C’est donc cela un monde confié à des dirigeants issus du monde de l’entreprise? Un clash entre des présidents dans un bureau ovale… Des licenciements de fonctionnaires via un email leur demandant ce qu’ils ont fait au cours des 5 derniers jours et en précisant que l’absence de réponse équivaut à une démission. Une tronçonneuse à la place du stylo pour dessiner les contours des dépenses publiques. WTF?
Ce sont des provocations permanentes, des guet-apens organisés, des pratiques brutales qui appartiennent à des gangsters. Et l’opinion accepte tout ceci parce qu’il est temps de confier les commandes à des leaders qui ‘savent’ comment gérer une organisation et un projet.
Réveillons-nous. Tout n’est pas permis. Cette politique du coup de force permanent et du cynisme économique n’est tout simplement pas acceptable.
Une représentation dégoûtante du leadership
Le spectacle affligeant auquel nous assistons pourrait nous laisser croire que la gestion quotidienne de l’entreprise est comme cela. Violente. Irrespectueuse. Sauvage. Idem en ce qui concerne les rapports humains qui s’y déroulent. Ce n’est pas le cas.
Nous assistons pour le moment à l’expression vulgaire de milliardaires cinglés qui veulent briser tous les équilibres. Et ces ‘icônes’ donnent le ton à leurs disciples qui multiplient à leur tour les invectives et humiliations, avec en guise de fil rouge la volonté de détruire son interlocuteur.
Nous ne pouvons pas nous habituer à ce genre de pratiques qui flirtent avec la démence. Il faut dire et redire que ces méthodes n’ont pas droit de cité ni dans nos entreprises, ni dans notre société.
Rappel nécessaire? De la nécessité d’un système de Valeurs fortes dans l’entreprise.
Et il n’y a pas que le volet relationnel qui est choquant. Apparemment, le monde va retrouver la paix et un équilibre précaire grâce à des accords d’exploitation sur des minerais et à des projets immobiliers au bord d’une plage essentiellement fréquentée par des missiles pour le moment.
En bref, les idéaux sont remplacés par des contrats. Ne dites plus solidarité et entraide. Dites désormais emprunt et garantie.
Qu’est-ce que cela veut dire ? La dimension des Valeurs – celles qui constituent justement les fondements de la morale – a disparu. Et lorsque celle-ci est absente, nous n’avons plus de référentiel commun, ni de cadre éthique à partager. Tout devient possible, à commencer par les dérives les plus improbables.
Réconcilier la morale et les intérêts.
Le pari du monde entrepreneurial consiste justement à mettre en symbiose la dimension morale et celle qui concerne les intérêts, qu’ils soient économiques et financiers, généraux ou particuliers…
L’évolution que nous pouvons observer aujourd’hui à l’échelon sociétal n’est clairement pas une prise de pouvoir des entrepreneurs sur la bonne marche du globe. Nous voyons des profils dangereux et désinhibés qui se sentent autorisés à faire régner la terreur. Et nous restons apathiques.
Comment en sommes-nous arrivés là? Difficile à comprendre alors que nous sommes en pleine tempête. Ceci étant, il est urgent de rappeler que l’entreprise privée ou publique n’existe pas sans un cadre moral. C’est ce qui lui permet de définir sa finalité, sa raison d’être dans notre société. Et de rappeler aussi que la société a besoin d’entreprises vertueuses, dont les pratiques peuvent inspirer les individus qui y travaillent. Rien à voir avec le cirque pénible au milieu duquel nous ne trouvons actuellement.
Jean-Paul Erhard