La crise a dopé le recours au télétravail qui ne concerne cependant toujours que 36% du nombre total des travailleurs.

Si la pandémie de Covid-19 n’a pas entraîné de changements majeurs dans les indicateurs du marché du travail au premier trimestre 2020, ce ne fût pas le cas au deuxième trimestre. Selon les résultats de l’Enquête sur les forces de travail du deuxième trimestre 2020, l’impact le plus important de la crise est visible au niveau du temps de travail. Au deuxième trimestre 2020, le nombre moyen d’heures effectivement travaillées était de 27,3 heures par semaine, contre une moyenne de 33 heures un an plus tôt. Enseignement majeur de cette enquête : 40 % des travailleurs à domicile le font pour la première fois au deuxième trimestre 2020.

Au deuxième trimestre 2020, 35,9 % des personnes occupées travaillaient parfois, régulièrement ou toujours à domicile, ce qui représente une hausse de 40 % par rapport au même trimestre l’an dernier. Interrogées par rapport à la situation d’avant la crise du Covid-19, un large groupe de personnes travaillant à domicile déclarent avoir seulement commencé à le faire en raison de la crise du Covid-19 (41,1 % des personnes travaillant à domicile). Un groupe encore un peu plus important, à savoir 44,2 % des personnes travaillant à domicile, indique travailler beaucoup plus à domicile maintenant qu’avant la crise du Covid-19. Pour une minorité de 14,7 % seulement, la crise n’a pas eu d’impact ces personnes travaillent à domicile.

Entre le quatrième trimestre 2019 et le premier trimestre 2020, le taux d’emploi a peu évolué. La Belgique a été confinée le 18 mars, c’est-à-dire juste à la fin du premier trimestre, et le chômage temporaire qui en a résulté pour de nombreux travailleurs n’a eu un impact significatif que sur les heures travaillées, mais pas sur l’emploi en termes de nombre de personnes. En effet, les chômeurs temporaires sont temporairement absents du travail mais restent comptabilisés dans les chiffres de l’emploi. Entre les premier et deuxième trimestres de 2020, le taux d’emploi a diminué de 70,4 % à 69,6 %. Par rapport au deuxième trimestre 2019 également, où 71 % des 20-64 ans avaient un travail, on constate une forte baisse du taux d’emploi.

La baisse entre le premier et le deuxième trimestre de 2020 est plus marquée chez les hommes que chez les femmes. Plus particulièrement, le taux d’emploi diminue fortement dans les tranches d’âge les plus jeunes. Parmi les 55-64 ans, le pourcentage de personnes occupées augmente encore. La baisse du taux d’emploi est la plus marquée en région bruxelloise suivie par la Flandre et la Wallonie. A Bruxelles, en Flandre et en Wallonie, respectivement 61,1 %, 74,3 % et 64,0 % des 20-64 ans travaillaient au deuxième trimestre 2020.

Recul du pourcentage de travail temporaire

Au début de cette période de crise, les emplois temporaires ont été plus souvent touchés que les emplois permanents. La baisse du taux d’emploi au deuxième trimestre 2020 se traduit par une diminution relativement importante du pourcentage de travail temporaire parmi les salariés, de 10,5 % au premier trimestre 2020 à 9,8 % au deuxième trimestre 2020. Au deuxième trimestre 2019, 10,8 % des salariés avaient un contrat temporaire.

La baisse du taux d’emploi au deuxième trimestre 2020 ne se traduit pas par une augmentation du taux de chômage BIT. Le taux de chômage des 15-64 ans selon les définitions de Bureau international du Travail (voir onglet « documentation ») s’élève à 4,9 % au deuxième trimestre 2020 , contre 5,1 % au premier trimestre 2020. Au deuxième trimestre 2019, 5,4 % de la population active était au chômage. On constate une forte augmentation du taux de chômage des 15-24 ans, mais ce taux diminue plus particulièrement pour les 25-49 ans et, dans une moindre mesure, pour les plus de 50 ans. Le taux de chômage diminue fortement à Bruxelles et en Wallonie entre les premier et deuxième trimestres 2020, et on constate une légère hausse en Flandre. Au deuxième trimestre 2020, le taux de chômage s’élevait à 10,5 % à Bruxelles, 3,2 % en Flandre et 6,6 % en Wallonie.

