Y a-t-il des enseignements à tirer à l’issue de cette 21ème Coupe du Monde de football, clôturée le 15 juillet 2018 ? Oui, bien sûr. Le premier événement mondial en terme d’audience et d’intérêt à l’échelle planétaire représente tous les quatre ans une sorte de laboratoire managérial. L’émotion et les rassemblements populaires que suscite l’enchaînement des rencontres veulent certainement dire quelque chose. Et ce que nous retiendrons cette fois est que gagner ne suffit pas. Gagner ne suffit plus ! La beauté du geste compte tout autant.
Arrêtons-nous quelques instants sur l’incroyable potentiel de mobilisation de chaque victoire. La fierté de chaque nation concernée n’est pas rationnelle. Mais nous pouvons reconnaître que l’énergie que transmet un succès à la population, même auprès de ses membres peu concernés, a de quoi susciter la jalousie de celles et ceux qui tentent de motiver leurs troupes au quotidien.
L’élan national à l’issue d’un match remporté est phénoménal alors que la plupart d’entre nous n’avons contribué d’aucune façon à la confection de ce résultat. Un véritable mystère sociologique? Pour le moins étonnant… Mais nous vous proposons d’aller un pas plus loin.
Victorieux et… détestés.
Ce qui est particulier cette année restera peut-être que le vainqueur de cette édition est ‘désapprouvé’ à travers le monde entier. Il ne provoque ni enthousiasme ni admiration et nous avons essayé d’en comprendre le pourquoi, tout en ramenant cette ‘analyse’ à ce qu’elle peut signifier pour la vie au sein de nos entreprises. Voici trois hypothèses parmi lesquelles vous n’aurez aucun mal à détecter celle qui recueille notre préférence.
Option n°1 : nous n’aimons plus les gagnants. Au-travers de cet désamour vis-à-vis du squad français, nous n’exprimons que notre rejet des forts et des puissants. Le foot n’échappe peut-être pas au dégagisme qui sonne progressivement le glas de ceux qui l’ont souvent emporté dans l’histoire. Il serait temps de céder la place à de nouvelles figures.
Venons-en à une deuxième possibilité, à laquelle nous sommes peut-être plus sensible. Le verrouillage extrême de toute la communication (qui en l’occurrence, ne concerne pas que les lauréats) enlève toute forme de spontanéité et d’originalité dans la perception que nous avons des gladiateurs du 21ème siècle. Messages attendus et hyperformatés… Tout cela est d’un ennui profond.
Et nous parions de notre côté sur une troisième hypothèse, qui s’inscrire sans doute dans la durée. Le simple fait de gagner ne suffit plus pour obtenir l’adhésion et la reconnaissance. A ceux qui prétendaient que seule la victoire est belle, nous devons répondre aujourd’hui que la manière d’y arriver importe davantage encore.
Le parallèle avec l’univers professionnel est évident et, d’une certaine manière, rassurant: quelle que soit la fin, tous les moyens ne sont pas bons ! Le leadership de la gagne a montré ses limites. La victoire est essentielle, mais l’emporter à tout prix ne pèse pas très lourd en comparaison de la qualité et de la beauté des efforts consentis par les acteurs du terrain de jeu, et ce même si le succès n’est pas toujours au rendez-vous.
Au final, cela n’enlève rien à la valeur matérielle/objective du titre obtenu. Par contre, en ce qui concerne la mémoire collective et l’amour des autres, il est probable que les regrets seront éternels.
Jean-Paul ERHARD