744 start-ups actives en Belgique dans le domaine de l’Intelligence Artificielle: un secteur économique central et absolument non rentable.

Les 744 start-ups belges de l’IA visent la croissance de leur chiffre d’affaires et du nombre d’employés. Les profits restent hors de portée pour bon nombre de start-ups de l’IA. Les start-ups sans capital-risque sont toutefois surreprésentées dans le très petit groupe des start-ups qui réalisent à la fois un chiffre d’affaires élevé, de nombreux bénéfices et emploient beaucoup de personnel.

L’intelligence artificielle (IA) est souvent considérée comme une technologie susceptible d’entraîner des changements profonds tant sur le plan économique que sociétal. Si les risques potentiels qui y sont associés suscitent des inquiétudes légitimes, les développements récents offrent aussi de nouvelles opportunités : l’IA pourrait accélérer l’innovation, inverser la tendance à la baisse de la croissance de la productivité et ainsi contribuer à une croissance durable. De nombreuses incertitudes subsistent quant aux incidences que l’IA aura en définitive sur la croissance économique et la productivité. Cependant, les grandes attentes qu’elle suscite expliquent pourquoi cette technologie occupe une place de plus en plus centrale dans la politique économique et pourquoi les décideurs politiques considèrent qu’il est crucial que le secteur de l’IA atteigne une taille critique et soit suffisamment dynamique pour assurer la prospérité économique future.

Pourtant, la connaissance du secteur belge de l’IA reste fragmentaire. On manque d’informations sur les entreprises actives, leur évolution, les secteurs dans lesquels elles opèrent et leur impact plus large sur l’économie. Or, pour évaluer et améliorer la politique en matière d’IA, il est essentiel de mieux comprendre ce secteur. Notre étude vise à y contribuer en dressant un inventaire aussi complet que possible des producteurs d’IA en Belgique.

L’analyse d’un secteur ou d’une branche d’activité se fonde généralement sur des codes d’activité, tels que les codes NACE, que les pays de l’UE utilisent pour classer les activités économiques des entreprises. Il n’existe pour l’instant aucun code sectoriel spécifique pour les entreprises actives dans la production d’IA. La plupart des études sur les entreprises d’IA exploitent donc des enquêtes, des données relatives aux entreprises bénéficiant de capital-risque ou aux entreprises détenant des brevets pour des applications d’IA. Or, les enquêtes portent sur un échantillon de la population des entreprises et, comme le montre notre étude, les entreprises bénéficiant de capital-risque ou détentrices de brevets ne représentent qu’une petite partie de l’ensemble des start-ups actives dans le domaine de l’IA. Une telle approche fournit donc un aperçu très partiel, insuffisant pour dresser un tableau aussi complet que possible du secteur.

L’étude du Bureau du Plan part d’une liste existante d’entreprises belges actives dans le domaine de l’IA, complétée à l’aide d’informations en ligne et de résultats de différentes recherches en néerlandais, en français et en anglais. Au final, 1.027 entreprises belges pour lesquelles un numéro d’entreprise dans la Banque-Carrefour des Entreprises (BCE) a pu être identifié. Nous avons ensuite sélectionné les entreprises créées à partir de 2010 afin de nous concentrer sur celles dont les activités principales sont centrées sur les développements récents de l’IA. Pour cette analyse, nous avons pris en compte uniquement les entreprises qui proposent des services ou des biens basés sur l’IA. Après avoir vérifié que les entreprises sont effectivement actives dans le domaine de la production d’IA, et ne sont donc pas de simples utilisatrices de l’IA, il nous restait 744 start-ups belges spécialisées dans l’IA.

Les start-ups belges spécialisées dans l’IA se trouvent principalement dans les grands centres urbains, et plus particulièrement autour des universités, des hautes écoles et des instituts de recherche. Au niveau communal, Gand compte le plus grand nombre d’entreprises spécialisées dans l’IA (108, soit environ 15% de toutes les entreprises identifiées) et Anvers en compte 86. La région bruxelloise compte 124 start-ups, mais celles-ci sont réparties dans différentes communes. Louvain (53 start-ups) est le seul autre centre à compter plus de 50 start-ups dans ce domaine. Hasselt (26), Liège (20), Kontich (16), Louvain-la-Neuve (15) et Charleroi (10) sont les seules autres communes à compter 10 start-ups ou plus dans ce domaine.

