Les jeunes sont aujourd’hui confrontés à une hausse alarmante de problèmes de santé mentale… Les nouvelles générations grandissent aujourd’hui dans un monde où tout semble aller de plus en plus vite. Réseaux sociaux, crise climatique et avenir professionnel incertain, la pression n’a jamais été aussi forte et met à rude épreuve la santé mentale des nouvelles générations.

Les recherches récentes, notamment celles menées par la Commission de psychiatrie de The Lancet, mettent en lumière une situation critique et une montée alarmante des problèmes de santé mentale chez les jeunes qui nécessitent des actions urgentes pour enrayer cette tendance.

L’étude dirigée par le professeur Patrick McGorry, expert en psychiatrie et directeur exécutif du Centre Orygen en Australie, souligne que l’emploi précaire, les inégalités intergénérationnelles et la crise climatique sont des éléments centraux qui exacerbent le mal-être des jeunes. Ces jeunes, confrontés à une instabilité généralisée et à un avenir incertain, voient leur santé mentale se détériorer à un rythme inquiétant.

Les réseaux sociaux, omniprésents dans la vie des jeunes, jouent également un rôle clé dans cette crise. Bien qu’ils soient des outils potentiels de connexion, leur usage excessif favorise l’isolement, la dépression et l’anxiété. La polarisation politique et la désinformation, amplifiées par ces plateformes, renforcent ce sentiment de détachement et d’incertitude face à l’avenir.

La précarité de l’emploi, l’accessibilité limitée au logement, et l’érosion des liens sociaux, exacerbés par un modèle économique néolibéral axé sur l’individualisme et la concurrence, constituent, pour le professeur Patrick McGorry, des sources de stress sans précédent. Cette réalité laisse les jeunes dans une situation où l’espoir d’un avenir meilleur s’amenuise considérablement.

Une réponse insuffisante

Malgré l’ampleur du problème, la réponse mondiale reste largement insuffisante. Selon l’étude rapportée par The Guardian, Les troubles mentaux représentent près de 45% de la charge de morbidité chez les jeunes âgés de 10 à 24 ans, mais seulement 2% des budgets mondiaux de la santé leur sont consacrés. La situation est encore plus alarmante dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où les besoins non satisfaits en services de santé mentale peuvent atteindre presque 100%. Pour nuancer cette étude, il faut cependant pointer qu’une analyse complémentaire menée par le King’s College de Londres révèle que la plupart des données utilisées pour les rapports proviennent de pays riches, soulignant ainsi le manque d’informations précises sur les régions les plus vulnérables.

Repenser notre société

Pour le Dr Paul Denborough, directeur clinique de Headspace en Australie et spécialiste de la santé mentale des jeunes, il est crucial de traiter les racines du problème et de s’attaquer aux causes structurelles : l’inégalité, l’instabilité économique et la marginalisation sociale. Pour le spécialiste, sans une révision profonde des politiques publiques et une réorientation des ressources vers l’équité intergénérationnelle, les mesures prises risquent de rester superficielles.

Cela dit, tout n’est pas sombre. De nombreux jeunes, conscients des enjeux, s’engagent pour créer un monde plus juste et plus solidaire. Que ce soit en plaidant pour des actions climatiques plus fortes, en réinventant les manières de travailler ou en favorisant des communautés positives en ligne, cette génération montre une détermination inspirante.

Face à un environnement parfois toxique, beaucoup trouvent des moyens de se reconnecter à l’essentiel : passer du temps avec des amis, pratiquer des activités créatives ou simplement se déconnecter des écrans pour respirer un peu. Ces gestes simples peuvent sembler modestes, mais ils sont essentiels pour préserver leur équilibre.

Mais le défi qui se pose est donc de taille : comment repenser notre société pour mieux répondre aux besoins des jeunes ?

Source: RTBF – Tipik