Éditorial – Nos entreprises ont tellement besoin de celles et ceux qui ne veulent ni changer ni sauver le monde…

Dans nos entreprises, il y a beaucoup de collaborateurs qui n’attendent pas d’être inspirés, qui ne prétendent pas être engagés pour une cause sociétale qui nous dépasse, qui veulent tout simplement être rémunérés justement pour le travail qu’ils délivrent. La plupart de nos réflexions communes quant aux bonnes pratiques en matière de People Management ne les concernent pas. La quête de sens, c’est une question que se posent les nantis qui ont besoin de spiritualité dans leur vie quotidienne.
Ces travailleurs veulent une routine et du respect. Attention donc à ne pas négliger les collègues qui viennent travailler avec pour motivation essentielle le simple fait de nourrir leurs familles. Car leur rôle au sein de nos organisations est essentiel. Si vous vous demandez pourquoi, c’est ici et maintenant…

Si nous ne recrutons que des ‘stars’ pour composer nos équipes, alors nous sommes condamnés à gérer des galaxies et non des entreprises qui contribuent au bon fonctionnement de nos sociétés. Les patrons rêvent toutes les nuits d’avoir autour d’eux une équipe qui serait une formule améliorée des Avengers. Les recruteurs passent leur temps à chercher des moutons à cinq pattes et se plaignent que le marché des talents est en pénurie. Et autour de tous ces animaux fantastiques, il y a des travailleurs qui ont les pieds sur terre et des préoccupations basiques qui peuvent nous échapper de temps en temps.

On fait quoi avec la majorité silencieuse?

Tous nos collaborateurs n’ont pas pour vocation d’être des moteurs de la transformation nécessaire de nos entreprises. Obtenir l’adhésion de toutes et de tous est un doux rêve. Inaccessible. Cela ne veut pas dire, comme nous l’entendons trop souvent, que ‘les gens n’aiment pas le changement’…
Cela veut dire qu’il s’agit de négocier et d’obtenir la confiance afin que cette majorité, la plupart du temps silencieuse, soit disponible lorsque nous avons besoin de sa participation pour modifier nos méthodes et nos outils de travail. Cela fonctionne toujours à condition de prendre le soin de montrer la valeur ajoutée du changement dans la réalité quotidienne de chacun.e.

Plus difficile peut-être à concevoir, il est sain de demander à cette majorité de travailleurs considérée comme ‘passive’ de partager un regard critique sur nos initiatives. Et il faut pouvoir l’entendre. Certains changements peuvent être contre-productifs et se voient malgré tout mis en œuvre, faute de réaction du collectif. Intégrons dans nos hypothèses que toutes nos intuitions ne sont pas forcément géniales. C’est ce qui s’appelle apprendre à penser contre soi-même…

Garantir le fonctionnement quotidien et une forme de stabilité, une fonction indispensable

Le très ‘vilain’ mot que nous avons utilisé en introduction de cet édito ne vous a pas échappé : la routine. Peu populaire, le terme nous renvoie souvent à la répétition et à l’ennui. Or, il y a une grande valeur dans le travail, souvent ingrat, réalisé par les collègues qui suivent la procédure et qui adorent cela d’ailleurs!

Pendant que nous imaginons le futur et cherchons des moyens de nous réinventer, qui fait tourner la boutique? Qui sont celles et ceux qui nous permettent d’investir dans la recherche et l’innovation ? Qui nous permet de tenir nos promesses vis-à-vis de nos clients, partenaires, usagers, patients, affiliés… ? Ce sont en effet des collaborateurs nombreux et souvent anonymes qui incarnent au quotidien les produits et services que nous proposons au marché. C’est pourquoi nous serions bien inspirés de prendre en compte la masse des travailleurs, souvent perçue comme résistante au changement et faiblement impliquée, dans nos plans de transformation. Sans elle, rien n’est possible.

Les travailleurs qui n’affichent pas d’ambition ont eux aussi des attentes et des frustrations à partager.

Comment prendre soin donc de cet ensemble de travailleurs qui ne semblent pas afficher de grandes attentes en terme de développement personnel et d’objectifs à atteindre? Une petite attention et un petit câlin de temps en temps et on se reconcentre rapidement sur nos défis palpitants? Ce serait un peu trop facile. Dès l’entame, nous rappelions le besoin de continuité et de respect qui va de pair avec une apparente tranquillité.
Souvent, nous commettons l’erreur grossière qui consiste à demander à nos collaborateurs un avis sur des sujets pour lesquels ils n’ont ni l’information de base ni les compétences pour se prononcer. Et dans le même temps, nous leur imposons des process et méthodes sur des sujets qu’ils/elles maîtrisent tellement mieux que nous !

Le regard, tantôt critique, tantôt admiratif, des collègues qui assurent le quotidien est important. Il mérite la même attention que celle que nous accordons à nos étoiles (filantes).

Une fois de plus, il semble que ce n’est que le bon sens qui s’exprime… La réalité de nos organisations est diverse. S’il n’y avait que des bêtes de compétition au sein de nos équipes, la mission RH pourrait se limiter à adapter les stimuli qui vont les faire démarrer au quart de tour pour aller chercher de la sur-performance. Elle consiste bien davantage à trouver l’harmonie et la synchronicité entre celles et ceux qui se nourrissent de la vitesse, d’autres en quête de sérénité et d’autre encore que nous devons accompagner afin qu’ils/elles puissent rejoindre le groupe. Une mission chaque jour renouvelée. Un rôle essentiel.

Jean-Paul Erhard

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