Rêvons un peu… Bien entendu, la lecture des recommandations de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) concernant le travail des enfants peuvent sembler utopistes depuis nos contrées. Pourtant, les conclusions de la conférence mondiale sur l’élimination durable du travail des enfants affirment qu’améliorer les protections juridiques, la gouvernance du marché du travail, les protections sociales, l’accès à une éducation de qualité et le dialogue social est primordial pour lutter contre le travail des enfants. Le rapport a été publié alors que des délégués se rassemblaient à Buenos Aires pour une conférence internationale sur l’éradication du travail des enfants.
L’OIT a appelé à redoubler d’efforts pour «reléguer le travail des enfants aux oubliettes de l’histoire», dans un rapport publié à l’occasion de la IVe Conférence mondiale sur l’élimination durable du travail des enfants , organisée à Buenos Aires du 14 au 16 novembre. « Nous avançons dans la bonne direction, mais nous devons le faire à un rythme beaucoup plus soutenu », a rappelé l’OIT dans son rapport intitulé ‘Mettre fin au travail des enfants d’ici à 2025: examen des politiques et des programmes’.
Le rapport énumère quatre «piliers» politiques essentiels dans la lutte contre le travail des enfants: renforcer les protections juridiques, améliorer la gouvernance des marchés du travail et des entreprises familiales, consolider la protection sociale et investir dans une éducation gratuite de qualité.
La législation ne peut à elle seule éradiquer le travail des enfants mais il ne serait pas non plus possible d’éliminer le travail des enfants sans législation efficace. Plus de 99,9 pour cent des enfants du monde âgés de 5 à 17 ans sont couverts par la convention (n° 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999 , que 181 pays ont ratifiée . Tout aussi largement, la convention (n° 138) concernant l’âge minimum d’admission à l’emploi, 1973 , a été ratifiée par 170 pays . Mais la transposition de ces normes dans les législations nationales demeure un immense défi, tout comme le contrôle et l’application effective des lois en vigueur relatives au travail des enfants. Il est également nécessaire de renforcer les systèmes d’inspection du travail qui peinent à atteindre les lieux de travail de l’économie informelle, là où le travail des enfants est le plus présent.
Un travail qui offre aux adultes et aux jeunes ayant l’âge légal de travailler un salaire convenable et la sécurité signifie que les ménages n’ont pas à recourir au travail des enfants ni à vivre dans l’incertitude économique. Des politiques du marché du travail, bien conçues, orientées vers les secteurs où persiste l’essentiel du travail des enfants – dans l’économie rurale et dans l’économie informelle – peuvent contribuer à infléchir la demande de travail des enfants. Parallèlement, l’établissement de cadres réglementaires est fondamental pour s’attaquer au travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement.
Pour continuer à progresser dans la lutte contre le travail des enfants, il faut des politiques qui permettent d’atténuer la vulnérabilité économique des ménages. La progression accélérée vers la protection sociale universelle est essentielle parce que la protection sociale contribue à éviter que les ménages pauvres ne dépendent du travail des enfants pour leur subsistance.
Il est largement reconnu que le moyen le plus efficace pour endiguer le flux d’enfants d’âge scolaire vers le travail des enfants consiste à améliorer l’accès au système scolaire et sa qualité. Permettre aux enfants de prendre un bon départ grâce au développement de la petite enfance, et à des programmes de garde et d’enseignement pré-primaire est l’une des stratégies les plus importantes pour assurer aux enfants un passage réussi de la prime enfance à l’école plutôt qu’au travail.
Les estimations mondiales publiées en septembre 2017 indiquent que 152 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans – près d’un enfant sur dix – sont astreints au travail dans le monde. Le travail des enfants a reculé depuis 2000, mais le rythme s’est ralenti entre 2012 et 2016. Au rythme actuel, 121 millions d’enfants seraient encore victimes du travail des enfants en 2025.
En adoptant les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies en 2015, la communauté internationale s’est engagée à éliminer toutes les formes de travail des enfants d’ici à 2025 . «Aujourd’hui, indique le rapport, nous devons transformer cet engagement renouvelé en accélérant notre action pour reléguer le travail des enfants aux oubliettes de l’histoire, une fois pour toutes.»
Source : OIT