Avec 24 % de travailleurs à temps partiel, la Belgique se situe parmi les cinq premiers pays d’Europe utilisant ce régime. Mais quel est l’impact pour les employeurs ? La productivité du travail des entreprises (définie à la fois comme la valeur ajoutée par heure travaillée et le chiffre d’affaires par heure travaillée) est en moyenne plus élevée avec plus de travail à temps partiel dans une entreprise. Elle entraîne également une diminution des absences pour cause de maladie. Il n’existe ni d’impact positif ni négatif sur la rentabilité.
C’est ce que révèle une étude de l’IESE, basée sur les données salariales de SD Worx concernant 800.000 travailleurs de plus de 7.500 organisations du secteur privé entre 2016 et 2022 et sur les données financières de la Banque-Carrefour des Entreprises (BCE) belge.
Le travail à temps partiel est plus courant en Belgique que dans la plupart des autres pays de l’UE: avec 24 % de travailleurs à temps partiel, la Belgique se situe dans le top 5 des pays européens en la matière en 2022 : Les Pays-Bas sont le leader absolu avec 43%, suivis par l’Autriche (30%), l’Allemagne (28%) et le Danemark avec 24% à égalité avec la Belgique.
Bien que la popularité du travail à temps partiel ait diminué chez les femmes au cours des dix dernières années, elle augmente légèrement chez les hommes en Belgique. Les femmes sont cependant toujours majoritaires avec plus de 40%. Chez les hommes, on compte plus d’un travailleur sur dix (11% selon Statbel) en 2021. La majorité des travailleurs à temps partiel travaillent en quatre cinquièmes.
En moyenne, 20 à 30 % des travailleurs travaillent à temps partiel dans l’organisation
Le travail à temps partiel est plus fréquent dans les grandes entreprises : en moyenne, il varie de 20% des contrats dans les petites entreprises (moins de 10 travailleurs) à environ 30% des salariés dans les grandes entreprises (plus de 500 travailleurs).Le travail à temps partiel est plus fréquent en Flandre (32% des travailleurs) qu’en Wallonie (27%) : le travail à temps partiel est le plus fréquent en Flandre orientale (35%) et à Anvers (35%) et le moins fréquent au Luxembourg (22%) et à Liège (23%).
Jeroen Neckebrouck, professeur adjoint à l’IESE Business School : « La principale conclusion est que le travail à temps partiel a un effet positif sur la productivité des entreprises. Une augmentation de 10% de la part des travailleurs à temps partiel (par exemple, de 20% à 30%) entraîne en moyenne une augmentation de 2 % de la productivité des entreprises, ce qui est considérable. L’effet positif augmente jusqu’à 30% de contrats à temps partiel et reste ensuite stable. Cet effet se manifeste aussi bien dans les grandes organisations plus anciennes que dans les jeunes organisations plus petites. L’âge des personnes travaillant à temps partiel n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est le nombre d’années d’expérience dans l’organisation : pour les travailleurs ayant plus d’ancienneté, l’effet est plus fort. Enfin, l’effet diffère également selon le secteur : dans des secteurs tels que la construction, l’horeca, l’information et la communication, les services administratifs, les services professionnels scientifiques et techniques et l’immobilier, on observe le plus grand gain de productivité des entreprises avec une augmentation du travail à temps partiel. »
Bruce Fecheyr-Lippens, Chief People Officer chez SD Worx: « Les régimes à temps partiel demandent plus d’aménagements à l’employeur en termes de planification, mais ils n’ont pas seulement un effet positif sur le plan individuel. Le travail à temps partiel motive davantage de travailleurs à rester dans leur entreprise et à trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Pour l’organisation, c’est également une situation gagnant-gagnant, car la productivité de l’entreprise est encore plus élevée à 30 % de travail à temps partiel. Cela signifie que les organisations parviennent à répondre à la demande de plus de flexibilité. Cette étude souligne également l’importance de la rétention du personnel : des travailleurs plus expérimentés augmentent la productivité, même s’ils travaillent à temps partiel. »
Cadre juridique
Récemment, le pacte pour l’emploi a facilité la possibilité pour les travailleurs d’exercer leur emploi à temps plein sur quatre jours ou selon un régime de travail alterné (un cycle de deux semaines consécutives).
En général, la semaine de travail de 38 heures compte comme un emploi à temps plein, bien qu’il y ait des différences en fonction de la commission paritaire. La semaine de 40 heures est également courante : les heures supplémentaires sont compensées par 12 jours de congé annuels. Légalement, un maximum de 50 heures par semaine s’applique en cas de charge de travail extraordinaire. Temps partiel : pas de temps plein et un minimum de 12 heures. Dans cette étude, nous considérons 36 heures ou plus comme un temps plein. Le temps partiel désigne les travailleurs qui travaillent moins qu’à temps plein ; il s’agit principalement des travailleurs qui travaillent à quatre cinquièmes ou à mi-temps.
Source: SD Worx – l’analyse porte sur une analyse statistique multi-variée et longitudinale des données salariales du plus grand secrétariat social de Belgique sur un total de 7 575 entreprises et 824 000 salariés sur une période de 6 ans de 2016 à 2022. Selon les données de la Banque-Carrefour des Entreprises (BCE) belge, les entreprises incluses dans l’étude comptent en moyenne 27 travailleurs, 15,9 millions d’euros d’actifs, 416.000d’euros de revenus et l’entreprise existe depuis 19 ans en moyenne.