Les syndicats et les employeurs ne sont pas parvenus à un accord sur l’évolution des salaires dans notre pays pour 2025-2026. Le sort de l’accord interprofessionnel (AIP) est donc une nouvelle fois remis entre les mains du gouvernement. L’attitude entêtée des syndicats est à l’origine de ce constat décevant : en sus de l’indexation (une augmentation salariale de l’ordre de 5%), les syndicats exigeaient une hausse des titres-repas pour tous et, de surcroît, des primes uniques de pouvoir d’achat Vivaldi.
La situation critique et incertaine sur le plan économique de notre pays et de notre prospérité était le cadet de leurs soucis.
Malgré un contexte extrêmement incertain…
Notre pays vit toujours des temps très difficiles sur le plan économique. Tout indique que nous allons connaître un nombre record de faillites et de restructurations. Outre de grands acteurs comme Cora, Audi ou Van Hool, il y a aussi un nombre particulièrement important de petites entreprises qui doivent soit déposer le bilan, soit se restructurer de manière draconienne. Nous constatons par ailleurs une baisse du nombre d’heures prestées dans le travail intérimaire. L’indice Federgon1 se situe au point le plus bas de ces dix dernières années. Et les chiffres du chômage s’inscrivent également à la hausse.
De plus, nous devons tenir compte d’un contexte géopolitique imprévisible. Chaque semaine sont annoncés de nouveaux droits de douane susceptibles d’avoir un effet néfaste sur nos entreprises exportatrices. À titre d’exemple, le président américain a décidé aujourd’hui de doubler les droits de douane sur l’acier et l’aluminium pour les porter à 50%.
Bref, sur le plan économique, nous ne sommes pas en très bonne posture. Et c’est un euphémisme.
… l’indexation reste garantie
En dépit de ces sombres perspectives, les travailleurs belges bénéficieront, grâce à l’indexation automatique, d’une augmentation salariale garantie d’environ 5%, soit 12 milliards EUR, au cours des deux prochaines années. Qu’elles soient en bénéfice ou en perte, les entreprises devront leur payer, et leur payeront, cette augmentation salariale.
Malgré cela, le front commun syndical a mis sur la table des propositions qui ne tiennent pas compte des réalités du terrain et des pressions que subissent de nombreux secteurs. Ces propositions, comme une augmentation des titres-repas et les primes de pouvoir d’achat, non seulement affaiblissent la compétitivité des entreprises, mais elles donnent également l’impression que tout va bien sur le plan économique et vont totalement à l’encontre de la loi sur la norme salariale. S’écarter de la norme salariale est avant tout illégal, mais de surcroît, nos entreprises ne disposent tout bonnement d’aucune marge financière.
Et la concertation se solde quand même par un échec…
Dans les pays voisins, les employeurs et les syndicats se serrent la main avec satisfaction lorsqu’ils parviennent à s’entendre, après négociations, sur une augmentation salariale de 5%. En Belgique, les négociations commencent d’emblée à 5% et c’est pourtant insuffisant. On s’offusque même qu’il n’y ait plus de marge pour d’autres avantages, en plus des 12 milliards d’augmentations salariales.
Cette attitude obstinée fait que la balle est maintenant dans le camp du gouvernement. C’est à lui de décider s’il maintient la marge salariale (0%), fixée par le Conseil central de l’économie (CCE), comme le prévoit d’ailleurs l’accord de gouvernement.
La FEB déplore vivement cet échec. Mais nous ne pouvons raisonnablement pas conclure un accord qui, en ces temps économiques difficiles, placerait nos entreprises dans une position plus défavorable. Il est grand temps que la concertation sociale laisse place à la concertation socio-économique.
Source: FEB