La continuité des activités de nos entreprises est-elle menacée par les troubles sociaux et politiques?

Face à la hausse du coût de la vie, qui fait suite à la pandémie de Covid, les entreprises doivent s’attendre à une augmentation des troubles civils, selon l’assureur Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS). La confiance dans les sources traditionnelles d’information et les institutions étant ébranlée, le rôle des réseaux sociaux dans le déclenchement des troubles sociaux est de plus en plus important. Ces grèves, émeutes et manifestations violentes constituent des risques pour les entreprises. Elles peuvent causer des dommages matériels coûteux aux bâtiments et aux équipements, mais aussi perturber gravement l’activité en empêchant l’accès aux locaux et engendrer ainsi des pertes d’exploitation.

Les facteurs de déstabilisation liés à la perturbation des chaînes d’approvisionnement et la hausse du coût de la vie due à l’inflation pourraient provoquer des troubles civils dans de nombreux pays du monde.
Les dommages et les pertes d’exploitation causés par de précédentes manifestations en France, au Chili, aux États-Unis et en Afrique du Sud ont coûté des milliards de dollars. La puissance des réseaux sociaux, dans un contexte politique polarisé, alimente les mouvements de protestation. Les entreprises doivent donc réévaluer et actualiser leurs plans de continuité de l’activité lorsque nécessaire, en fonction des vulnérabilités de leur chaîne d’approvisionnement.

« Les troubles civils deviennent pour un nombre croissant d’entreprises un risque plus important que le terrorisme, signale Srdjan Todorovic, directeur de la gestion de crise pour le Royaume-Uni et les pays nordiques chez AGCS et, à partir du 1er juillet, directeur mondial des solutions contre la violence politique et les environnements hostiles. « Et il est peu probable que la situation s’apaise dans un avenir proche. Les conséquences de la pandémie, la hausse du coût de la vie et les mutations idéologiques continuent d’agiter les sociétés dans le monde entier. Les entreprises doivent donc être attentives aux signaux d’alerte et définir des moyens efficaces de protection et de désescalade. L’objectif est d’anticiper et d’éviter les risques de blessures au personnel et de dommages aux biens de l’entreprise et des personnes. »

Les Nations unies ont mis en garde contre les risques de déstabilisation liés à la perturbation des chaînes d’approvisionnement et à la flambée des prix de l’alimentation, des carburants et des engrais, la Russie et l’Ukraine représentant 30 % des exportations de blé dans le monde. « Tout ceci sème les germes de l’instabilité politique et de troubles dans le monde entier », a déclaré en mars dernier António Guterres, secrétaire général de l’ONU. Pour sa part, la société de conseil Verisk Maplecroft estime qu’une augmentation des troubles civils est « inévitable dans les pays à revenu intermédiaire, qui ont pu offrir une protection sociale pendant la pandémie, mais qui pourront difficilement maintenir le même niveau de dépenses, face à la hausse du coût de la vie ». Selon ses prévisions de l’indice des troubles civils, 75 pays pourraient connaître une augmentation des manifestations d’ici la fin 2022, dont les États-Unis, l’Argentine, le Brésil et l’Espagne. Ce phénomène pourrait entraîner notamment des manifestations plus fréquentes et des dommages plus nombreux aux infrastructures et aux bâtiments.

Les pertes économiques et assurées liées aux précédentes manifestations ont été importantes. Elles ont donné lieu à des sinistres majeurs pour les entreprises et leurs assureurs. En 2018, le mouvement des gilets jaunes, protestant contre la hausse de la taxe sur les carburants et les inégalités sociales, a causé des pertes de chiffre d’affaires pour les commerçants français équivalant à 1,1 milliard de dollars, en quelques semaines à peine. L’année suivante, au Chili, les grandes mobilisations contre l’augmentation du prix des tickets de métro ont entraîné des pertes assurées de 3 milliards de dollars. En 2020, aux États-Unis, les manifestations survenues après le décès de George Floyd en garde à vue auraient provoqué plus de 2 milliards de dollars de pertes assurées. En juillet 2021, en Afrique du Sud, les émeutes qui ont suivi l’arrestation de l’ancien président Jacob Zuma, sur fond de licenciements et d’inégalités sociales, ont fait 1,7 milliard de dollars de dommages[5]. Et au début de cette année, les convois de camions s’opposant aux restrictions sanitaires au Canada, en France et en Nouvelle-Zélande ont engendré d’énormes perturbations au sein des grandes villes.

Les réseaux de la colère

L’influence des réseaux sociaux est en plus en plus déterminante dans la mobilisation des manifestants et l’intensification des troubles civils. « L’effet unificateur et galvanisant des réseaux sociaux sur ces manifestations n’est pas un phénomène particulièrement récent. Mais pendant la pandémie de Covid, il s’est associé à plusieurs facteurs potentiellement aggravants, comme la polarisation politique, le sentiment anti-vaccination et la méfiance croissante à l’égard des institutions. Tous les ingrédients sont réunis pour déclencher un mouvement de colère, » fait remarquer Srdjan Todorovic. « Et les distances ne sont plus un obstacle. Les personnes partageant les mêmes points de vue peuvent échanger plus facilement et se rassembler plus rapidement et efficacement. Dans un monde où la confiance à l’égard des gouvernements et des médias s’est nettement affaiblie, la désinformation peut se répandre en exploitant et en amplifiant les mécontentements. »

Les manifestations et les dommages collatéraux qui en résultent peuvent toucher des bâtiments publics, infrastructures de transport, chaînes d’approvisionnement, commerces, entreprises étrangères, stations-services, plateformes de distribution de marchandises essentielles, hôtels et autres établissements touristiques.

Les entreprises doivent réévaluer et actualiser leurs plans de continuité d’activité lorsque nécessaire, en fonction des vulnérabilités de leur chaîne d’approvisionnement. Elles doivent également étudier leurs garanties d’assurance en cas d’augmentation des incidents locaux. Les contrats d’assurance dommages prévoient parfois la violence politique, mais les assureurs proposent également une couverture d’assurance des risques spéciaux pour atténuer l’impact des grèves, émeutes et mouvements populaires.

« La nature des risques de violence politique évolue, avec l’instabilité de certaines démocraties et la répression forte exercée contre les dissidents dans des autocraties. Par ailleurs, les troubles peuvent se produire simultanément en différents endroits, puisque les réseaux sociaux facilitent aujourd’hui la mobilisation rapide des manifestants. Les grandes chaînes de vente au détail, par exemple, peuvent subir plusieurs sinistres lors d’un seul et vaste mouvement de protestation en différents points d’un pays », explique Srdjan Todorovic.

Comment se préparer pour éviter le pire

Les pratiques que les entreprises doivent adopter pour se préparer ou réagir à ces incidents dépendent de nombreux facteurs, tels que la nature de l’événement déclencheur, la proximité des faits et le type d’activité. Allianz Risk Consulting a élaboré une liste de recommandations techniques tenant compte de ces variables pour aider les entreprises et les particuliers à atténuer les risques liés aux troubles civils. Elle y indique les meilleurs moyens de protection, de communication et de désescalade.

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