Éditorial – Arrêtons de chercher le nouveau pétrole! Ce que nous voulons avant tout, c’est du temps.

Maîtriser le temps, une épreuve (insurmontable?) pour les managers en charge d’équipes et de collaborateurs en quête d’horaires compatibles avec leurs priorités…
La raison pour laquelle notre santé mentale est en péril? Le temps.
La motivation des travailleurs pour choisir de nouvelles orientations professionnelles? Le temps.
Les dispositifs plébiscités parmi les solutions de rémunérations alternatives? Le temps.
C’est la variable essentielle, celle qui influence la plupart de nos décisions ainsi que notre état d’esprit et pourtant nous sommes bien souvent spectateurs en attendant qu’il passe. Nous nous demandons aujourd’hui si essayer, avec la modestie qui s’impose, de mieux gérer le temps serait tout simplement le meilleur moyen d’améliorer l’expérience collaborateur.

L’évolution la plus significative de ce que nous appelons aujourd’hui le travail hybride est celle qui concerne le temps de travail. Il y a, entre autres, l’élargissement des plages horaires consacrées au boulot et la nécessité de s’adapter à une économie digitale qui repose souvent sur la vitesse d’exécution. Composer avec des entreprises qui fonctionnent quasiment 24/7, ce n’est pas le principal ‘problème’ auquel nous sommes confrontés. Voici trois autres ‘petits soucis’ temporels à appréhender selon nous avec un regard nouveau.

Réussir à synchroniser des équipes éclatées

Un des enjeux majeurs dans nos entreprises aujourd’hui consiste à (re)trouver de la fluidité dans le suivi de nos projets. La coopération entre des équipes qui se rencontrent peu (il arrive même parfois que ses membres ne se sont jamais vus ‘in real life’…) n’est jamais garantie. Les priorités personnelles individuelles, la désynchronisation des horaires de travail ou encore la faible qualité de la communication digitale sont autant d’obstacles à lever.
Gérer la synchronicité des collaborateurs tend à devenir une épreuve en soi. Avec des collègues qui sont en même temps interdépendants et autocentrés, la tâche n’est pas aisée.

Du temps pour soi, bien sûr. Du temps pour les autres, surtout.

Bénéficier d’un plus grand nombre de jours de congé ou de repos est certainement légitime. Nous travaillons en effet sur des périodes qui sont à la fois plus courtes et plus intenses, ce qui met dans de nombreux cas les organismes à l’épreuve. La quête existentielle qui consiste à avoir plus de temps pour soi s’inscrit donc dans l’ordre des choses.
Ce qui nous semble plus prégnant encore, et sans doute plus difficile à réaliser, c’est la nécessité de disposer de temps à consacrer aux autres… La question de la disponibilité managériale est posée dans toutes nos organisations. Dans son exercice quotidien ou hebdomadaire de planification, chaque manager est invité désormais à prévoir des plages (!) horaires dédiées à ses collaborateurs. Simplement.

Inscrire le temps long dans l’ADN de nos organisations ?

Derrière les problèmes opérationnels que nous rencontrons jour après jour, il y a aussi une réflexion un peu plus globale qui concerne notre rapport au temps. Nous multiplions les contradictions, à commencer par celle qui consiste à mettre le développement durable au centre de nos priorités tout en gérant nos horizons à très court terme. Il y a un travail de fond à mener afin que chaque membre de nos organisations puisse intégrer de la perspective et de la patience dans son quotidien.
C’est sans une défi de vouloir prendre le temps alors qu’il semble insaisissable. C’est peut-être aussi le seul moyen de s’offrir un avenir serein et prometteur.

Maîtriser le temps, cela ressemble sans doute à un débat ésotérique pour nombre d’entre nous. Pourtant, ce sont des réalités concrètes que nous évoquons ici. Les idées que nous brassons, les concepts que nous maltraitons servent avant tout à capter les opportunités d’amélioration qui pullulent dans nos entreprises. La valeur que nous octroyons au temps est telle qu’il nous semble indispensable de lui consacrer toute notre attention. C’est de santé et d’équilibre dont il est question, bien avant de satisfaire l’ambition secrète et utopique d’être, un jour peut-être, le maître des horloges.

Jean-Paul Erhard

 

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