Dans le groupe de start-ups actives dans le domaine de la production d’IA, nous avons essayé de déterminer, sur la base des informations disponibles (site internet, communiqués de presse), quelles technologies d’IA elles utilisent (exploration de textes, reconnaissance vocale, synthèse vocale, reconnaissance d’images, apprentissage automatique, automatisation des flux de travail, robots autonomes, génération de textes et d’images et matériel informatique). Les start-ups belges spécialisées dans l’IA semblent principalement utiliser des technologies d’IA pour automatiser divers flux de travail ou faciliter la prise de décision, pour l’apprentissage automatique dans le cadre de l’analyse de données et pour générer du langage écrit ou parlé (chatbots, logiciels de traduction). Nous avons également cherché à déterminer les tâches pour lesquelles l’IA proposée peut être utilisée (marketing ou vente, processus de production ou de service, gestion, logistique, sécurité informatique, comptabilité et gestion financière, recherche et développement). L’organisation de la gestion d’entreprise ou du management, le marketing ou la vente et les processus de production ou de service semblent être les principaux domaines pour lesquels les start-ups IA belges proposent des applications. Enfin, nous avons également examiné les secteurs dans lesquels les clients des start-ups IA sont actifs. Le commerce de détail et la distribution, la santé, les transports, l’industrie manufacturière et l’énergie semblent être les secteurs les plus représentés.

Par ailleurs, les résultats économiques des start-ups IA peuvent être comparés à ceux des start-ups d’autres secteurs en se référant aux données des comptes annuels. Si l’on examine les principaux ratios financiers, on constate que la rentabilité moyenne des start-ups IA belges est nettement plus négative que celle des start-ups des autres secteurs et qu’elle évolue moins favorablement sur la période 2010-2023. Une part croissante des start-ups IA enregistre des pertes et seule une petite partie d’entre elles engrange des profits importants. Sur le plan des liquidités, les start-ups IA obtiennent toutefois de meilleurs résultats que les autres start-ups. Pour la solvabilité, la conclusion est moins claire et dépend de l’indicateur choisi. Cependant, les start-ups IA semblent dépendre davantage que les autres start-ups du financement par fonds propres, tel que le capital-risque, en raison probablement des grandes incertitudes qui caractérisent encore le secteur.

L’analyse montre également que les start-ups IA belges se distinguent des autres par leur objectif de croissance rapide de leur chiffre d’affaires, qui va généralement de pair avec une augmentation sensible de leur nombre d’employés. La productivité des start-ups IA progresse également plus rapidement que celle des autres start-ups. En revanche, comme le montrent les résultats en matière de rentabilité, les profits restent pour l’instant hors de portée pour bon nombre de start-ups IA. Au cours des premières années qui suivent leur création, les pertes des start-ups IA se creusent même souvent et ce n’est qu’à partir de la cinquième année qu’une légère amélioration est perceptible.

Parmi le petit groupe des start-ups qui réussissent exceptionnellement bien (start-ups IA et start-ups non-IA) – soit les entreprises qui réalisent à la fois un chiffre d’affaires élevé, de nombreux bénéfices et emploient beaucoup de personnel – les start-ups IA sans capital-risque sont clairement surreprésentées. Les start-ups IA avec capital-risque sont quant à elles sous-représentées. Cela s’explique en partie par leur âge : ces start-ups ont, en moyenne, été créées plus récemment que les start-ups non-IA et les start-ups IA sans capital-risque. Mais, cela peut aussi être dû au fait qu’elles comptent parmi les entreprises les plus innovantes. Ces dernières, ayant un profil de risque plus élevé, mettent plus de temps à devenir bénéficiaires que les entreprises moins innovantes.

 

Source: Bureau Fédéral du Plan

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