Alors que l’Europe continue d’osciller autour de la zone dangereuse de la récession, il semble que les professionnels prennent de plus en plus le devant pour leur carrière – un phénomène appelé « career cushioning ». Cette approche stratégique consiste à prendre des mesures proactives pour se préparer à d’éventuels changements d’emploi ou à des évolutions du marché, afin de garantir un sentiment de stabilité et de sécurité dans sa carrière.
Un récent sondage réalisé par le spécialiste du recrutement international Robert Walters met en lumière les stratégies et les perspectives adoptées par les professionnels pour créer un » amortisseur de carrière » au cas où quelque chose tournerait mal dans leur emploi actuel. Özlem Simsek, managing director chez Robert Walters, nous fait part de son point de vue.
Préparer un « plan de carrière B »
Alors que 55 % des employés interrogés ont exprimé leur préférence à rester dans leur poste, les turbulences actuelles du marché économique affectent clairement le sentiment des travailleurs. Pas moins de 42 % des personnes interrogées ont déjà pris des mesures pour se préparer à chercher un autre emploi, une tactique « au cas où ».
Özlem Simsek : « Dans certains secteurs, les salariés sont parfaitement conscients des difficultés que rencontrent les organisations en raison des conditions économiques éprouvantes. Si les professionnels de ces secteurs sont inquiets, je leur conseille de se préparer à trouver un nouvel emploi le plus tôt possible. Il n’y a pas de mal à avoir un plan B. »
Quelle tactique adopter?
Lorsqu’on leur demande quel type de tactique les travailleurs adoptent pour protéger leur carrière, un professionnel sur trois admet qu’il surveille le marché de l’emploi. Grâce à cette approche, les travailleurs s’assurent de rester informés des opportunités potentielles et des changements sur le marché de l’emploi. En outre, 30% des répondants ont déjà mis de l’ordre dans leur CV, afin de pouvoir agir rapidement lorsqu’une opportunité se présentera.
36% des professionnels interrogés déclarent avoir intensifié leurs efforts de networking au cours des six derniers mois en raison des turbulences économiques. Le networking joue en effet un rôle crucial dans l’établissement de relations professionnelles, l’élargissement des contacts et l’accès potentiel à de nouvelles opportunités d’emploi. En outre, un professionnel sur cinq a fait appel à un recruteur pour l’aider à assurer l’avenir de sa carrière. Özlem : « Outre la réseautage avec des homologues et des chefs d’entreprise, il est également important d’être ouvert aux approches des recruteurs qui peuvent vous fournir des informations précieuses sur le marché de l’emploi dans votre région ou votre secteur d’activité. Il est donc conseillé de se mettre en relation avec des recruteurs sur Linkedin et de s’abonner à des alertes d’emploi. »
L’upskilling s’avère également être une tactique populaire pour prendre les devants pour sa carrière : près d’un professionnel sur quatre (24%) est en train de revoir son ensemble de compétences et de suivre des formations supplémentaires afin d’améliorer ses connaissances. Cela suggère que les professionnels reconnaissent l’importance d’améliorer leurs compétences pour rester compétitifs et adaptables sur le marché du travail.
Enfin, 8% des professionnels ont adopté une activité secondaire comme source de revenus alternative ou comme initiative entrepreneuriale.
Ce n’est pas toujours mieux ailleurs
Il est intéressant de noter que 20% des professionnels ont admis que leur exploration du marché de l’emploi et l’auto-évaluation de leurs compétences les ont amenés à découvrir que leur employeur actuel payait mieux que la moyenne du marché.
Özlem Simsek ajoute : « Prendre les devants pour sa carrière ne doit pas toujours être considéré comme un élément négatif par les employeurs. Dans de nombreux cas, il peut conduire les employés à se développer, à être plus déterminés à réussir ou à s’engager davantage dans des activités de networking, apportant ainsi une plus grande valeur ajoutée à l’entreprise. Il n’est pas garanti que ceux qui prennent les devants partiront. C’est un vieil adage, mais les employés qui recherchent des opportunités chez d’autres employeurs peuvent souvent se rendre compte que ce n’est pas toujours mieux ailleurs ».
Source : Robert Walters