Le taux d’occupation dans notre pays augmente, mais pas pour les personnes en situation de handicap. Alors qu’en 2023, 0,25% de tous les travailleurs du secteur privé étaient en situation de handicap, ils sont aujourd’hui 0,23%, soit une baisse d’environ 6%. La Région de Bruxelles-Capitale obtient les meilleurs résultats : les travailleurs en situation de handicap y représentent 0,36% des effectifs, soit une augmentation de 2,2% par rapport à l’année dernière.

« Il reste encore beaucoup à faire pour occuper davantage de personnes issues de groupes vulnérables et ainsi atteindre un taux d’occupation de 80% », indiquent les experts d’Acerta Consult. Et de rappel qu’il n’est pas toujours nécessaire de réaliser des aménagements importants pour permettre à plus de personnes en situation de handicap de travailler.

La Région de Bruxelles-Capitale, première de classe

Le gouvernement De Wever souhaite que, d’ici 2029, 80% des Belges en âge de travailler aient un emploi. Mais nous n’y sommes pas encore. Selon les derniers chiffres de l’agence statistique Statbel, le taux d’occupation dans notre pays s’élève à 72,8%. Il y a un peu plus de pain sur la planche dans certains groupes, notamment celui des personnes en situation de handicap. Une nouvelle étude menée par Acerta Consult révèle que 0,23% de l’ensemble des travailleurs du secteur privé est en situation de handicap. Il est intéressant de noter qu’il s’agit d’une baisse par rapport aux années précédentes, malgré tous les efforts déployés pour faire entrer davantage de travailleurs en situation de handicap sur le marché du travail ordinaire. En 2023, il y avait encore 6,15% de travailleurs en situation de handicap en plus dans le secteur privé par rapport aux chiffres de 2025.

La Région flamande est celle où la proportion est la plus faible : 1 travailleur sur 514 (0,19%) est en situation de handicap ; la Wallonie est la région qui a enregistré la plus forte baisse au cours de l’année écoulée, où ce nombre est passé de 0,38% à 0,31% (soit 18,4% de moins). Le meilleur élève est la Région de Bruxelles-Capitale, où en moyenne 1 travailleur sur 276 (0,36%) est en situation de handicap – ce qui représente une légère augmentation (+2,2%) par rapport à 2023.

Laura Couchard, experte juridique chez Acerta Consult: « Le réseau très développé des transports en commun dans la Région de Bruxelles-Capitale contribue potentiellement à l’accessibilité des employeurs de cette région, ce qui peut être un facteur important pour les personnes en situation de handicap. La légère diminution constatée l’année dernière en Flandre pourrait être liée au passage, le 1er juillet 2023, de la prime de soutien flamande à ce que l’on appelle désormais le travail adapté individuel (TAI). Les changements s’accompagnent souvent d’une période d’adaptation, et ce nouveau modèle comporte également certains aspects susceptibles de créer des difficultés, comme la procédure de reconnaissance par le VDAB et l’accompagnement obligatoire par un superviseur qualifié. Il n’y a pas eu de campagne à ce sujet non plus, et il pourrait donc être important de sensibiliser davantage les employeurs au TAI. Si la Wallonie fait mieux que la Flandre en termes d’occupation des personnes en situation de handicap, on y constate tout de même un net recul au cours de l’année écoulée. »

Les petites entreprises occupent plus de personnes en situation de handicap

Si l’on examine les chiffres plus en détail, par exemple selon la taille de l’entreprise, il est frappant de constater que les petites entreprises font en moyenne mieux que les grandes en termes d’occupation de personnes en situation de handicap. Ce sont surtout les entreprises comptant jusqu’à 20 travailleurs qui emploient beaucoup plus de collègues en situation de handicap (de 0,31 % à 0,35 %). Il est intéressant de noter que la part des personnes en situation de handicap parmi les ouvriers et les employés est presque la même (0,23 %).

Laura Couchard conclut : « Le fait que dans les petites entreprises, il n’y ait pas de spécialiste pour chaque type de tâche, ce qui peut signifier que les fonctions sont définies de manière moins stricte, peut également signifier que les petits employeurs adaptent plus facilement le contenu de l’emploi aux talents et aux capacités spécifiques des collègues en situation de handicap. L’emplacement joue également un rôle : une grande entreprise située dans un zoning industriel peut être plus difficile d’accès qu’une PME du centre-ville. La diversité et l’inclusion sont des sujets brûlants dans les entreprises, ne serait-ce que parce que nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas exploiter tous les talents : la pénurie de main-d’œuvre est toujours d’actualité et le taux d’occupation doit augmenter si nous voulons assurer notre prospérité. La diversité fait toutefois référence à différents groupes et peut-être que d’autres – l’âge, le genre, la culture, etc. – reçoivent plus d’attention que le groupe des travailleurs en situation de handicap. Par ailleurs, on pense souvent à tort que des aménagements importants du lieu de travail sont nécessaires pour embaucher des personnes en situation de handicap, ce qui n’est pas toujours le cas. Parfois, de petites interventions peuvent faire une énorme différence. »

Source: pour son analyse, Acerta Consult peut s’appuyer sur des données réelles de 407.000 travailleurs (ouvriers et employés), actifs auprès de plus de 29.300 employeurs du secteur privé, qui comprennent à la fois des PME et des grandes entreprises. Au vu de la diversité des secteurs, des régions, des sexes, des âges et autres caractéristiques, nous pouvons considérer que l’ensemble des données étudiées est représentatif du marché belge du travail. ​