Et oui, dès la semaine prochaine, nos enfants reprennent le chemin de l’école… Tous ne seront cependant pas dans ce cas puisque, comme c’est le cas lors de chaque rentrée, un grand nombre de jeunes sortent du circuit scolaire. Les récents changements de réglementation décidés par le gouvernement Michel Ier et entrant en vigueur au 1er septembre modifient les droits de certaines catégories de jeunes. Le syndicat chrétien met en évidence la situation potentiellement dramatique de celles-ci.
Comme la CSC l’indique donc : « à partir de ce 1er septembre 2015, la sortie des études signifiera pour 16000 jeunes francophones l’exclusion du droit à la protection sociale. En effet, le gouvernement Michel a décidé en octobre 2014 d’empêcher deux publics jeunes d’accéder aux allocations d’insertion : les jeunes sortant des études après 24 ans et les jeunes de moins de 21 ans sans diplôme. Le 1er septembre 2015 entrera en vigueur la mesure visant à exclure les jeunes en abandon scolaire du droit aux allocations d’insertion. En effet, le jeune entre 18 et 21 ans qui n’aura pas de diplôme du secondaire ou de formation en alternance ne pourra plus prétendre aux allocations. Le gouvernement argumente sa décision en mettant en avant que les jeunes qui ont un diplôme du secondaire ont un taux d’insertion à l’emploi supérieur aux jeunes sans diplôme. »
Les responsables nationaux des Jeunes CSC réagissent : « C’est une évidence, » constate Ludovic Voet. « C’est plus facile de trouver un emploi quand on a un diplôme à valoriser. Par exemple : le chômage des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur est de 12,5% en moyenne, celui des jeunes peu ou non qualifiés est de plus de 30%. Mais celui qui pense que l’on résout l’épineux problème de l’abandon scolaire précoce en excluant les jeunes du droit à la protection sociale se trompe. Les jeunes ne quittent pas l’école secondaire pour toucher 450 euros par mois dans 1 an à la condition qu’ils réussissent le stage d’insertion. Le taux d’abandon scolaire précoce de 14,5% en Wallonie et de 17,7% à Bruxelles pose plus question sur le système scolaire en lui-même et sa capacité à impliquer la jeunesse que sur les jeunes en décrochage à proprement parler. Si le gouvernement avait budgété l’économie prévue (120 millions sur 3 ans) dans la lutte contre le décrochage scolaire, il serait plus crédible. Il a donc juste cherché un argument facile pour faire des économies sur le dos des jeunes précarisés. Nous estimons à 8000 jeunes francophones le nombre de laissé-pour-compte à cause de cette mesure ».
Et de souligner encore : « Par ailleurs, une deuxième mesure (en vigueur depuis le 1er janvier 2015) va toucher de plein fouet des milliers de jeunes sortant de l’enseignement supérieur cet été. Chaque jeune devra avoir fini son stage d’insertion avant d’avoir 25 ans. Ce qui signifie qu’il doit être sorti des études avant la date de son 24ème anniversaire. Il s’agit de 8000 jeunes francophones également. L’âge moyen d’inscription des diplômés universitaires chez Actiris est de 24,7 ans par exemple (trop tard, donc, selon le nouveau régime, pour bénéficier encore des allocations d’insertion). En fait, si l’on prétend décrocher un diplôme de master, tout échec (en primaire, secondaire ou supérieur) nous renvoie directement dans notre 24ème année pour la fin des études, sauf si l’on est né après le 8 août, date du début du stage d’insertion. C’est de la pure folie, estime Ludovic Voet. Si vous voulez que vos enfants aient une seule possibilité d’échec dans tout leur cursus scolaire et gardent des droits sociaux, il faudra qu’ils naissent entre le 15 septembre (8 août pour ceux qui réussissent en 1ère session) et le 31 décembre. Je n’ai jamais vu une telle discrimination dans la politique de sécurité sociale » s’insurge-t-il.
« Quand on sait que plus de 50% des jeunes ont un an ou plus de retard au sortir du secondaire et quand on voit le taux catastrophique de réussite en 1ère année du supérieur, on comprend que cette mesure aura un effet décourageant pour la poursuite des études. C’est d’ailleurs tout à fait schizophrénique avec la mesure précédente qui prétend qu’avoir un diplôme est un atout pour l’emploi. Quel message le gouvernement envoie-t-il aux jeunes qui vont entrer sur les campus cette année à l’âge de 19 ans ? Ou à ceux qui rateront leur 1ère année ? La responsabilité du choix est laissée au jeune : pas de diplôme ou pas de protection sociale en cas de difficulté ! Dans le contexte actuel de difficultés pour un jeune de trouver un emploi stable après ses études, les allocations d’insertion sont un filet de protection sociale à protéger. »