L’intelligence artificielle (IA) est sans doute une des évolutions les plus importantes de notre temps. Ses conséquences se feront sentir dans tous les secteurs d’activités. Les gestionnaires de fonds, dont la société Schroders, invitent les investisseurs à privilégier les entreprises qui développent des solutions ‘maison’ en vue d’augmenter durablement leur profit sans nécessairement toucher aux effectifs.James Gautrey, gestionnaire de fonds et spécialiste du secteur mondial chez Schroders, tient à mettre en garde : « la plupart d’entre nous connaissent le terme, mais rares sont ceux à comprendre la technologie qui se cache derrière ou à saisir en quoi l’intelligence artificielle va nous impacter. L’impact de cette technologie sera perceptible dans tous les segments de la société et aucun secteur d’activité n’y échappera. Les investisseurs ne doivent surtout pas sous-estimer l’importance de l’intelligence artificielle. »
Il poursuit : « les plus prompts à adopter l’IA bénéficieront d’un avantage concurrentiel lié aux coûts plus bas, au marketing et aux connaissances. Les nouveaux-venus auront une occasion de s’implanter sur les marchés qui tardent à suivre le mouvement. Mais pour bâtir un avantage concurrentiel durable, l’entreprise a tout intéret à avoir une solution développée et implémentée en interne. Si toutes les solutions fondées sur l’IA proviennent exclusivement de fournisseurs externes comme IBM ou Google, la rapidité à adopter l’IA risque d’être le seul facteur discriminant. Un logiciel développé en interne ou adapté en profondeur est une solution plus durable. Des entreprises comme Boeing, Toyota et Manulife sont des exemples de ces entreprises non technologiques qui sont de plus en plus nombreuses à expérimenter des solutions IA «maison». »
La question de la responsabilité sociétale se pose rapidement. Qu’en sera-t-il de la théorie du remplacement des hommes par des robots? « L’intelligence artificielle ne fera pas disparaître la main-d’œuvre humaine, du moins pas à ce stade. Mais la technologie peut aider l’homme à dégager du temps qu’il peut ensuite consacrer à d’autres activités qui, combinées avec l’IA, permettront d’améliorer les perspectives commerciales et sociales. IBM par exemple ne voit pas sa machine IA ‘Watson’ comme le remplaçant de la main-d’œuvre humaine, mais plutôt comme son extension (intelligence augmentée), ce qui permettra aux travailleurs de consacrer plus de temps à d’autres activités. Les conséquences de l’IA ne seront pas génériques. Dans bien des cas, l’application de l’IA permettra aux entreprises d’augmenter leurs bénéfices et son impact social sera considérable. Mais il y aura aussi des cas où le recours à l’IA pourra avoir des conséquences pénibles pour les travailleurs. »
« Nous entrons dans une nouvelle ère où la différence d’expertise entre l’homme et l’ordinateur va commencer à s’estomper. L’impact de ce changement ne sera ni uniforme, ni dommageable par définition. L’économiste en chef de la Banque d’Angleterre, Andy Haldane, a prédit que ‘la troisième ère de la machine’ conduirait à la perte de 15 millions d’emplois en Grande-Bretagne (50% de l’emploi) et à un creusement des inégalités. »
James Gautrey pense que ce dernier point ne peut certainement pas être négligé. Mais le progrès technologique a aussi conduit à une amélioration générale du niveau de vie de la population. L’IA deviendra sans doute un des thèmes déterminants de notre temps et les investisseurs ne peuvent pas se permettre d’ignorer son impact sur les secteurs d’activités qu’ils évaluent et dans lesquels ils investissent.