Passage du chômage BIT à l’inactivité

Statbel calcule le taux de chômage selon la définition du Bureau international du Travail (BIT), qui est différente des concepts de chômage administratif. Le chômage BIT peut donc évoluer différemment du taux de chômage administratif, ce qui fût le cas au deuxième trimestre 2020. Pour être considéré comme chômeur BIT, il faut répondre simultanément à trois critères:

  • ne pas avoir d’emploi
  • être activement à la recherche d’un emploi
  • être disponible pour commencer à travailler dans un délai de deux semaines.

La poursuite de la baisse du taux de chômage au deuxième trimestre peut être liée au fait qu’une partie des chômeurs BIT sont devenus inactifs car ils n’étaient plus activement à la recherche d’un emploi ou n’étaient plus disponibles, par exemple parce qu’ils devaient s’occuper de leurs enfants. En effet, les personnes qui n’ont pas d’emploi, qui sont activement à la recherche d’un emploi mais qui ne sont pas disponibles pour commencer à travailler dans les deux semaines sont comptabilisées dans les inactifs, et non dans les chômeurs BIT. Il en va de même pour les personnes sans emploi qui sont disponibles pour commencer à travailler dans les deux semaines mais qui ne sont pas activement à la recherche d’un emploi.

Le nombre de personnes dans ces deux groupes d’inactifs dont les caractéristiques se rapprochent très fortement de celles des chômeurs BIT augmente fortement au deuxième trimestre 2020. Nous observons donc un glissement du chômage BIT vers l’inactivité. Plus particulièrement, le nombre d’inactifs disponibles pour commencer à travailler mais qui ne recherchent pas activement un emploi augmente de manière significative: de 107.000 au premier trimestre à 168.000 personnes au deuxième trimestre 2020. Le groupe d’inactifs qui recherchent activement un emploi mais qui ne sont pas disponibles affiche une hausse de 7.000 unités pour s’établir à 85.000 personnes. Les chiffres provisoires pour le mois de juillet annoncent un revirement : en juillet, pour la première fois depuis le début de la crise du Covid-19, on observe une forte augmentation du chômage BIT accompagnée d’une diminution du nombre d’inactifs.

La crise a un gros impact sur les heures travaillées

La crise du Covid-19 a un impact important sur la durée du travail. Au deuxième trimestre 2020, 34,2 % en moyenne des personnes occupées ont déclaré avoir moins travaillé que d’habitude ou pas du tout travaillé pendant la semaine de référence sur laquelle elles étaient interrogées. Au cœur de la crise, en avril, ce chiffre était de 44 %. Au premier trimestre 2020, 18,9 % des personnes occupées ont moins travaillé que d’habitude ou pas du tout travaillé. Au deuxième trimestre de 2019, ce chiffre était de 16,8 %.

Cela se traduit par une forte baisse du nombre moyen d’heures travaillées par semaine. Au deuxième trimestre 2020, les personnes occupées ont presté en moyenne 27,3 heures par semaine. Cette moyenne est inférieure à celle du premier trimestre 2020, qui s’élevait à 31,2 heures par semaine. Elle est également nettement plus faible qu’au deuxième trimestre 2019, où ce chiffre était de 33 heures par semaine.

Près de 36% des personnes occupées travaillent à domicile

Depuis le confinement, il a été recommandé de travailler le plus possible à domicile. Nous en avons déjà vu un premier effet dans les chiffres du premier trimestre 2020, qui représentent le niveau moyen pour les mois de janvier, février et mars 2020. La forte augmentation du travail à domicile, vraisemblablement à partir de la mi-mars, a déjà tiré le chiffre trimestriel du T1 vers le haut. Par rapport au même trimestre de 2019, le pourcentage de personnes occupées qui travaillent parfois ou habituellement à domicile a augmenté de 11,2 % (de 25,5 % à 38,3 %). Au trimestre suivant (T2 2020), ce chiffre est passé à 35,9 %, soit une augmentation de 40,3 % par rapport au même trimestre en 2019.

Non seulement le pourcentage de travailleurs à domicile semble avoir fortement augmenté, mais la fréquence du travail à domicile augmente aussi fortement au cours du deuxième trimestre 2020. La majorité de ces travailleurs travaillent à domicile moins de la moitié de leurs jours de travail, comme le montre le graphique ci-dessous. Au deuxième trimestre 2019 par exemple, 17,4 % travaillaient à domicile moins de la moitié de leurs jours de travail, 3,2 % plus de la moitié (mais pas tous les jours) et 4,9 % travaillaient en permanence à domicile. Cependant, au deuxième trimestre 2020, nous constatons que le pourcentage de ceux qui travaillent toujours à domicile a presque triplé par rapport au deuxième trimestre 2019: de 4,9 % à 12,8 %. Le groupe qui travaille plus de 50 % des jours ouvrables à domicile (mais pas toujours) triple également : de 3,2 % au deuxième trimestre 2019 à 9,7 % au deuxième trimestre 2020. Dans le même temps, on observe une baisse au sein du groupe qui travaille à domicile moins de 50 % des jours ouvrables. Il est passé de 17,4 % au deuxième trimestre 2019 à 13,4 % au même trimestre de 2020.

