Performances économiques, compétitivité et bien-être de la Wallonie: il faut la comparer avec d’autres régions dites ‘en transition’.

La Wallonie est souvent comparée à la Flandre. Par rapport à celle-ci, la Wallonie affiche de longue date des niveaux plus faibles de PIB par habitant et de revenu par habitant, et la croissance de l’activité économique a été moindre sur une longue période. Ces évolutions résultent de nombreux facteurs, parmi lesquels la géographie, l’histoire et les actions, notamment politiques, menées par les agents économiques.

La BNB a produit une nouvelle analyse qui élargit la base de comparaison et met l’accent sur des régions à des stades de développement similaires. En particulier, les performances économiques, la compétitivité structurelle et le bien-être de la Wallonie sont mis en relation avec ceux de régions similaires des pays qui étaient déjà membres de l’Union européenne avant le grand élargissement de 2004 (UE15). Plus précisément, la Wallonie et ses provinces sont comparées avec des régions « NUTS2 ». Ces dernières sont utilisées pour distribuer les fonds de la politique de cohésion de l’Union européenne. À cette fin, elles sont classées selon leur degré de développement économique déterminé par leur PIB par habitant exprimé en proportion de la moyenne de l’UE27 sur la période 2015-2017.

  • Les provinces du Hainaut, de Liège et de Namur sont classées comme régions en transition, vu que leur niveau de PIB par habitant était compris entre 75% et 100% de la moyenne de l’UE27. Elles sont donc comparées aux autres régions en transition, tout comme la province du Luxembourg dont le PIB par habitant était proche du seuil de 75%.
  • Le Brabant wallon est repris comme région plus développée dans la politique de cohésion européenne. En fait, elle a même été la région de l’UE15 avec la plus forte croissance de son PIB par habitant entre 1996 et 2019, et dans le cadre de cette analyse, elle a été classée dans la catégorie plus restrictive des régions performantes.
  • La Wallonie en tant que telle a été considérée comme une région en transition.

En Europe occidentale, les rebonds économiques ne sont pas fréquents, prennent beaucoup de temps et nécessitent des efforts conséquents. Entre 2001 et 2019, aucune région en transition n’est parvenue à se hisser dans la catégorie des économies plus développées, alors que de nombreuses autres ont été dégradées. La stagnation ou le recul relatif n’est pas l’apanage des provinces wallonnes.

La nouvelle analyse comparative de la BNB montre que la Wallonie a des nombreux points forts en termes de compétitivité structurelle relativement aux autres régions en transition. Elle a accès à un marché potentiel étendu et riche, dispose d’un large pool de personnes ayant un diplôme de l’enseignement supérieur et bénéfice d’une bonne accessibilité permise par les infrastructures. Par ailleurs, sa population (en âge de travailler) a augmenté de manière régulière depuis 1996 et est relativement moins âgée. Sa structure économique est orientée vers les services. La Wallonie performe plutôt bien en innovation. Aussi, elle dispose encore de terrains pour accueillir des entreprises.

Néanmoins, plusieurs défis restent à relever au regard des régions de référence, constituant autant d’axes prioritaires pour la politique économique:

Les principales faiblesses structurelles de la Wallonie se situent au niveau de variables sociales telles que la santé, le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale et le marché du travail, ces variables étant liées entre elles. Le taux d’emploi, bien qu’en hausse, reste bas en raison surtout d’une large proportion d’inactifs. Les politiques d’activation n’en demeurent pas moins primordiales pour lutter contre l’inadéquation entre l’offre et la demande de travail et juguler les pénuries de main d’œuvre déjà substantielles pour de nombreuses activités. C’est d’autant plus important qu’en raison du vieillissement, la population en âge de travailler devrait diminuer à partir de 2025.

L’enseignement et la formation au long de la vie méritent une attention particulière au vu des scores médiocres des élèves francophones aux tests internationaux en mathématiques, lecture et sciences, des fortes inégalités entre les écoles, des décrochages scolaires menant à davantage d’adultes qui ne travaillent pas, n’étudient pas ou ne se forment pas, de la part élevée d’adultes ayant atteint au mieux l’enseignement secondaire inférieur et de la moindre maîtrise de l’anglais et des compétences numériques chez les adultes.

Les gains de productivité ont été relativement limités sur la période 1996-2019, à l’exception notable du Brabant wallon. Les autres provinces wallonnes sont moins tournées vers l’industrie et les services non-marchands y occupent une part bien plus élevée – et croissante – de l’emploi. Afin de booster la productivité, améliorer le capital humain est essentiel pour garantir une offre suffisante de main-d’œuvre qualifiée. La double transition – verte et numérique – nécessite également des nouvelles compétences. En outre, des investissements privés et publics sont nécessaires pour améliorer la qualité des infrastructures de transport existantes et développer de nouvelles infrastructures. La diffusion de l’innovation au-delà des grandes entreprises innovantes et productives devrait également contribuer à stimuler la productivité.

Ces défis doivent être relevés afin que la Wallonie puisse valoriser au mieux ses atouts, le tout dans un contexte où les finances régionales et communautaires sont jugées moins favorablement par les agences de rating que celles des régions françaises et des Landers allemands. Aussi, la trajectoire budgétaire recommandée par la Commission externe de la dette et des finances publiques devrait être pleinement mise en œuvre et ajustée si nécessaire. La soutenabilité budgétaire de la Communauté française doit aussi être assurée.

 

Source: BNB

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