Le chômage économique temporaire parmi les ouvriers affichait 0,95 % pour 2019. Il s’agit du niveau le plus élevé de ces quatre dernières années. Les neuf premiers mois de 2019 présentaient déjà une augmentation par rapport aux années précédentes, et cette augmentation s’est poursuivie au cours des trois derniers mois de 2019. Fait frappant : l’augmentation survient en 2019 principalement dans les plus grandes entreprises. Les différences régionales restent identiques : La Flandre présente un pourcentage de chômage économique légèrement supérieur à celui de la Wallonie, à savoir 1,12 % contre 0,93 %. Avec 0,08 % de chômage économique, la Région de Bruxelles-Capitale reste confrontée à une pénurie structurelle sur le marché de l’emploi.
Le chômage temporaire sur la base d’un manque de travail pour raisons économiques, en abrégé « chômage économique » (CE), s’élève à 0,95 % pour 2019. Sur toute l’année 2018, ACERTA affichait 0,62 % de CE. Chaque trimestre de 2019, le pourcentage de chômage économique était déjà plus élevé qu’à la même période l’année précédente. Cette augmentation n’est pas très surprenante : en 2018, le chômage économique avait en effet atteint un niveau historiquement bas, ce qui signifiait aussi qu’il y avait encore peu de marge de manœuvre sur le marché de l’emploi. Mais le chômage temporaire a augmenté directement l’année écoulée jusqu’à atteindre le plus haut niveau de ces quatre dernières années.
Olivier Marcq, juriste chez Acerta, voit deux manières de retrouver un peu plus d’équilibre : « Le chômage économique temporaire est une composante de la couche flexible des entreprises. Le CE n’est toutefois pas un airbag. Si le manque de travail devient structurel, le problème n’est plus résolu en mettant les ouvriers en inactivité temporaire. Afin d’éviter des mesures drastiques telles que le licenciement, mieux vaut prévoir à temps un “rematching” des collaborateurs, et donc envisager la possibilité de rôles différents ou complémentaires au sein de l’organisation. Le fait est que, malgré le ralentissement économique, la pénurie structurelle sur le marché de l’emploi perdurera. D’où l’importance d’anticiper ce phénomène en tant qu’employeur. L’indicateur de chômage économique peut donc être considéré comme l’occasion d’examiner de quels autres talents le collaborateur dispose. »
La conséquence du ralentissement de la croissance économique belge
Si l’économie stagne, le CE en premier lieu augmente. C’est exactement ce qui s’est passé au cours de chacun des trimestres de 2019, et donc aussi pour le total de cette année. Le pourcentage de chômage économique est encore légèrement supérieur au niveau de 2016, où nous étions à 0,91 % de chômage économique.
« Le chômage économique en tant que système compense les tensions dues aux fluctuations économiques. Ce système évite aux employeurs de devoir engager ou licencier des collaborateurs au rythme de l’économie. Un pourcentage “sain” de chômage économique constitue un filet de sécurité au niveau des heures de travail, une marge au cas où l’économie reprend. Utilisez également ce filet de sécurité pour faire correspondre les (nouveaux) besoins de votre entreprise avec les talents de vos collaborateurs. Misez à temps sur le recyclage ou la formation interne d’un collaborateur se trouvant régulièrement sur le banc de touche. Il reste souvent un tas d’autres possibilités ou rôles qui peuvent lui être attribués. »
Le chômage économique dans les grandes entreprises a augmenté pour atteindre le niveau des petites entreprises
Alors que les grandes entreprises (> 200 travailleurs) présentent généralement moins de chômage économique que les petites, nous constatons pour 2019 que l’augmentation du CE est précisément survenue dans ces grandes entreprises. Les grandes entreprises sont revenues, plus que les années précédentes, au système de chômage économique parce que toutes les personnes qu’elles ont en service ne sont pas suffisamment mises à contribution. La stagnation de la croissance économique sur les marchés internationaux a également une incidence sur les grandes entreprises en Belgique.
« Nous pouvons partir du principe que les grandes entreprises auront procédé à des engagements en des temps économiquement favorables. Elles voient en effet bel et bien des possibilités de déplacer des personnes en interne en cas de nouvelle réduction du travail. Il semble bien à présent qu’elles soient revenues, plus que les années précédentes, au système de chômage économique parce que toutes les personnes qu’elles ont en service ne sont manifestement pas assez mises à contribution. Un autre élément qui joue est le fait que les grandes entreprises sont, de par leurs activités sur le marché international, plus sensibles à ce qui s’y passe. Les grandes entreprises sentiront plus vite une stagnation de la croissance économique en Allemagne, par exemple, que de plus petites davantage axées sur le marché national. Tout évolue selon une dynamique interconnectée et le CE, les lieux de travail et l’économie partagent un équilibre délicat. Il est surtout important de garder un œil sur les relations mutuelles et d’anticiper les nouveaux besoins au sein de votre organisation de façon à permettre le “rematching” ».
À Bruxelles, le marché de l’emploi est à bout de souffle : 0,08 % de CE
Dans la Région de Bruxelles-Capitale, les chiffres du chômage économique continuent à indiquer une pénurie structurelle sur le marché de l’emploi. Le CE y affiche 0,07 % pour le T4 2019 et 0,08 % sur toute l’année. La Flandre présente traditionnellement un pourcentage de chômage économique légèrement plus élevé que la Wallonie, et le T4 2019 et toute l’année écoulée ne font pas exception : 1,12 % et 1,16 % versus 0,93 % et 0,79 %. En Wallonie, l’augmentation par rapport à 2018 est en outre plus limitée : 23 % contre 55 % en Flandre.
Olivier Marcq : « Dans la Région de Bruxelles-Capitale, une grande part de l’emploi correspond à du travail de support, surtout pour les entreprises des services. Il s’agit d’un travail qui est de toute façon nécessaire et nettement moins sujet à une diminution de la demande de production par exemple. Un pourcentage de CE aussi bas que celui que nous constatons pour Bruxelles en 2019 témoigne surtout d’une trop forte tension sur le marché de l’emploi dans cette région. »
Source: Acerta – Les données recueillies sont basées sur les données réelles d’ouvriers en service auprès de 32 000 employeurs issus du secteur privé, auquel appartiennent aussi bien des PME que des grandes entreprises.