Exercer le leadership, c’est une quête… Un chemin solitaire et social. Un besoin intime de reconnaissance à satisfaire. Un trajet incertain aussi, parsemé de victoires glorieuses et d’échecs lamentables. Quelles sont les motivations appropriées aujourd’hui pour vouloir endosser le costume du leader et du dirigeant ? Parce que, franchement, il est bien nécessaire d’avoir de solides convictions – ainsi qu’une grande confiance en soi, souvent assimilée à de l’arrogance – pour se taper les reproches et complaintes de celles et ceux qui attendent. Voyons donc, dans l’air du temps, de quel mental les grands et petits leaders doivent-ils se doter pour augmenter leurs chances de réussite?
Il y a peut-être autant de modèles et de raisons que de leaders différents. Et un nombre infini de variables qui font que le leadership est un plaisir ou une punition. Pourtant, la volonté d’avoir un impact sur le cours des événements s’appuie sur un besoin profond plus ou moins exprimé.
Nous voyons trois formes d’ambition qui méritent que chacun.e intéressé par l’art de ‘diriger’ pourrait examiner. Pourquoi ? Pour comprendre ce qui nous meut et le partager sincèrement avec celles et ceux qui nous accordent leur confiance.
Le pouvoir, parce que le monde a besoin de figures incarnant l’autorité !
Pour certain.e.s, il est évident que leur force et/ou leur intelligence soient reconnues par le plus grand nombre. Le pouvoir doit appartenir selon elles/eux à une catégorie d’individus qui disposent de capacités supérieures. Car c’est bien de ‘pouvoir’ dont il s’agit, dans le sens où, chaque jour, des décisions doivent être prises.
Il y a d’ailleurs tout un pan de la société qui appelle au retour de l’autorité (et logiquement, ce ‘mouvement’ se retrouve dans nos organisations), qui manifeste le besoin d’identifier un pouvoir qui ne souffre pas la contestation. Mais il y a aussi – et heureusement – une autre frange de la population qui se nourrit de l’échange, du dialogue, de la dialectique… Cette conception du pouvoir gonflé aux hormones est vieille comme le monde. Mais celles et ceux qui croyaient qu’elle était définitivement obsolète en sont pour leurs frais aujourd’hui. Les leaders autocratiques ont retrouvé un terrain d’expression dans une société craintive et agressive à la fois.
‘Je ne suis pas un.e femme/homme de pouvoir mais j’ai envie d’être utile’
A l’opposé, nous avons les managers et dirigeants qui ont décidé de fonctionner à l’intérêt général et à l’impact positif qu’ils peuvent avoir sur la société, à quelque niveau que ce soit… Noble. Hyper-respectable. Et légèrement prétentieux aussi.
C’est le destin auto-proclamé en effet des leaders qui placent leurs interventions dans un cadre global, estimant par là que leur contribution devrait profiter au plus grand nombre. Souvent, c’est de fausse modestie dont il s’agit. Parfois, rarement, d’un réel engagement au service du plus grand nombre. Agir pour la collectivité demeure bien sûr une belle ambition, à condition de ne pas se mentir à soi-même et de reconnaître que la démarche répond aussi à un besoin intime, consistant à être reconnu sur une échelle de valeurs différente. Rien n’est vraiment ‘gratuit’.
Vis ma vie d’influenceur au service de sa communauté.
Il faut vivre avec son temps! Derrière le vocabulaire ‘trendy’ auquel appartient le terme d’influence, il y a une vérité plus solide. Les influenceurs nous montrent peut-être la voie d’un leadership adapté à notre époque. Ce ‘modèle’ est dominant aujourd’hui et permet d’œuvrer dans la durée, sans prendre trop de lumière. Il vise avant tout à constituer une communauté (libre et volontaire) avec laquelle nous entrons en mode conversationnel en continu. Ce qui implique aussi de pouvoir se taire quand on n’a rien à dire, y compris en prévoyant de ‘disparaître’ lorsque la communauté n’a plus ‘besoin’ de nous.
Une fois passé les connotations négatives qui accompagnent le terme ‘influenceur’ – qui sous-entend maladroitement une forme de manipulation -, nous pouvons réaliser que ce nouveau statut n’a pas émergé par hasard. Nos audiences – et par extension, nos collaborateurs – revendiquent à juste titre leur libre-arbitre. Elles restent dans le même temps en recherche constante d’inspiration.
Un leadership moderne, fondé sur l’influence et soutenu par une transparence maximale, peut répondre à cette double attente. Il partage ses réflexions et parfois même ses états d’âmes. Et respecte les décisions contraires. Sans hésiter à voguer vers d’autres horizons lorsqu’il n’est plus entendu… Toujours disponible et prêt à partir. Résolument en mouvement.
Jean-Paul ERHARD