Travailleurs à domicile: évolution et fréquence du travail à domicile

Afin de pouvoir mieux suivre les effets de la crise du Covid-19 au cours du deuxième trimestre 2020, un certain nombre de questions ont été ajoutées à l’Enquête sur les forces de travail. L’une d’entre elles portait spécifiquement sur l’évolution du travail à domicile depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Il a été demandé à toutes les personnes qui ont répondu dans l’enquête avoir travaillé à domicile pendant le mois de référence d’indiquer quelle catégorie correspond le mieux à leur situation:

  • Pendant la crise du coronavirus, j’ai effectué pour la première fois du travail à domicile.
  • Je travaillais déjà à domicile auparavant mais je le fais davantage maintenant en raison de la crise du coronavirus.
  • La crise du coronavirus n’a pas d’influence sur la mesure dans laquelle je travaille à domicile.

Il ressort que des 35,9 % de travailleurs à domicile au deuxième trimestre 2020, quelque 40 % le font pour la première fois en raison de la crise du Covid-19. Cette augmentation est donc plus ou moins conforme à l’évolution mentionnée ci-dessus du pourcentage de travailleurs à domicile entre le deuxième trimestre de 2019 et le même trimestre de 2020. Pour le plus grand groupe de travailleurs à domicile au deuxième trimestre 2020, soit 44,2 %, le travail à domicile n’était pas nouveau en soi, mais la crise du Covid-19 a entraîné une nette hausse du travail à domicile. Une petite minorité, 14,7 % de la population des travailleurs à domicile, a indiqué que la crise du Covid-19 n’avait pas changé la fréquence du travail à domicile.

Travail à domicile par rapport à la situation avant la crise du coronavirus

Si l’on observe globalement une forte évolution du pourcentage de la population active qui travaille parfois ou habituellement à domicile, on constate de grandes différences selon le type de profession et le secteur de ces travailleurs à domicile.

On constate ainsi que le pourcentage de travail à domicile chez les indépendants reste pratiquement stable. Il n’y a presque pas d’évolution entre le deuxième trimestre 2019 et celui de 2020. Le chiffre était déjà élevé, avec 60,3 % de personnes travaillant à domicile au deuxième trimestre 2019 et reste à peu près au même niveau au deuxième trimestre 2020. Cela signifie que la totalité de l’augmentation du pourcentage général de travail à domicile se situe chez les salariés. En effet, on constate qu’entre le deuxième trimestre 2019 et le deuxième trimestre 2020, ce chiffre a augmenté de pas moins de 63 %.
Près d’un tiers de l’ensemble des salariés (31,2 %) travaillaient à domicile au deuxième trimestre 2020, contre seulement 19,2 % un an auparavant.

Dans le groupe des salariés, on peut également établir une distinction entre ceux qui travaillent comme fonctionnaires dans le secteur public et ceux qui travaillent dans le secteur privé. Là aussi, nous constatons des différences remarquables, tant au niveau du travail à domicile qu’au niveau de l’évolution. La proportion de travailleurs à domicile parmi les fonctionnaires était déjà assez élevée, avec un peu plus d’un tiers de l’ensemble des fonctionnaires au deuxième trimestre de 2019. Un an plus tard, ce chiffre a augmenté de 54 % pour atteindre un peu plus de la moitié de l’ensemble des fonctionnaires. Pour les salariés, le chiffre qui était de 14,9 % au deuxième trimestre 2019 a augmenté de 60 % pour atteindre 23,9 %.

 

Source : Statbel – Résultats de l’enquête sur les forces de travail en Belgique
Note méthodologique: les chiffres rapportés sont des estimations réalisées sur la base d’une enquête par sondage. À l’exception des chiffres sur le travail à domicile, ils reposent sur un échantillon effectif de plus de 30.000 personnes (répondants) d’âge actif (15 ans et plus) au deuxième trimestre 2020. On dénombre environ 14.900 répondants en Flandre, 11.400 en Wallonie, et 4.000 à Bruxelles.

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