 60 % des navetteurs se sentent à l’aise d’envoyer des e-mails, 43 % de modifier des documents et 38 % de partager des documents lors de leurs trajets. Il est notable que 29 % effectuent des tâches financières et 29 % participent à des réunions en ligne lors des trajets domicile-travail. Le risque ? Des informations confidentielles peuvent facilement être exposées à des regards ou oreilles indiscrets.
Il est alarmant de constater que 82% des répondants ont admis avoir déjà entendu ou vu des informations confidentielles partagées dans les transports en commun. C’est un risque majeur pour la vie privée, avec des conséquences graves pour les individus et les entreprises. Il s’agit notamment d’informations sensibles exposées, telles que des données liées à la santé (52%), des informations financières personnelles (40%), et des informations financières d’entreprise (33%). De plus, des discussions sur des stratégies d’entreprise (31%), des négociations de contrats (31%) et même des affaires judiciaires (31%) sont souvent menées en public, ce qui accroît le risque de violation de la vie privée.
Un paradoxe de la confidentialité
Les chiffres révèlent une contradiction frappante : bien que la plupart des navetteurs se préoccupent de leur vie privée, peu d’entre eux prennent des mesures efficaces pour la protéger. Parmi les répondants qui s’inquiètent de leur vie privée, 39% déclarent utiliser un filtre de confidentialité. Cependant, pour de nombreux voyageurs, la solution la plus sûre reste d’éviter de réaliser des tâches sensibles dans les transports en commun. Moins d’un tiers affirme adopter cette approche pour des affaires personnelles (31%) ou professionnelles (30%).
Jornt van der Wiel, expert en sécurité chez Kaspersky’s Global Research and Analysis Team, commente : « Cette étude montre clairement que les personnes qui travaillent pendant leurs trajets en transports en commun devraient être plus prudentes. Il semble exister une fausse perception des mesures de sécurité, comme diminuer la luminosité de l’écran, qui ne garantit pas réellement que personne ne puisse lire par-dessus l’épaule. Utiliser un filtre de confidentialité est beaucoup plus efficace. Si des tâches urgentes doivent être réalisées pendant le voyage, il est préférable de faire comprendre à l’interlocuteur que ce n’est pas le moment opportun, et d’éviter de partager des informations confidentielles. On ne sait jamais qui écoute, observe ou enregistre, et quelques bribes d’informations peuvent suffire à quelqu’un avec de mauvaises intentions pour causer des dommages. 54 % des répondants ont indiqué avoir déjà partagé ou utilisé des informations personnelles ou d’entreprise entendues dans les transports en commun. C’est donc un danger bien réel. »
Pour travailler en toute sécurité pendant les déplacements, voici quelques conseils pour protéger vos informations sensibles :
- Méfiez-vous des « shoulder surfers » : lorsque vous travaillez sur votre ordinateur portable ou mobile, soyez attentif aux personnes autour de vous qui pourraient voir votre écran. Choisissez un siège isolé si possible, orientez votre écran loin des autres et utilisez un filtre de confidentialité.
- Attention aux reflets sur les vitres : dans l’obscurité, les écrans peuvent se refléter sur les vitres, rendant le contenu visible pour les autres. Réduire la luminosité de l’écran peut diminuer ce risque.
- Surveillez les angles de vue : soyez vigilant face aux personnes qui pourraient regarder votre écran par-dessus votre épaule, surtout dans les espaces bondés comme les trains et les bus. Ajustez l’angle de votre écran et vérifiez régulièrement votre environnement.
- Protégez votre identité : veillez à ce que d’autres passagers ne puissent pas voir facilement un badge de travail ou d’autres informations pouvant être exploitées par des personnes malveillantes. Même des informations apparemment insignifiantes peuvent être utilisées à mauvais escient.
- Utilisez des méthodes de communication discrètes : pour protéger votre vie privée dans les lieux publics, utilisez des écouteurs ou un casque lors des appels téléphoniques pour éviter que les autres entendent les deux côtés de la conversation. Préférez envoyer des SMS ou des messages via WhatsApp plutôt que d’appeler, ce qui réduit le risque que vos conversations soient écoutées.
- Priorisez la discrétion : il n’est pas toujours nécessaire de répondre immédiatement à une sollicitation. Utilisez votre discernement pour évaluer quand il est vraiment nécessaire de répondre et quand il serait plus sage et plus sûr d’attendre d’être dans un environnement sécurisé.
Source: Kaspersky a interrogé 1000 navetteurs belges via un questionnaire en ligne réalisé sur PollFish en août 2024, pour recueillir leurs préoccupations et comportements liés au travail et au partage d’informations en ligne lors des trajets en transports en commun.