Discrimination: plusieurs facteurs connus continuent à éloigner les femmes du marché de l’emploi.

Dans le cadre de la Journée Internationale des droits des femmes, Actiris dresse le constat des facteurs pouvant éloigner les femmes du marché de l’emploi. Le premier constat qui doit être fait est le rôle prépondérant joué par les femmes pendant la crise du COVID. Les femmes sont majoritaires dans le secteur des soins de santé mais aussi dans la vente ou encore la garde d’enfants, des secteurs qui ont continué leurs activités au coeur de la crise.

Il est compliqué pour les femmes sur le marché de l’emploi de mener leurs vies professionnelles et privées de front. En effet, sur l’ensemble des personnes ayant pris un congé parental entre mars 2020 et décembre 2021 à Bruxelles, seuls 28,7% sont des hommes contre 71,3% de femmes, preuve que les mentalités doivent également évoluer dans la sphère privée.

Familles monoparentales

La mono-parentalité est un phénomène très prononcé à Bruxelles. Les familles monoparentales y représentent 1 famille sur 3, contre 1 sur 4 pour l’ensemble du pays. Dans 80% des cas, c’est la mère qui a la charge des enfants. Cette situation de parent solo peut s’avérer difficile à concilier avec une recherche d’emploi et une vie professionnelle.

En effet, cela s’observe notamment au niveau du taux d’emploi des femmes bruxelloises monoparentales d’origine belge qui s’élève à 71% contre 83% pour celles en couple (mariée ou non) avec enfant(s). Cette réalité vaut également pour les hommes : 78% pour les hommes monoparentaux d’origine belge contre 88% pour ceux avec partenaire et enfant(s). Les choses se compliquent encore lorsque ces femmes monoparentales avec enfant(s) sont d’origine étrangère. En effet, le taux d’emploi est de seulement 38% pour les femmes d’origine étrangère (hors Union Européenne) et augmente à 49% pour les femmes issues de l’UE.

De façon plus générale, que les femmes soient monoparentales ou non, celles d’origine étrangère sont deux fois moins nombreuses à avoir un travail. Fin 2020, seules 37,6% des femme d’origine non-UE avaient un emploi contre 71% des femmes d’origine belge, soit 2 fois moins.

Diplôme et âge

De plus, le diplôme ne protège pas les femmes d’origine étrangère de la précarité. D’après les chiffres de la Fondation Roi Baudouin, 31% des femmes actives et hautement qualifiées originaires d’un pays non-UE travaillent dans des conditions peu favorables et pour un salaire faible.

Concernant la différence d’employabilité entre hommes et femmes, à niveau de diplôme égal, les femmes trouvent moins facilement du travail que les hommes. Mais il y aussi du positif : une analyse des inscrits chez Actiris en 2018 montre que, toutes origines confondues, lorsqu’elles ont un niveau d’études élevé (bachelier, master, doctorat), les jeunes femmes (moins de 30 ans) trouvent plus vite un emploi que les hommes (taux de sortie vers l’emploi de 72,3 % pour les femmes contre 67,6% pour les hommes).

Indépendantes

Enfin, en 2020, les hommes sont près de 2,5 fois plus nombreux que les femmes à avoir une activité d’indépendant à titre principal à Bruxelles (62.624 hommes contre 23.236 femmes), toutes origines confondues.

Mais le nombre de femmes qui se lancent dans l’entreprenariat augmente sensiblement. En effet, le nombre de femmes indépendantes a augmenté de 34,9% en 10 ans (passant d’environ 17.229 en 2010 à 23.236 en 2020).

Etre indépendante est aussi une manière de s’émanciper et d’échapper à des discriminations vécues dans le monde du travail, comme l’explique Lusakalalu Miezi Bernadette : « J’ai été licenciée de mon métier d’infirmière pour des raisons discriminatoires. Me sentant lésée dans mes droits et pour combattre la discrimination sur les lieux de travail, j’ai porté plainte. Mais la justice tarde encore à tirer un verdict. C’est un moment très difficile pour moi d’autant plus que mon employeur avait toujours bien apprécié mon travail et m’avait même associée au processus d’amélioration du climat de travail dans les différentes équipes et ce en faveur d’une meilleure prise en charge des patients. J’ai alors décidé de réaliser mon projet de créer et développer ma propre entreprise qui proposera des services divers notamment dans les milieux des soins et dans les activités culturelles qui favorisent les rencontres interculturelles. En plus des encouragements des gens et des organisations qui connaissent mes capacités dans différents domaines où je suis active, j’ai profité des ateliers d’ILES asbl et du Service anti-discrimination d’ Actiris. Aujourd’hui je leur suis reconnaissante. Je me sens assez forte et résolue pour m’engager dans une nouvelle perspective comme entrepreneuse. »

Secteurs

Du point de vue des secteurs, certains sont considérés comme étant plutôt « masculins » et d’autres plutôt « féminins ». Par exemple, les femmes sont surreprésentées dans le secteur des soins ou du nettoyage mais très peu dans le secteur de la construction, de la logistique et du gardiennage.

Mais les choses évoluent dans le bon sens, on le constate au travers du taux de sortie vers l’emploi à la suite d’une formation. En 2017 et 2018, pour les sortants de formation, le taux de sortie vers l’emploi était plus favorable pour les hommes. Désormais, cette différence s’est considérablement réduite pour les taux observés sur les sortants de 2019 pour les mises à l’emploi de minimum un jour et elle a disparu lorsqu’on considère les emplois obtenus de minimum un mois. De manière tout aussi positive, il faut souligner des taux de sortie vers l’emploi élevés pour les femmes tant à l’issue de formations où elles sont traditionnellement plus nombreuses (secrétaires, comptabilité, éducation, etc.), qu’à la suite de formations les destinant à des secteurs dans lesquels elles sont ordinairement moins nombreuses (par exemple, dans les filières techniques, scientifiques et digitales tel que développeuse web ou développeuse d’applications mobiles).

 

Source: Actiris

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