En quatre ans, nous avons pratiquement vu doubler le nombre de travailleurs occupés au niveau international en Belgique. Les Belges qui travaillent dans un ou plusieurs pays en représentent un peu plus de la moitié, tandis que la part de nationalités étrangères augmente plus fortement. L’emploi de travailleurs de nationalité étrangère en Belgique a même quadruplé. Les trois premières nationalités étrangères travaillant en Belgique en 2018 sont actuellement les Français, les Néerlandais et les Indiens. C’est la première fois que les Britanniques ne figurent pas dans le top 3.
Le nombre de travailleurs avec un profil international augmente. Ces dernières années, le nombre de travailleurs étrangers travaillant en Belgique ou dans plusieurs pays (dont la Belgique) a augmenté plus rapidement que le nombre de travailleurs belges travaillant dans un ou plusieurs pays autre(s) que la Belgique.
Le nombre moyen de travailleurs de nationalité étrangère actifs en Belgique par entreprise a également augmenté de 4,8 par entreprise en 2014 à 7,1 en 2018. La majorité de ces travailleurs (plus de 85 %) sont des employés. Les trentenaires et les quadragénaires sont les mieux représentés dans la catégorie des travailleurs de nationalité étrangère en Belgique.
Les Français, les Néerlandais et les Indiens dans le top 3. Les Britanniques exclus pour la première fois.
Les travailleurs étrangers occupés par des employeurs belges viennent surtout de nos pays voisins : les Français sont en tête, suivis des Néerlandais. En 2018, pour la première fois, les Britanniques ne figurent pas dans le top 3. En quatre ans, la part de travailleurs français a fortement augmenté, en comparaison avec les travailleurs britanniques par exemple. Et bien que les travailleurs de nationalité polonaise ou allemande soient devenus encore plus nombreux ces cinq dernières années (x4), les Indiens arrivent en tête en terme de rythme de croissance (x15).
Plus des trois quarts de ces travailleurs (76 %) sont des Européens; 11 % viennent d’Asie. Parmi les nationalités étrangères, le nombre d’expatriés augmente : il s’agit de cadres étrangers temporairement occupés en Belgique et qui bénéficient du régime spécial d’imposition. Ce groupe croît proportionnellement plus vite que le nombre de travailleurs qui travaillent dans le cadre d’un fractionnement de salaire (occupation simultanée dans plusieurs pays) et d’un détachement (emploi temporaire dans un autre pays). En 2018, 73 % des travailleurs de nationalité étrangère étaient occupés en tant qu’expatriés par des employeurs belges.
Hanane El Aakel, Manager International Employment de SD Worx Belgique, constate une tendance claire : « Le nombre de travailleurs occupés à l’échelle internationale en Belgique continue d’augmenter. En 2018, la plupart des travailleurs de nationalité étrangère dans notre pays (73 %) étaient occupés en tant qu’expatriés et soumis au régime spécial d’imposition de cadre étranger. Lorsqu’un travailleur est temporairement envoyé dans un autre État membre de l’Union européenne, cela peut également prendre la forme d’un détachement. Des travailleurs peuvent aussi travailler
dans deux ou plusieurs pays “simultanément” – par exemple, deux jours par semaine aux Pays-Bas et trois jours en Belgique –, ce qui crée un fractionnement de salaire. Tout cela n’est pas sans engendrer une certaine complexité : l’administration des salaires doit généralement être adaptée, étant donné qu’un emploi international a souvent des conséquences sur le plan fiscal, du droit du travail et le droit de sécurité sociale. En outre, il n’est pas rare qu’il y ait des formalités spécifiques à accomplir à l’étranger lorsque des employeurs commencent un emploi sans disposer d’une entité juridique à l’étranger. Le non-respect de ces formalités locales d’emploi peut entraîner des amendes élevées. Les ambitions internationales s’accompagnent de nouveaux défis. »
Un exemple : une entreprise belge recrute un travailleur néerlandais qui travaillera en Belgique et qui réside aux Pays-Bas. Un contrat de travail belge est nécessaire à cet effet. Mais que faire si après un certain temps, ce travailleur est autorisé à travailler de son domicile? Alors, il travaille effectivement dans deux pays et il en résulte une imposition dans l’état de résidence. Dans certains cas, cela entraîne aussi un assujettissement à la sécurité sociale des Pays-Bas, de sorte que l’entreprise belge doit payer la sécurité sociale aux Pays-Bas et doit donc démarrer un payroll (supplémentaire). Dans le domaine du droit du travail aussi, il peut y avoir des conséquences spécifiques pour l’entreprise belge (licenciement, durée du travail, formalités d’emploi…).
Les petites entreprises connaissent la croissance de l’emploi international la plus rapide.
Les petites entreprises aussi ont recours à l’emploi international. Les PME de moins de 20 travailleurs représentent un tiers des employeurs belges qui pratiquent l’emploi international. Ils sont majoritaires en pourcentage et leur part est celle qui augmente le plus rapidement, à un rythme de plus de 30 % par an.
Néanmoins, la plupart des travailleurs internationaux actifs (les travailleurs de nationalité étrangère) se retrouvent parmi les employeurs qui comptent 100 travailleurs et plus. Seuls 32 % travaillent dans une PME (une entreprise occupant jusqu’à 100 travailleurs) : 10,1 % sont chez les plus petites PME, environ 9,8 % chez les PME comptant jusqu’à 49 travailleurs et 12,7 % chez les PME comptant de 50 à 99 travailleurs). Les 68 % restants sont attirés par les grandes entreprises de 100 travailleurs et plus.
Source : SD Worx – L’étude porte principalement sur l’occupation de travailleurs internationaux en Belgique par des entreprises dont le siège social est situé en Belgique. 85 % de l’emploi international est assuré par des entreprises ayant une entité juridique en Belgique. L’étude s’intéresse à l’emploi international impliquant des travailleurs de nationalités étrangères. Les Belges détachés, travaillant dans plusieurs pays (fractionnement de salaire) ou en tant qu’expatriés dans un autre pays ne sont pas pris en compte dans l’analyse.