Le pourcentage de jours de travail non prestés pour des motifs économiques a augmenté au premier trimestre de 2019 pour s’établir à 1,41 %. En 2018, le chômage économique (CE) chez les ouvriers avait atteint un niveau historiquement bas. Le système du chômage économique sert à amortir les perturbations économiques sans que les employeurs doivent immédiatement songer à une vague de licenciements. Une petite réserve d’heures de travail est donc de nouveau disponible.
Les chiffres du CE doivent dans le même temps être surveillés de près, car ils peuvent augurer un recul économique structurel. Cela dit, le secrétariat social Acerta continue de suivre minutieusement cette évolution et constate pour le moment que le système du CE répond aux besoins auxquels il est justement supposé satisfaire.
Un chômage économique de 1,41 % donne du répit aux entreprises.
Avec 1,41 %, le pourcentage de chômage économique (CE) parmi les ouvriers dépasse de loin tant le taux du trimestre précédent (4e trimestre de 2018) que celui du trimestre identique de l’année 2018. Rien de bien surprenant à cela : le chômage économique avait chuté en 2018 à un niveau historiquement bas. Il fallait s’attendre à ce que le nombre de jours de chômage économique augmente en cas de ralentissement de l’activité économique.
Olivier Marcq, juriste chez Acerta: « Le système de chômage économique existe pour amortir les fluctuations économiques : il doit empêcher que les employeurs doivent répondre aux aléas économiques par des licenciements, comme un yoyo. Par ailleurs, le prix d’un licenciement n’incite pas vraiment à remercier des travailleurs à la moindre chute de la production économique. Cela dit, le chômage économique est bien entendu aussi un signal d’avertissement, un facteur qui doit attirer notre attention sur l’évolution de la production et de l’occupation. Nous pouvons néanmoins estimer que, dans le contexte actuel, il n’y a aucune raison de craindre que les signaux passent au rouge. Les employeurs réfléchissent à deux fois avant de se séparer trop vite de travailleurs, ils pourraient bien en avoir à nouveau besoin très rapidement. Or, ce n’est pas une mince affaire en ces temps de pénurie structurelle sur le marché du travail. Certaines entreprises n’ont parfois pas pu accepter toutes les commandes en raison de la pénurie sur le marché du travail. Quand elles se rendront compte que les heures de travail laissent une certaine latitude, elles se sentiront plus à l’aise pour accepter davantage de commandes sans devoir craindre un manque de main-d’œuvre pour exécuter le travail. Somme toute, 1,41 % de chômage économique, ce n’est donc pas encore dramatique. »
Le chômage économique fonctionne.
Après analyse des chiffres pour le 4e trimestre de 2018, Acerta a déjà constaté qu’une tendance croissante se dessinait en matière de chômage économique lors les derniers mois de 2018. Ces chiffres semblaient indiquer une légère baisse de l’activité économique. Et Olivier Marcq d’ajouter, au sujet du T4 de 2018 : « Un taux de chômage économique de 0,86 % reste très réduit, mais il s’agit bien d’une augmentation qui doit nous inciter à rester vigilants. » C’est bien ce que confirment les premiers chiffres de 2019 : nous devons rester vigilants. Il n’y a toutefois pas de quoi paniquer. « Pour cela, il faudrait que le chômage économique continue d’augmenter. Or, ce n’est pas le cas. Nous constatons que le pourcentage de CE a atteint un pic en janvier 2019 avant de retomber dans les mois suivants. Le chômage économique est avant tout un système permettant d’amortir les fluctuations économiques et, ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que ce système fonctionne. Rien ne laisse pour l’heure penser que les prochains mois amèneront dans leur sillage une augmentation significative du chômage économique. »
Bruxelles enregistre une forte croissance du chômage économique.
La Région Bruxelles-Capitale se distingue dans les chiffres du CE en ceci qu’elle affiche d’une part un pourcentage plus élevé en mars que dans les mois précédents et qu’elle enregistre d’autre part (et surtout) un chiffre peu élevé : à peine 0,16 % de chômage économique. L’augmentation par rapport au 4e trimestre de 2018 est la plus élevée de toutes les régions. « Une partie conséquente des ouvriers engagés dans la Région de Bruxelles fournit des tâches de soutien en particulier aux entreprises de services, le type de travail dont on a toujours besoin, par exemple l’entretien, la restauration, etc. L’augmentation du pourcentage de chômage économique est certes donc élevée, mais en chiffres absolus, le chômage économique à Bruxelles reste négligeable. »
La Flandre affiche traditionnellement un pourcentage de chômage économique légèrement plus élevé qu’en Wallonie et le premier trimestre de 2019 ne déroge pas à cette règle. Nous observons cette tendance à un CE plus élevé, qui toutefois ne grimpe pas de manière systématique, dans les deux parties du pays.
Olivier Marcq : « Si l’on considère le rapport entre le chômage économique et la taille des entreprises, nous constatons cette augmentation partout. Cette hausse est la plus significative lorsque le taux de CE est le plus faible, à savoir dans les entreprises de plus de 100 travailleurs. Le pourcentage étant déjà légèrement supérieur dans les plus petites entreprises, le CE y augmente de manière moins abrupte. »
Source:Acerta – les données recueillies sont basées sur les données réelles d’ouvriers en service auprès de 32 000 employeurs issus du secteur privé, auquel appartiennent aussi bien des PME que des grandes entreprises.