Editorial – Le pire pour un dirigeant qui passe beaucoup de temps seul, c’est de ne pas avoir d’imagination.

La solitude du dirigeant (et du manager par extension), c’est une complainte récurrente et… paradoxale. A quelque niveau qu’il soit dans l’organisation, le boss est toujours hyper entouré et tellement seul. A la fois sollicité en permanence et totalement isolé face à la prise de décision, face aux emmerdes qui volent en escadrille, face à la responsabilité… Le pire danger alors pour ce privilégié solitaire? La panne d’imagination. L’incapacité de trouver des voies nouvelles et des solutions inédites aux problèmes qui vont et qui (re)viennent…
Alors, pour celles et ceux d’entre nous qui se sentent en manque de créativité, quels sont les remèdes?

La citation exacte qui sert de titre à notre édito hebdomadaire émane de Paolo Sorrentino, italien et réalisateur (de films et de séries) de son état. Elle dit ceci : Le pire pour un homme qui passe beaucoup de temps seul, c’est de ne pas avoir d’imagination. Elle évoque de la dimension créative de son métier bien sûr. Elle fait également écho à la réalité souvent très dure du management. Celle qui nous met face au double défi de la solitude et de l’innovation à tout prix.

Besoin d’essayer d’autres approches

En ce qui concerne le management de nos équipes, nous devons constater qu’il y a des ressorts qui sont cassés. La motivation par la performance, par exemple, ne fonctionne plus. Difficile de mobiliser aujourd’hui sur une croissance à deux chiffres et sur la conquête de nouveaux territoires. Nous entendons les commentaires au sein de nos équipes… A quoi bon? Pour quelles raisons devrions-nous essayer d’atteindre ce niveau supérieur puisque nous n’en serons certainement pas les bénéficiaires?

Puis, il y a des ressorts qui sont fragiles, dont celui de l’aventure collective dans un contexte où l’individualité règne en maître. Nous l’avons déjà évoqué à de multiples reprises: nous pensons avec force que la clé de voûte du people management consiste actuellement à trouver de nouveaux points d’équilibre entre les besoins collectifs et les attentes individuelles. Un job complexe, voire compliqué.
Pour continuer à avancer, il faudra donc trouver de nouveaux moyens de susciter l’envie au sein du groupe. Il est temps d’ouvrir nos chakras pour manager nos équipes différemment.

Le temps de comprendre et d’échanger, avant l’étincelle.

Puisque c’est de ‘résolution de problèmes’ dont il s’agit, autant faire appel aux plus grands. Einstein lui-même nous rappelle que « nous ne pouvons pas résoudre nos problèmes avec la même pensée que nous avions quand nous les avons créés. » Et de nous inviter à privilégier le temps consacré à la compréhension de la problématique tout en veillant à interagir avec nos pairs confrontés aux mêmes difficultés de raisonnement. Voilà pour le bon sens.

La phase d’imagination vient seulement ensuite. Lorsque nos esprits ont été préparés à appréhender une situation claire d’une manière différente. Ceci suppose donc que nous prenions le temps (que nous n’avons pas) pour comprendre et que nous acceptions de nous référer à d’autres (dur, dur pour l’ego…) pour nous inspirer de leurs succès et de leurs erreurs. Il reste alors quelques minutes pour trouver l’idée nouvelle qui sommeillait en nous. Intégrons donc le principe suivant: l’imagination, c’est du travail, du travail et encore du travail pour que surgisse la fulgurance. Le mystère de la création passe sans doute lui aussi par des litres de sueur et de larmes.

Face au sentiment que nos réservoirs sont à sec ?

Malgré tout, il peut arriver à chacun d’entre nous de se sentir vide, sans ressource, sans idée… Quoi de pire pour un dirigeant/manager? Cela veut dire qu’il est temps de passer la main? De confier le privilège de l’initiative à d’autres? De se tourner vers l’intelligence artificielle générative (oui, les geeks sont nos amis)?

Il est nécessaire alors de pouvoir se mettre en retrait. Les carrières non linéaires ne s’adressent pas seulement à nos collaborateurs. Elles s’appliquent à coup sûr également pour les dirigeants qui se frottent jour après jour aux paradoxes qui rythment la vie de nos organisations. Nous pensons que s’offrir la possibilité de faire un pas de côté peut être salvateur. En profiter pour absorber de nouvelles références et ainsi mettre à jour son propre logiciel. Et se résoudre dès lors à voir l’entreprise poursuivre son chemin sans y participer vraiment. Le retour est toujours possible.

Mieux vaut parfois s’absenter en effet. Car, dès que nous occupons une fonction managériale, nous n’avons sans doute plus le ‘droit’ de ne pas avoir d’avis, ni surtout de ne pas avoir d’idée. Faut-il dès lors se prononcer sur tout et n’importe quoi? Faut-il se lancer dans toutes les batailles?
Choisir ses combats et rester en capacité de décider quand et comment nous allons ouvrir tel ou tel chantier, voilà ce qui nous semble fondamental. C’est la condition sine qua non pour gérer notre capital énergétique, intellectuel et émotionnel. La condition suffisante et nécessaire en tout cas pour que notre imagination puisse nous emmener là où d’autres ne sont peut-être jamais allé…

Jean-Paul Erhard

Visuel : ©Cast Away – 20th Century Fox

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